Israël et Jérusalem

Nouvelle victime dans l’attentat du tramway

30/10/2014 | par Sara Yoheved Rigler

Karen a succombé à ses blessures après l’attentat du tramway qui a également coûté la vie à un bébé de trois mois.

Née dans une famille chrétienne en Équateur, Karen Mosquera avait 17 ans lorsque sa recherche généalogique a révélé que du côté maternelle, elle était la descendante de marranes [Juifs espagnols convertis au christianisme au 15ème siècle pendant l'Inquisition].

"Elle n'a jamais accepté les enseignements de l'Église" explique Yaël Barros, la meilleure amie brésilienne de Karen qui suivait le même programme d'études juives dans la vieille ville de Jérusalem. Tout bascule lorsqu’un terroriste fonce dans la foule à l’arrêt du tramway, tuant un bébé de trois mois et blessant gravement Karen, âgée de 22 ans.

"Quelqu'un d'autre serait mort lors de l'impact" témoigne sa cousine Sabrina, qui a vu ses horribles blessures aux soins intensifs de l'hôpital. "Mais Karen-Yemima était tellement déterminée ! Elle a combattu l'ange de la mort pendant quatre jours puis a succombé à ses blessures dimanche 26 Octobre. Elle a été enterrée sur le mont des Oliviers.

Elle a combattu l'ange de la mort pendant quatre jours.

"Karen Yemima sentait dans son cœur que les enseignements de l'Église n’étaient pas la vérité" poursuit son ami Yaël. « Elle m'a dit que quand elle a commencé à étudier la Torah et les mitsvot, tout a pris un sens pour elle. Elle était très heureuse d’étudier la Torah, comme elle ne l'avait jamais été dans sa vie. »

Devenir juive en Équateur est un processus ardu. Dans sa ville natale de Goayaquil il n'y a pas de tribunaux de conversion et les études juives sont limitées. C’est pourquoi Karen rêvait de venir en Israël.

Karen’s mother at the funeral.La mère de Karen aux obsèques de sa fille.

Très intelligente, elle reçoit, à l'âge de 18 ans, une bourse d'études à l'Université de Goayaquil. Même si elle a étudie la psychologie durant la journée, elle est reste la plupart de la nuit à étudier le judaïsme sur Internet. Grâce à un ami juif, elle se met en contact avec le rabbin Gavriel Geiber. Impressionné par l'intérêt ardent de Karen pour le judaïsme, le rabbin Geiber lui enseigne le judaïsme via internet. Karen commence à respecter les mitsvot, fait les bénédictions sur la nourriture, et s’habille dignement.

Sa mère et sa sœur cadette ont emboîté le pas. Comme de nombreux descendants de marranes, la mère de Karen Rosa Cecilia a toujours observé certaines coutumes qui s’avèrent êtres juives. Par exemple, quand quelqu'un de la famille décède, Rosa Cecilia cache les miroirs. Et suivant une coutume séfarade, quand elle coupe les ongles ou les cheveux, elle les brûle plutôt que de les jeter.

Parfois Rosa Cecilia se réveillait au milieu de la nuit et trouvait Karen en train d’étudier la Torah. Une fois, elle l'entendit prier Dieu : « Emmène-moi en Israël ! Voilà mon pays! Voilà où je vais me marier et avoir des enfants ! C’est là-bas que je vais mourir et être enterrée ".

Il y a un an et demi, Rosa Cecilia a rêvé deux fois que sa fille Karen partait en voyage en Israël. Enthousiaste, elle raconta son rêve à Karen et ajouta: « Je tiens à t’acheter des vêtements convenables que tu porteras en Israël. »

Ce fut l'impulsion que Karen attendait. Alors qu’elle était en troisième année à l’Université, elle répondit : « Maman, je vais à l'Université dès maintenant pour annuler mon inscription et partir en Israël. » Peu de temps après, elle se fixa à Jérusalem, où le rabbin Geiber avait prévu son séjour ainsi que son emploi du temps afin qu’elle puisse étudier dans la vieille ville. Yaël, sa meilleure amie, se souvient d’elle avec admiration : « Elle était si courageuse ! Elle a tout quitté, sa famille, ses amis et ses études pour venir seule ici".

Les cieux sont ouverts

Pendant un an, Karen étudie le judaïsme. Elle fait également des ménages, économisant de l'argent afin de pouvoir, un jour, recevoir sa famille, l’un de ses rêves le plus cher. Et effet, sa famille allait faire le voyage, mais dans des conditions dramatiques : le vol ne fut payé par les économies de Karen, mais par le ministère israélien des Affaires étrangères, qui finance le séjour des familles des victimes du terrorisme afin qu’elles puissent assister à leurs funérailles.

Il ya cinq mois, Karen s’est convertie et a choisi le prénom Yemima. Comme l'explique Yaël, « Quand une personne se transforme après s’être immergée dans le mikvé, les cieux sont ouverts. Karen-Jemima est revenu ce jour-là, exaltée : « Maintenant, vous pouvez me demander ce que vous voulez ! Les cieux sont ouverts ». Elle était si heureuse ! ».

Sur sa page Facebook, elle écrivit ce jour-là : « Merci, Hachem, pour le jour où je suis venue en Israël ! Je suis arrivée à réaliser l’un de mes rêves. Et je souhaite rester ici pour longtemps. J’espère voir ma famille me rejoindre dans cette nouvelle vie. Merci, Hachem, qui ne m'a jamais laissé seule, et qui me donne chaque jour des forces. "

« Karen-Yemima était un exemple pour toutes les autres jeunes filles », témoigne Yaël. Elle se souvient d'un jour où un groupe d'étudiantes se promenait ensemble à Jérusalem. Elles avaient tous acheté des jus de fruits, et comme elles couraient vers le bus, elles se pressèrent de prononcer leurs bénédictions sur le jus de fruits. Seule Karen-Yamima s’est arrêtée, a fermé les yeux, et a prononcé la bénédiction avec la concentration appropriée.

Lorsque Karen-Jemima et Yaël avaient un après-midi libre, elles se promenaient souvent en dehors des murs de la vieille ville. Assises, elles regarderaient ensemble la vue et l'ancien cimetière juif du Mont des Oliviers, où tant de Juifs justes sont enterrés. Un jour, Karen-Jemima déclara : « Yaël ! Je veux vivre, me marier et avoir mes enfants ici. Et je veux mourir ici. Je sais que cela est impossible, mais on peut rêver, non ? Mon rêve est d'être un jour enterrée sur le mont des Oliviers, parce que quand le Machia'h [le Messie] viendra, je serai la première à me relever et à pénétrer dans le Temple. Peux-tu imaginer ça ? »

Mercredi 22 Octobre, Karen-Yemima a fini son travail et était sur le chemin du retour vers un cours de Torah. Lorsqu’elle est descendue du tramway, Abdel-Rahman Shaloudi, 21 ans, qui avait été libéré de prison où il purgeait une peine pour terrorisme, a lancé sa voiture sur la foule. Il a blessé mortellement Karen-Jemima, a tué un bébé de 3 mois et en a blessé plusieurs autres.

Le terroriste a pris la vie de cette jeune fille si enthousiaste, et a détruit son rêve de se marier et d’avoir des enfants. Malheureusement, son désir de mourir en Erets Israël et d’être enterrée sur le mont des Oliviers est devenu réalité.

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