Société

Le Séder d'Obama

18/03/2013 | par rabbin Benjamin Blech

Un message de Pessah adressé au président américain.

Alors que les Juifs dans le monde entier s’affairent aux derniers préparatifs en vue de Pessah, le président Barack Obama boucle les derniers préparatifs de son « exode » imminent en Israël.

De toute évidence, on ne peut s’empêcher de remarquer la signification hautement symbolique de la première visite du président des États-Unis en terre sainte la veille de la Fête de la liberté célébrant la naissance du peuple juif. 

C’est à Pessah que notre relation privilégiée avec D.ieu a été initiée. À Pessah, D.ieu a délivré nos ancêtres de l’esclavage en Égypte. Et à Pessah, Il s’est engagé à se tenir toujours à nos côtés, tandis que nous cherchons à accomplir notre mission d’être « une lumière pour les nations. »

Obama effectuera une visite de 48 heures en tout. Chaque instant de son voyage est programmé à la minute près pour suivre un ordre préparé avec soin - et le terme hébraïque désignant l’« ordre » est bien entendu : « séder. »

L’ambassadeur d’Israël auprès des États-Unis, Michaël B. Oren, n’a pu se retenir de faire le rapprochement avec Pessah. « Tout ce qui se trouve sur la table du Seder, » a-t-il dit, « depuis l’os d’agneau jusqu’au céleri en passant par l’œuf est chargé de symbolisme. Il en est de même pour chaque étape de l’itinéraire du président. Pour le dire simplement, Obama va observer un Seder politique organisé à la hâte. »

Malheureusement, Obama n’aura pas le temps de prendre place à un véritable Seder de Pessah, ni de se laisser inspirer par une lecture de la Hagada. Mais je souhaiterais qu’un message recueilli dans ces pages ancestrales imprègne sa visite pour le guider dans sa politique envers l’État d’Israël.

Le buisson ardent : un symbole d’éternité

La Hagada est un ouvrage renfermant de nombreuses idées fort différentes. Les Juifs passent des heures à discuter de ses enseignements profonds. Or, un thème ressort comme un concept capital. Et si je pouvais m’entretenir un bref moment avec le leader du monde libre, je lui demanderais d’écouter ces propos puissants que nous lisons à voix haute vers le début du Seder :

         Il n’est pas le seul à s’être élevé contre nous, mais à chaque génération, ils se dressent contre nous pour nous anéantir, et le Saint béni soit-Il nous délivre toujours de leurs mains.

L’histoire juive est une longue histoire de miracles et d’épreuves apparemment insurmontables. Mais notre survie dépend de l’amour et de la protection divine.

Lors de la toute première rencontre entre D.ieu et Moïse, D.ieu a dévoilé l’avenir du peuple juif à travers une image visuelle frappante et inoubliable. Nous connaissons tous cet épisode. Moïse gardait ses moutons dans le désert du Sinaï lorsqu’il vit soudain un buisson pris dans les flammes. Or, étrangement, bien que le buisson brûlât, il ne se consumait pas. Ce phénomène défiait les lois de la nature. Le feu détruit toujours. En ce même instant, alors que Moïse se tenait paralysé par le miracle s’opérant sous ses yeux, D.ieu se révéla et proclama : « Je suis le D.ieu de vos pères. »

D.ieu n’aurait-Il pas pu accomplir un autre miracle, encore plus frappant, plus convaincant, plus indicatif de son contrôle sur le monde entier plutôt qu’un simple buisson dans le désert qui brûle sans être consumé ?

Le buisson brûlait sans être consumé. Ainsi, de même, le peuple juif, en dépit de toutes les lois de l’histoire, ne périra jamais.

D.ieu n’accomplissait pas simplement un miracle. Il envoyait un message. D.ieu connaissait la préoccupation majeure de Moïse. À partir du moment où il quitta l’Égypte et fut témoin de la souffrance de ses frères subissant l’oppression brutale de Pharaon, Moïse s’inquiéta et s’interrogea : mon peuple est-il encore vivant ? La première chose que fit D.ieu fut de rassurer Moïse : il est bien vivant, et non seulement pour cette époque, mais aussi pour l’avenir. Le buisson était un symbole du peuple juif. Le buisson brûlait, mais en dépit de toutes les lois de la nature, il ne se consumait pas. De même, le peuple juif, contre toutes les lois de l’histoire, ne périra jamais.

Lorsqu’Arnold Toynbee acheva son analyse classique en dix volumes sur l’ascension et la chute des civilisations humaines, L’Étude de l’histoire, il fut perturbé par une réfutation apparente de ses règles universelles gouvernant le déclin inexorable de tous les peuples sur terre. Seuls les Juifs survécurent au mépris de l’analyse soigneusement bâtie de Toynbee. Ce dernier proclama alors que les Juifs n’étaient rien d’autre qu’un « vestige désuet », un peuple destiné à expirer sous peu.  

Mais malgré tout, en dépit de toutes les tentatives brutales de détruire les enfants d’Israël, les Juifs ont incarné le miracle continu du buisson ardent.

L’histoire juive défie la logique. La survie juive n’est rien d’autre qu’un miracle. Mais c’est un miracle prédit il y a bien longtemps par D.ieu. Et D.ieu a assuré à Moïse qu’il ne cessera de se répéter jusqu’à la fin des temps.

On raconte que Louis XIV interrogea un jour le brillant philosophe de son époque, Blaise Pascal : « Crois-tu aux miracles ? » Pascal répondit par la positive. « S’il en est ainsi, » lui demanda le roi, « cite-moi un miracle. » « Les Juifs, » répondit Pascal, « la survie des Juifs. C’est un miracle inexplicable. »

Léo Nikolevitch Tolstoï, célèbre pour son ouvrage Guerre et Paix, bien que chrétien orthodoxe, l’a aussi compris :

Le Juif est l’emblème de l’éternité. Lui, qui, ni la mise à mort, ni la torture de milliers d’années n’a pu détruire, lui qui ni le feu, ni l’épée, ni l’Inquisition ne fut capable d’anéantir de la surface de la terre, lui qui fut le premier à produire des oracles de D.ieu, lui qui a été pendant si longtemps le Gardien de la prophétie et qui l’a transmise au reste du monde, lui et son peuple ne peuvent être détruits. Le Juif est aussi éternel que l’éternité même.

Comprendre l’histoire et en tirer les leçons adéquates revient à reconnaître le lien puissant unissant D.ieu aux enfants d’Israël. C’est reconnaître qu’en dépit de tous ceux qui « à chaque génération, se sont élevés contre nous pour nous anéantir », le Tout-Puissant a toujours tenu et tiendra toujours sa promesse de Pessah, implicite dans le premier des Dix Commandements : « Je suis le Seigneur votre D.ieu qui vous ai sortis d’Égypte, la maison d’esclavage » ; Je continuerai à vous délivrer et à vous protéger jusqu’à la fin des temps.  

Il y a encore une chose que le président des États-Unis doit savoir. Il s’agit d’un verset de la Bible, extrait du livre de la Genèse à propos d’une promesse faite par D.ieu à Abraham, le premier patriarche :

Et Je bénirai ceux qui te bénissent, et celui qui te maudit, Je le maudirai. Et toutes les familles de la terre seront bénies par ton entremise » (Genèse 12:3).

Cette vérité s’est manifestée de manière on ne peut plus éclatante dans l’histoire de l’humanité. Les pays qui traitèrent bien les Juifs furent grandement bénis en retour. Ceux qui maltraitèrent les Juifs tombèrent en disgrâce dans l’histoire. Et quel que soit l’endroit où les Juifs s’installèrent, leurs contributions furent capitales dans de nombreux domaines. Quiconque étudie l’histoire de leurs tribulations à travers les siècles sait que grâce à eux, « toutes les familles de la terre » jouirent d’une réelle bénédiction.

Les États-Unis d’Amérique ont traité les Juifs avec plus de bienveillance que tout autre pays dans l’histoire. Et ce n’est pas une coïncidence si les États-Unis ont également été plus bénis par le Tout-Puissant que tout autre pays dans l’histoire.

Je prie pour que le président Obama soit assez intelligent pour comprendre ce puissant message extrait du Seder de l’histoire et qu’il se laissera guider par lui dans ses efforts pour apporter la paix à un peuple toujours menacé.

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