Société

Parfait ou assez bien ?

03/01/2012 | par Marnie Winston-Macauley

Changeons donc d’expression: au lieu de «parfait», que diriez-vous de « assez bien »?

L'autre jour, en me promenant dans une librairie, je suis tombée sur un titre prometteur : « Obtenir le parfait quelque chose en 10 leçons ».

C’est ça : la perfection! On cherche la rencontre idéale, le mariage idéal, la famille idéale, il suffit d’acheter le livre d’un expert et hop ! on l’obtient en trois, ou au maximum dix, étapes faciles. Nous avons tous vu, ou lu la pléthore d’ouvrages « à faire soi-même » qui remplissent les rayons depuis 25 ans. Et bien qu’on puisse en retirer quelques conseils utiles, qui s’appuient généralement sur le bon sens, ils créent néanmoins des attentes complètement exagérées. 

La poursuite du «parfait» est devenue un sport extrême

Pourtant, ils se vendent parce que le concept de perfection séduit. Etre au top a toujours été un rêve. Qui ne veut pas réussir un saut périlleux sur une poutre de gymnastique aux jeux olympiques? Qui ne veut pas un compagnon ou un enfant qui soit "parfaitement" heureux ? Mais la poursuite du «parfait» est devenue un sport extrême. «Imparfait» signifie désormais ne pas être capable d’avaler 100 vers de terre en 30 secondes devant une caméra de télévision. 
 
Dans les relations humaines, le danger est encore plus grand. Dans une culture de «perfectionnisme», l'être humain normal ne peut arriver qu’à une seule conclusion: nous sommes tous des ratés. Les titres mêmes de ces livres impliquent que nous sommes un énorme gâchis si nous avons raté notre Nirvana personnel. Nous nous mettons donc à les acheter comme des fous. Quand nous arrivons à la "Deuxième étape" et que nous constatons que malgré tous nos efforts à suivre les conseils de « l’expert », nos compagnons ne commencent pas à énumérer leurs défauts, nos enfants partent en cacahouètes, et nos beaux-parents veulent nous déshériter, tout ce qui nous reste c’est: « nous sommes des ratés ». 
 
Tout cela parce que la perfection est une u-to-pie. 
 
Vous voulez un enfant "parfait"? Commencez à économiser pour payer les honoraires du psy. 
 
Un compagnon "parfait"? Vérifiez sa (et votre) pression artérielle. 
 
Une famille "parfaite" ? Vous vous faites un film. 
 
Avant de me qualifier de vieille grincheuse, laissez-moi vous dire que j'ai passé ma vie à donner de l’espoir et à croire au changement. J'ai foi en l'esprit humain pour améliorer les choses. Pas pour les rendre «parfaites». 
 
Changeons donc d’expression : au lieu de «parfait», que diriez-vous de « assez bien »? "Assez bien" ne signifie pas être affalé dans le canapé dans un état de stupeur pendant que la famille devient folle, laissée à elle-même. Certainement pas.  
 
"Assez bien" est difficile à atteindre. "Assez bien" exige un véritable travail, un engagement réel. Pas pour réaliser un fantasme, mais pour révéler le meilleur de nous-mêmes et faire les bons choix, sachant que la vie nous envoie toujours des épreuves. 
 
"Assez bien” est un concept que nous Juifs pouvons parfaitement comprendre. Ayant vécu « l’imperfection » du monde, qui a mieux que nous intégré la valeur de faire fonctionner les choses au mieux que nous le pouvons? Cela ne signifie pas "composer". Au contraire. Cela signifie aller de l'avant afin de créer un monde meilleur, en toute situation et en toute circonstance. 
 
Et la réalité est ainsi : de bons parents ont parfois des enfants difficiles. De bonnes épouses sont parfois abandonnées. De bons papas se font parfois humilier. Et seulement une partie de la folie est sous notre contrôle.  
 
"Assez bien" nous permet de faire les choses qu’on peut contrôler sans réduire son égo à zéro. 
 
Effort contre Résultats 
 
• La perfection dépend des résultats. 
 
"Assez bien" dépend de l’effort, qui est une qualité beaucoup plus importante, et indépendante du résultat. Nous constatons toujours que la mesure la plus exacte de la réussite personnelle réside dans l’effort. 
 
• La perfection provoque des attentes irréalistes. Si notre conjoint ne saute pas de joie vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ou si notre enfant est né avec le tempérament d’un Gengis Kahn, nous avons l’impression d’être anormaux.  

 

"Assez bien" nous permet de mener une vie réaliste. Nous voyons un potentiel et des limites, Nous évaluons, établissons des stratégies, et nous faisons des choix solides fondés sur l'effort et les circonstances. 
 
• La perfection implique signifie que nous avons «échoué», si nous n'avons pas atteint tous les nobles objectifs qu’on peut atteindre dans une vie. 
 
"Assez bien" signifie que nous avons fait de notre mieux. Nous pouvons persévérer, ou continuer, sans nous blâmer. 
 
• La perfection suggère une liste de courses standardisée au maximum.

 
"Assez bien" nous permet de faire de la vie un travail personnalisé. Pas ce que recherche monsieur-tout-le monde, mais plutôt ce qui nous convient et ce que nous souhaitons atteindre. 
 
• La perfection utilise des termes absolus. L’échec et le succès sont définis de façon rigide. 
 
"Assez bien" embrasse le principe juif du pardon et l'acceptation de situations réalistes, même si elles sont imparfaites. Il demande de comprendre qu'il n'y a pas une réponse unique, mais des valeurs concurrentes qui doivent être évaluées, débattues, et prises en compte pour découvrir la vérité. 
 
• La perfection devient une mesure impossible de l'estime de soi. Les erreurs et les faux-pas se transforment en destructeurs de notre définition personnelle. 
 
"Assez bien" nous permet de distinguer entre nos défauts très humains, nos imperfections, et notre vision de nous-mêmes. Il ne met pas seulement les faiblesses des autres en perspective, il nous permet aussi de continuer à nous aimer, nous et les autres, sans conditions, contribuant ainsi à notre bien-être psychologique et spirituel. 
 
La vie est un tableau magnifique en cours de réalisation. La prochaine fois que vous tombez sur des «experts» qui vous proposent leurs "Dix façons de vivre un mariage parfait» ou «Comment élever l'enfant parfait", jetez le livre, et envisagez de baser votre vie sur vos propres règles, et votre réalité. Faites de votre mieux. Réjouissez-vous d’être « assez bien », même si vous n’êtes pas parfait.

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