Franc Parler

Moralité : mode d’emploi

Vayetsé (Genèse 28:10-32:3 )

Pour nous autres juifs, la moralité est véritablement une affaire de famille.

Dans la section de la Thora de cette semaine, Ya’akov se rend à ‘Haran où il rencontre des bergers. Ayant remarqué qu’ils sont tranquillement assis en train de bavarder, il les sermonne : si vous travaillez pour le compte de quelqu’un, vous êtes rémunérés pour prendre soin de son troupeau, non pour vous assoir et discuter. Et si vous êtes à votre compte, vous devriez être plus entreprenants. En tous cas, vous ne devriez pas être assis à ne rien faire. 

  Or, il se trouve que ces personnes attendaient d’être en nombre suffisant pour pouvoir déplacer la pierre qui recouvrait le puits et abreuver leurs moutons. Ya’akov, à lui seul, réussit à déplacer la pierre en question, ce qui leur permit de poursuivre leur activité. 

  Il parait pour le moins surprenant que Ya’akov se lance dans des critiques sur le comportement de personnes qui lui sont tout à fait étrangères. Cela ne le concerne assurément pas. Ces moutons comme ces bergers ne lui appartiennent pas et ils ne se trouvent même pas dans son pays. Comment se permet-il d’arriver et de leur dicter leur conduite ? 

  Nos Sages apprennent de là un principe typiquement juif.  

  Nous vivons dans un monde où le mot d’ordre est : vis ta vie et laisse les autres vivre la leur. La manière dont l’autre se conduit le regarde exclusivement. Du moment qu’il ne nous dérange pas, laissons-le tranquille. Il n’incombe à personne de dicter aux autres ce qu’ils ont à faire.  

  Ceci n’est pas vrai du point de vue juif. Le judaïsme dit au contraire : vis ta vie et aide les autres à vivre la leur de manière plus accomplie et plus heureuse. « Vivre et laisser les autres vivre » est caractéristique d’une indifférence à l’égard des autres : je laisse les gens détruire leur vie tant qu’ils ne me dérangent pas. Celui qui pense véritablement aux autres ne pourra « laisser les autres vivre » si ce « laisser vivre » est synonyme d’autodestruction ou d’un quelconque préjudice porté à sa personne. De même qu’aucun de nous n’accepterait de voir quelqu’un s’apprêtant à sauter du haut d’un immeuble sans tenter de le convaincre d’abandonner son projet, le judaïsme dit que nul ne saurait laisser autrui gaspiller sa vie sans essayer de le guider.  

  Loin de ne pas être de son ressort, au contraire, les hommes et le puits de ‘Haran concernaient précisément Ya’akov. Inculquer des valeurs et de l’éthique à la société était une affaire familiale qu’il avait héritée de son père Its’hak et de son grand-père Avraham. Sans devenir non plus une multinationale, cette « affaire » a pourtant contribué à changer la face du monde. (Les deux plus grandes religions sont probablement devenues ses « actionnaires » principaux). 

Pour nous autres juifs, la moralité est véritablement une affaire de famille. Il ne suffit pas d’être soi-même de moralité exemplaire.  Lorsque nous sommes témoins d’une quelconque immoralité, il nous incombe d’essayer de montrer le droit chemin, à l’instar de ce que fit Ya’akov il y a quatre millénaires avec les bergers à ‘Haran.

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