Développement Personnel

Mon break avec Facebook

03/06/2013 | par Aish.fr

Je m'étais laissée prendre au piège des "J'aime". Jusqu'au jour où j'en ai eu assez d'être victime de ma propre vie.

Le silence qui règne dans ma maison est à la fois apaisant et déconcertant. Non pas que celle-ci fut particulièrement bruyante avant ce jour fatidique où j’ai désactivé mon compte Facebook, cela fait un mois. C’est plutôt ce bavardage mental omniprésent qui a disparu ; ce flux incessant de commentaires, de réactions, de contre-réactions (ni forcément amicales, ni particulièrement indulgentes) qui ne sont désormais plus qu’un lointain souvenir.

Tout s’est passé très vite. Je m'étais vexée de quelque chose que quelqu'un avait dit (ou n'avait pas dit), abrutie que j’étais par mes séances nocturnes de Facebook-mania, et encore davantage par les insomnies dues au ressassement de toutes ces vétilles. Dès le lendemain matin, j’avais envoyé un texto à une amie pour lui conter les chapitres de ma misérable existence, ce à quoi elle avait répondu du tac au tac : « Et bien tu n’as qu’à désactiver ton compte Facebook ».

Désactiver mon compte Facebook ? J’ai du mal à entendre.

Après quelques instants de stupeur passés à contempler l'écran, j'ai réalisé que cette idée me trottait dans la tête depuis déjà un bon moment. Je commençais lentement à percevoir la vacuité de voir défiler sous mes yeux la vie privée de tout le monde. J’en venais à juger la mienne en la comparant à celles des autres, ce qui me paralysait mentalement et émotionnellement. Qui compte le plus de « J’aime » ? Qui reçoit le plus de messages sur son mur, de réponses à ses commentaires, de réactions à ses discussions ouvertes? Pourquoi les gens mettent-ils autant de temps à me répondre, quand ils réagissent aussi rapidement pour d'autres? Pourquoi mon nombre d'amis a-t-il diminué ?

Pourquoi mon nombre d'amis diminue t-il? Pourquoi les gens mettent-ils autant de temps à me répondre, quand ils réagissent aussi rapidement pour d’autres?

Je souffrais officiellement du syndrome « qu’est-ce-qu’on-pense-de-moi ? » Et c’était loin d’être le seul problème. Il y avait aussi ce sentiment de devoir ramer pour ne pas couler, et qui ne m’évitait en rien de boire la tasse: comment gérer un si grand nombre d’interactions, les mises à jour de statut, les anniversaires, les événements... Est-ce que je portais assez d'attention à X? Combien d'anniversaires avais-je bien pu rater? Avais-je oublié de répondre à un message de Y? Avais-je offensé Z en omettant de le/la mentionner dans un commentaire sur mon mur? Ou par une réponse sarcastique à sa blague? Tout cela, à l’aveuglette, sans expressions faciales ou inflexions vocales pour m’aider à mesurer la réponse de l'autre, quelque chose qui s’apparente beaucoup, à ce qu’un collègue de travail a surnommé le "néant des émotions humaines".

Il ne fallait pas s’étonner alors de me voir rester réveillée jusque tard dans la nuit, tout en sachant pertinemment que je devais être en pleine forme pour aller travailler le lendemain. Ce manque de sommeil avait des conséquences fâcheuses sur mon humeur. Je devenais irrascible et impatiente. Je rabrouais sans cesse les gens, et me montrais désagréable, même avec ceux qui pourtant m’étaient le plus chers. Les malentendus et les disputes se multipliaient, De profonds ressentiments généraient un malaise qui empoisonnait l’atmosphère autour de moi.

Je m’aperçus d’une chose en repensant aux nuits blanches passées à errer dans les rues désertes de Facebook: mon ego lui, s’en était donné à cœur joie. Exigeant, étriqué, mesquin, il doit toujours avoir raison, souhaite désespérément être aimé, sollicite sans cesse l’approbation des autres, et désire toujours paraître au mieux de sa forme. Il n'est jamais satisfait, un puits sans fond de recherche d’approbation, dépendant de l’opinion des gens pour se sentir bien et être heureux ; n’étant lui-même finalement qu’une pauvre victime des circonstances extérieures.

En revanche, la voix de l'âme elle, est tranquille, calme, modeste, ouverte, expansive et soucieuse de voir toutes les facettes d’une histoire. Elle veut laisser sa marque, faire une différence et se montrer bonne pour elle-même tout simplement. Elle n'exige pas que d'autres se comportent comme ceci ou réagissent comme cela, et surtout, elle n'a nul besoin de conditions particulières pour être heureuse. Elle est satisfaite de ce qu’elle a, reconnaissante quelles que soient les circonstances extérieures. Si elle éprouve le désir de changer les choses pour le mieux, elle le fait, consciente qu’elle est une co-créatrice de sa propre vie, partenaire avec Dieu.

De temps en temps, une petite voix vient me rappeler une des leçons essentielles que j'ai apprise: Ce que je cherchais n’était pas de me faire aimer mais plutôt de me distinguer. Le pouvoir du « J’aime » m’a clairement prise au piège, et j’en suis très gênée. Je suis devenu une victime au lieu d’être une co-créatrice de ma vie.

Dans les réseaux sociaux, vous avez le choix : vous pouvez vous conduire d’après le message de l’âme, et dans cette perspective utiliser les merveilleux avantages dont Facebook peut nous faire bénéficier. Grâce à Facebook, nous pouvons en effet partager amis, réunions, photos, anniversaires, vidéos rigolotes pour faire sourire les gens, messages et informations, diffusions d'événements. Ou vous pouvez laisser l’ego seul maître à bord et là, c’est l’horreur. Facebook a nourri trop longtemps mon ego qui m’a ainsi tendu tous les pièges possibles, chaque fois qu'il en a eu l’opportunité.

Qu'est-ce que je peux bien faire de mon temps depuis que je ne suis plus sur Facebook? Je médite. Je rattrape le temps perdu, j’étudie, je lis. Je profite de mes neveux et nièces, j’ai de longues conversations avec eux en mangeant des pizzas, en évitant de recevoir leurs Légos sur la tête, en jouant à cache-cache au lieu d'avoir le nez collé sur un écran d'ordinateur ou un Blackberry. J’ai redécouvert récemment le plaisir de diner entre amis (je m’en suis même fait des nouveaux) ou avec ma famille, ou parfois celui de rester seul avec mes pensées ou un bon livre. Vivre une vie réelle plutôt qu’une vie virtuelle. Je suis aussi beaucoup plus performante.

Je me sens comme déconnectée de mes 868 contacts.

Deux semaines seulement se sont écoulées depuis le début de ce break et franchement je me sens comme déconnectée de mes 868 contacts. Mais j’apprécie pleinement par contre les interactions en face-à-face et les sensations plus raffinées des conversations authentiques.

J’imaginais bien que je n'étais pas la seule à vivre ainsi ce phénomène quasi-obsessionnel des réseaux sociaux (j’ose même le qualifier de dépendance), mais j’en eus la preuve en lisant un article sur la dépression provoquée par les médias sociaux chez les adolescents. Si Facebook pouvait affecter une professionnelle de 30 ans en pleine possession de ses moyens et responsable socialement, imaginez les ravages qu’il peut faire dans les rangs d’adolescents hyper-sensibles, souffrant d'insécurité. Ceux qui souffrent d’une faible popularité sont des victimes privilégiées.

Si je reviens un jour sur Facebook, je saurai faire preuve de modération, me montrer plus mesurée et savoir doser son utilisation. Je m’en servirai comme un outil et non comme une échappatoire. Car au final, cette expérience m’a fait découvrir qui j’étais réellement, m’a fait prendre conscience de mon vrai moi. Je suis désormais plus maîtresse de ma vie, et donc plus encline à tisser des liens sincères et véritables avec les personnes qui m’entourent. Ce qui est précisément la raison positive pour laquelle Facebook a été créé à l’origine.

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