Éducation

Nommer son bébé

02/12/2012 | par Shraga Simmons

Le nom définit l’essence de la personne. Choisissez-le soigneusement.

La nomination d’un enfant juif est un moment spirituel des plus profonds. Nos Sages soutiennent que le fait de nommer un bébé est une manière d’affirmer son caractère, sa particularité et son chemin dans l’existence. Car au début de la vie, nous conférons un nom et à la fin de la vie, un « bon nom » (une bonne réputation) est la seule chose que nous emportons avec nous. (Voir Talmud Berakhot 7b ; Arizal, Chaar HaGuilgoulim 24b).

De plus, le Talmud nous enseigne que les parents reçoivent un soixantième de prophétie au moment de choisir un nom. Un ange se rend auprès des parents et souffle le nom juif que le nouveau bébé va porter.

Or ceci ne semble pas aider les parents à éviter de se tourmenter sur le choix d’un nom !

Alors, comment choisissons-nous un nom ? Et pourquoi le nom du père n’est-il pas traditionnellement attribué au fils – par exemple : Jacob Cohen junior ou Isaac Lévi III ? Un garçon peut-il être nommé d’après un parent féminin ? Le nom peut-il être annoncé avant la Brit mila ?

LES COUTUMES JUIVES

Nommer un bébé juif n’est pas seulement une déclaration de ce que nous espérons qu’il sera, mais aussi une attestation de son origine.

Les Juifs ashkénazes ont la coutume de nommer un enfant d’après un parent qui est décédé. C’est une manière de conserver le nom et la mémoire vivante, et sur le plan métaphysique, de créer un lien entre l’âme du bébé et le parent décédé. C’est un grand honneur pour le défunt, car son âme peut accéder à une élévation reposant sur les bonnes actions de son homonyme.  L’enfant, de son côté, peut être inspiré par les bonnes qualités du défunt – et établir un lien profond avec le passé. (Noam Elimélekh- Bamidbar).

Le nom forme un lien métaphysique entre l’âme du bébé et le parent défunt.

Qu’en est-il si vous souhaitez employer le nom d’un parent qui est décédé, mais qu’un autre parent en vie porte ce même nom ? Si le parent proche est étroitement lié au bébé – parent, grands-parents, ou frère et sœur – dans ce cas, vous n’utiliserez pas ce nom. Dans le cas contraire, c’est accepté.

Les Juifs sépharades nomment également des enfants d’après des membres de la famille encore en vie. Cette source provient du Talmud, qui consigne le nom d’un enfant nommé d’après Rabbi Natan, du vivant de ce dernier (Chabbat 134a).

Certains ont l’habitude de choisir un nom en s’appuyant sur la fête juive qui coïncide avec sa naissance. Par exemple, un nourrisson né à l’époque de Pourim sera nommé Esther ou Mordékhai. Une fille née à Chavouot sera appelée peut-être Ruth et un bébé né à Ticha BéAv, la journée juive marquée par le deuil, sera nommé Ména’hem ou Né’hama. 

Dans le même esprit, des noms sont souvent choisis dans la section de la Torah correspondant à la semaine de la naissance. De nombreux noms et événements sont mentionnés dans chaque section de la Torah, offrant un lien spirituel entre le bébé et une figure biblique particulière.

D’AUTRES LIGNES DIRECTRICES

En hébreu, un nom n’est pas purement une conglomération commode de lettres. Au contraire, le nom révèle la caractéristique essentielle de la personne. Le Midrach (Beréchit Rabba 17:4) relate que le premier homme, Adam, étudia l’essence de chaque créature et la nomma en conséquence. L’âne, par exemple, est caractérisé par le fait qu’il porte de lourdes charges matérielles. L’âne est appelé en hébreu ‘hamor – de la même racine que ‘homer, qui signifie matérialité. (Comparez ceci avec le français, où le terme « âne » ne révèle rien de l’essence de l’animal !)

La même idée s’applique aux noms de personnes. Par exemple, Léa nomma son quatrième fils Juda (en hébreu : Yéhouda). Il vient de la même racine que le terme « merci. » Les lettres peuvent également être réarrangées pour former le Saint Nom de D.ieu. Léa souhaitait en effet exprimer particulièrement « ses remerciements à D.ieu. » (Genèse 29:35)

Choisissez un nom qui aura un effet positif, car à chaque fois qu’il est employé, la personne se rappelle de son sens.

Il est important de choisir un nom qui ait un effet positif, car à chaque fois qu’il est employé, la personne se rappelle de son sens (Midrach Tan’houma – Haazinou 7). Celui qui porte le nom de Yéhouda se souvient constamment de l’immense gratitude que nous devons manifester envers D.ieu !

Esther, l’héroïne de l’histoire de Pourim, est un nom qui provient du terme « caché. » Esther était connue pour être une très belle femme (elle fut choisie pour être reine), mais quelle que fût son apparence extérieure, ses qualités cachées et intimes étaient encore plus belles.

Un autre exemple est le nom populaire « Ari », le terme hébraïque pour lion. Dans la littérature juive, le lion est le symbole d’un battant, quelqu’un qui cherche une occasion de faire une mitsva, et s’élance pour l’accomplir. (Voir le Code de la Loi Juive, O.C.1).

Bien entendu, il y a aussi de mauvais noms. Vous n’aurez pas envie de porter votre choix sur « Nimrod », qui signifie « révolte. » Et à l’époque biblique, le tyran Nimrod jeta Avraham dans une fournaise ardente, un geste de révolte contre D.ieu.

Si vous voulez nommer un homme d’après le nom d’une femme, vous devez tenter de conserver le maximum de lettres du nom que possible. Par exemple, Dina pourrait être interchangeable avec Dan et Brakha avec Baroukh.

UNE BARRIERE CONTRE L'ASSIMILATION

C’est une bonne idée de donner à l’enfant un nom hébraïque qui puisse être employé également en français, par exemple : Myriam, David, Sarah Noah et Rachel. Ainsi, non seulement votre enfant aura un nom hébraïque, mais en plus, il le portera ! Ce peut être une barrière précieuse contre l’assimilation ; le Midrach (Bamidbar Rabba 20:21) rapporte que le peuple juif fut sauvé d’Égypte en partie grâce au mérite d’avoir conservé leurs noms juifs. Enfant, j’avais un oncle qui m’appelait toujours par mon nom juif (« Shraga » signifie bougie), un rappel constant de maintenir mon identité juive.

 

Le peuple juif fut sauvé d’Égypte en partie grâce au mérite d’avoir conservé leurs noms juifs.

Il y a une hésitation sur l’emploi du nom d’une personne morte à un jeune âge, ou qui a souffert d’une mort anormale. La réticence provient de la crainte que ce malheur puisse, d’une manière spirituelle, passer chez le nouveau porteur du nom. Bien que « mourir jeune » soit relatif, Rav Moché Feinstein propose quelques lignes directrices :

Si la personne est décédée d’une mort naturelle et a laissé des enfants, ce n’est pas considéré comme une « mauvaise chance », ce qui écarterait l’emploi du nom. Le prophète Samuel et le Roi Chlomo moururent tous deux au « jeune » âge de 52 ans, or traditionnellement leurs noms ont toujours été usités chez les Juifs. Si toutefois, la personne est morte d’une mort anormale, dans ce cas Rav Feinstein suggère que ce nom soit modifié. C’est pour cette raison peut-être que lorsqu’on nomme quelqu’un d’après le prophète Isaïe – qui a été assassiné – de nombreux Juifs omettent la dernière lettre de son nom (en hébreu : Yéchaya au lieu de Yéchayahou). (Yam chel Chelomo – Guittin 4:30).

Rav Yaakov Kaminetsky considérait l’âge de 60 ans comme la démarcation entre jeune et âgé. Le Talmud (Moed katan 28 a) rapporte que Rabbi Yossef organisa une fête lorsqu’il atteignit l’âge de 60 ans, célébrant le début de la longévité.

Contrairement à la croyance populaire, il n’est pas interdit d’annoncer le nom d’un bébé avant sa Brit. Au sens métaphysique, toutefois, l’enfant ne « reçoit » réellement son nom qu’à la Brit. Ceci s’appuie sur le fait que D.ieu modifia le nom d’Abraham conjointement avec sa Brit – à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans (Genèse 17:15). De même, le garçon ne reçoit la pleine mesure de son âme qu’à la Brit, et on ne peut être réellement « nommé » qu’en atteignant ce moment. (Voir Zohar, Lekh Lékha 93a, Taamé Minhaguim 929).

CHAQUE ETOILE, UN NOM

Comme le Rav Baruch et Mi’hal Finkelstein l’écrivent dans leur livre: "Nine Wonderful Months - B'Sha'ah Tovah" (Feldheim Publishers):

Le Roi David a écrit dans les Psaumes (147:4) : « Il compte le nombre des étoiles ; Il donne un nom à chacune d’entre elles. » Depuis l’aube de l’humanité, les étoiles ont captivé l’imagination de l’homme. Elles détiennent les secrets de la création et de l’avenir. Elles sont une carte routière pour le navigateur, un défi pour l’astronome, et un symbole de quête pour l’explorateur.

Ces lumières brillantes dans la vaste obscurité semblent si petites, or nous savons qu’elles ne le sont pas. Leur nombre atteint l’infini, mais toutes ont une place particulière pour D.ieu et : « Il donne à chacune un nom. » Chacune a un but unique, et aucune d’entre elles n’est exactement identique à l’autre.

La Torah compare souvent le peuple juif aux étoiles (Genèse 15:5). Car de même que les étoiles éliminent l’obscurité de la nuit, de même le peuple juif éclaire l’obscurité du monde par la vérité de la Torah. Au même titre que les étoiles guident les voyageurs le long du chemin, le peuple juif indique une direction morale et éthique à l’humanité. À l’instar des étoiles qui détiennent les secrets de l’avenir, l’histoire du monde tourne autour du peuple juif, nous conduisant inexorablement vers la Rédemption finale.

De même que les étoiles de grande taille apparaissent minuscules, de même le peuple juif semble insignifiant par rapport à une population mondiale qui s’élève à des milliards. Or de manière sous-jacente, la force de contribution et le potentiel énorme du peuple juif sont connus.

Chaque Juif a sa fonction unique. Chaque Juif brille d’une lumière différente.

D.ieu confère un nom à chaque étoile, car elles Lui sont chères, et de la même manière Il prend part à la nomination de chaque Juif. Comme les étoiles, aucune âme juive n’est exactement pareille. Chaque Juif a son propre rôle à jouer et possède une mitsva particulière dans laquelle il excelle. Chaque Juif brille d’une lumière différente.

À l’époque de la Rédemption, l’amour de D.ieu pour Ses enfants sera totalement limpide. Comme nous le lisons chaque année dans la Haftara de Ticha BéAv : « Levez vos yeux au ciel et regardez Qui a créé ces choses [les étoiles], qui fait défiler leur armée dans l’ordre. Il les appelle toutes par leur nom ; car grâce à la grandeur de Sa puissance et à son autorité souveraine, aucune ne manque » (Isaïe 40:26).

Lors de la Rédemption finale, chaque Juif reviendra vers Jérusalem - « aucun ne manquera. » Chacun sera compté à nouveau, et à chacun D.ieu attribuera un nom.

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