Sciences

L'ordre naturel

05/12/2011 | par Yonason Goldson

La Torah nous apporte une leçon dans l'appréciation de l'équilibre délicat de la nature

"La prudence est donc un atout précieux dans la pêche, surtout si vous êtes le poisson." 
 
L'auteur de ce truisme intelligent, dont l'identité a été perdue pour la postérité, n’a probablement aucune idée d’à quel point il avait raison. Un manque de prudence, semble-t-il maintenant, a mis en danger une industrie de 7 milliards de dollars. 
 
Après qu'une carpe asiatique isolée ait été localisée en Juin dernier, tout le monde, de la National Wildlife Federation en passant par l'armée américaine, est proche de la panique. Ces carpes géantes, importées à l'origine pour contrôler la propagation des algues dans les piscicultures de l’Arkansas, se sont échappées dans le Mississippi pendant la grande inondation de 1993, et n'ont cessé depuis de faire leur chemin vers le Nord. 
 
La dernière ligne de défense est un canal artificiel construit il y a un siècle pour relier le Mississippi aux Grands Lacs. En faisant passer un courant électrique à travers cette étroite voie d'eau, les responsables ont cru qu'ils pourraient bloquer la progression des poissons envahissants. A présent, ils n’en sont plus si sûrs. 

La carpe asiatique peut atteindre plus de cent livres et un mètre vingt de longueur

Capable d’avaler 40 pour cent de leur poids corporel chaque jour et dépourvue de tout prédateur naturel, la carpe asiatique peut atteindre plus de cent livres et un mètre vingt de longueur, exterminer les poissons plus petits, et ce faisant menacer la survie de l'industrie de la pêche. Certains prétendent que la seule solution restante est de fermer les écluses du port de Chicago, ce qui entrainerait la fermeture du trafic commercial. La décision d'un juge est attendue.

Un équilibre délicat 
 
Qui aurait pensé qu'un poisson pouvait provoquer un tel tumulte? 
 
Les sages de la Torah, bien entendu. 

Chaque mer a son propre caratère

Dans le récit de la Création, la Torah nous rapporte que «Dieu appela la terre ferme : Terre, et les eaux rassemblées Il a appelé : Mers" (Genèse 1:10). Les Sages se demandent pourquoi les eaux de notre planète, qui sont contigües et pourrait donc être considérée comme un seul océan, sont désignées au pluriel. Ils répondent que la Torah veut nous enseigner que "le goût du poisson dans les eaux de Sidon (Asie occidentale) n'est pas semblable au goût du poisson dans les eaux de l'Espagne." En d'autres termes, chaque mer - et par conséquent, les poissons qui en sortent - a son propre caractère.

La Torah nous apporte une leçon dans l'appréciation de l'équilibre délicat de la nature

La subtilité de l'hébreu biblique suggère un sens plus profond. Le mot utilisé pour dire "le goût" - Ta'am - signifie aussi "raison", ou ces facultés de discernement intellectuel par lesquelles nous sommes en mesure de reconnaître et de respecter les limites de la nature (et de façon plus abstraite, les frontières entre le bien et le mal , le «jugement»). En conséquence, nous pouvons comprendre que la Torah nous apporte une leçon dans l'appréciation de l'équilibre délicat de la nature, ainsi qu’un avertissement contre la violation des limites dont le but est de protéger l'ordre naturel du monde. 
 
La carpe asiatique n’est que l'exemple le plus récent d'espèces relocalisées dont on a perdu le contrôle. Le lapin européen, introduit en Australie en 1859, a atteint une population de plus de 200 millions de têtes, ce qui a requis la construction d'une barrière anti-lapins de 3000 km de long pour empêcher la destruction massive de terres agricoles. En 1956, les abeilles africaines amenées par des scientifiques brésiliens pour la production de miel se sont échappées de leur quarantaine et ont donné lieu à l’apparition de l’effrayante «abeille tueuse». 
 
En 1884, un agriculteur venu visiter l’Exposition Cotonnière en Louisiane a ramené avec lui un peu de jacinthes aquatiques du Vénézuela pour décorer la fontaine de son domicile en Floride. Aujourd'hui, ces jolies fleurs couleur violette ont asphyxié126 000 hectares de plans d'eau. Le Kudzu, une vigne japonaise importée en 1876 pour empêcher l'érosion, se propage actuellement à travers le sud des États-Unis à un rythme de 150 000 hectares par an. 
 
La liste s'allonge encore et encore. Dans les seuls Etats-Unis, les coûts de confinement des espèces envahissantes sont estimés à 138 milliards de dollars par an.
 
Mélanges prohibés 
 
Par définition, la loi des conséquences inattendues est un principe qui ne peut être apprécié qu'après coup.

La violation des limites de la nature doit être abordée avec crainte et circonspection

Nous ne pouvons pas anticiper tous les résultats de chaque action, surtout quand nous prétendons vouloir imposer notre vision d'un monde meilleur à l'ordre naturel que nous avons hérité du Créateur. Parfois les expériences humaines sur la Nature produisent des résultats intéressants, comme la mandarine ou le mulet. Parfois, la science trouve des solutions qui apportent un bien-être incommensurable, comme le développement de traitements pour les maladies et les procédures telles que la fécondation in vitro. Mais l'expérience a prouvé à maintes reprises que la violation des limites de la nature doit être abordée avec crainte et circonspection. 
 
Cela explique pourquoi la Loi de la Torah loi mentionne de nombreux types de mélanges interdits. Les lois de la Sha’atnez, qui interdit la combinaison de laine et de lin dans un même vêtement, et l'interdiction de tout mélange de lait et de viande, proviennent tous deux de la nécessité de respecter les frontières entre les règnes animal et végétal, qui symbolisent respectivement les inclinations passives ou actives qui luttent l'une contre l'autre dans le cœur des hommes. C’est peut-être avec cette idée à l'esprit que le roi Salomon a observé: «Il est ... un temps pour se taire, et un temps pour parler» (Ecclésiaste 3:7). 

La Nature elle-même nous oblige à faire le bilan des dégâts que nous avons causés à notre monde

De même, la Torah interdit l'attelage d’un bœuf et un d’âne ensemble pour tirer une charrue, et interdit la plantation de différentes variétés d'arbres fruitiers dans un même verger. Certains kabbalistes sont allés jusqu’à interdire d’entrelacer les doigts de la main gauche (symbolisant l'attribut divin de la justice) avec les doigts de la main droite (qui symbolise la miséricorde divine). Chacun de ces exemples est un enseignement unique pour l'acquisition du respect de l'intégrité des lois de la nature et de ses limites. 
 
La Nature elle-même nous oblige à faire le bilan des dégâts que nous avons causés à notre monde par notre méconnaissance négligente des limites de la création. En même temps, elle nous oblige à considérer que les limites morales et spirituelles qui régissent une société civilisée ne sont pas plus variables ou inconstantes que les lois qui définissent l'univers physique. Si nous prenons ces avertissements à cœur, nous pouvons nous attendre à un avenir mieux ordonné et défini, plus stable et plus sûr.  

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