Société

L'ultime punition de Jonathan Pollard

25/11/2015 | par rabbin Benjamin Blech

Après 30 ans de détention, l’espion israélo-américain a enfin recouvré sa liberté. Ou presque. Les autorités américaines lui ont interdit de se rendre en Israël pendant au moins 5 ans. Une mesure hautement hypocrite.

Après trente longues années de détention, une peine d’une sévérité sans précédente pour le crime d’avoir espionné pour le compte d’un pays allié de l’Amérique, Jonathan Pollard a enfin recouvré sa liberté.

Ou presque.

L’incarcération de Pollard dans une prison de très haute sécurité, où il a été détenu en isolement pendant de longues périodes, a touché à sa fin. Même ceux qui se disent scandalisés par ses agissements doivent certainement trouver assez de compassion dans leurs cœurs pour se réjouir de sa mise en liberté longuement attendue, étant donné qu’il a largement payé ses délits, perpétrés de nombreuses années auparavant. Aujourd’hui, Pollard est un homme fragile et maladif qui, bien loin de poser une menace à la sécurité américaine, se soucie uniquement de mener le restant de sa vie avec un brin de réconfort et de tranquillité.

Mais la peine de Pollard n’est pas terminée. D’après les modalités de sa mise en liberté, il se verra privé de son souhait le plus cher, ce fameux espoir pour lequel il a tant prié alors qu’il purgeait sa peine. Jonathan Pollard voudrait finir ses jours sur la terre d’Israël aux côtés de son épouse. Mais le gouvernement américain en a décidé autrement : il lui a imposé de demeurer aux États-Unis au cours des cinq années à venir.

Quelle est la logique qui sous-tend ce verdict cruel ? Pourquoi cet acharnement contre Pollard si sa mise en liberté indique clairement qu’il a payé sa dette envers son pays, son gouvernement et la société ? La réponse à cette question, nous venons de l’apprendre de la part de Joseph E. DiGenova, l’ancien procureur américain qui l’avait poursuivi en justice : « Si Mr Pollard avait le droit se rendre en Israël, où sa cause est devenue célèbre, on assisterait à des défilés et célébrations en son honneur, ce qui remuerait le couteau dans la plaie des États-Unis. »

Les États-Unis craignaient de libérer Pollard plus tôt et craignent toujours de le laisser s’installer en Israël de peur que certaines personnes n’expriment publiquement leur approbation pour ses agissements passés. Or le gouvernement américain veut à tout prix empêcher les criminels d’être érigés en héros.

Et pourtant, avec une hypocrisie révoltante, c’est une politique que l’Amérique a choisie pour elle-même mais n’a pas jugé nécessaire d’appliquer quand il s’agissait d’Israël. Pendant des années, les États-Unis ont fait pression sur le gouvernement israélien afin que celui-ci libère les terroristes palestiniens, dans « un geste de bonne volonté », une indication qu’Israël « souhaite sincèrement la paix », ou une preuve de « compassion ». Il ne s’agissait pas simplement d’individus ayant espionné pour le compte d’un pays allié. Il s’agissait de meurtriers de civils innocents – hommes, femmes, enfants et nourrissons. Il s’agissait de terroristes coupables des actes les plus cruels et barbares que l’on puisse imaginer. Sous la pression de la Maison Blanche, Israël s’est trop souvent incliné. Et ces meurtriers sont devenus des héros nationaux palestiniens. Une fois remis en liberté, ces assassins ont été élevés au rang de modèles, cela afin qu’une nouvelle génération arabe soit possédée par la haine et soumise à un lavage de cerveau en vue de produire d’autres martyrs.

La glorification des terroristes en vigueur dans la société palestinienne constitue l’un des moyens les plus efficaces de promouvoir le terrorisme. C’est ainsi que l’Autorité palestinienne séduit les futurs terroristes en leur donnant une occasion d’accéder à la gloire et l’honneur. Pour les Palestiniens, le terrorisme et le meurtre sont un laissez-passer vers la célébrité et l’adoration nationales.

Ces idoles nationales sont des meurtriers brutaux et sadiques de la pire espèce. Ceux qui ont fait le plus de victimes ont droit aux plus grands des honneurs. Ainsi, un tournoi de football pour adolescents porte le nom d’Abd Al-Baset Udeh, lequel a tué 30 personnes lors du massacre du Séder de Pessa’h à Netanya. Et l’homme ayant reçu l’honneur de décerner les trophées n’est autre que le frère de ce terroriste. Dans le même esprit, plusieurs camps d’été, écoles, cérémonies de fins d’études et événements sportifs ont repris le nom de Dalal Mughrabi, la terroriste responsable de l’attaque la plus mortelle d’Israël qui a eu lieu en 1978, dans laquelle elle et d’autres terroristes ont tué 37 civils, dont 12 enfants.

Vu l’antipathie des États-Unis pour la glorification des criminels remarquée au sujet de Pollard, on pourrait imaginer que cette pratique continuellement observée chez les Palestiniens donnerait lieu à de sévères dénonciations américaines, notamment lorsque cette apologie du terrorisme provient du camp supposément modéré du Premier ministre Abbas. Et pourtant, pas la moindre protestation ne s’est fait entendre au lendemain de la vague d’attaques au couteau et assassinats d’Israéliens, lorsque les auteurs de ces crimes ont été érigés en saints, et leurs portraits sont à l’affiche sur des posters de « martyrs ».

Le 3 octobre 2015, le terroriste palestinien Muhannad Halabi, 19 ans, a attaqué Aharon Benitah, 21 ans, et sa famille dans la Vieille ville de Jérusalem, qui revenaient d’une prière au Mur occidental. Halabi a tué Aharon puis Nehemia Lavi, un habitant du quartier venu au secours de la famille, et blessé la femme d’Aharon et son fils de 2 ans. Les Palestiniens ont honoré le « Shahid (martyr) Muhannad Halabi» (martyr) en nommant un tournoi de football après lui.

De même, le ministre de l’Éducation de l’AP plante actuellement des oliviers en l’honneur des « martyrs » qui ont tué ou blessé des Israéliens dans tout le pays.

« Cet événement est destiné à illustrer le dévouement du ministre et de son équipe à honorer les martyrs, parmi lesquels figurent des écoliers, et à renforcer le sentiment d’appartenance à cette terre… afin de souligner la présence permanente des martyrs et pour honorer leurs sacrifices » pouvait-on lire sur PNN, une agence de presse palestinienne indépendante.

Et la liste n’en finit pas.

Si la peur d’entraîner la glorification de criminels était assez forte pour retarder la libération de Pollard pendant de nombreuses années et l’empêcher de se rendre en Israël pour éviter un éventuel défilé en son honneur – une crainte qui est loin d’être une certitude – pourquoi ne pas l’appliquer au monde arabe qui ne cesse d’ériger en héros ses terroristes ? Pouvons-nous maintenir l’illusion absurde que ceux qui idolâtrent les terroristes souhaitent autre chose que la poursuite du terrorisme.

Et comment pouvons-nous, membres du monde civilisé, ne pas exiger que les Palestiniens – s’ils souhaitent vraiment la paix – cessent enfin d’ériger en parangons de sainteté des individus qui ne connaissent que les voies de l’extrémisme fanatique et la violence ?

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