Spiritualité

Pourquoi le judaïsme impose-t-il tant de restrictions ?

11/11/2013 | par Yaakov Salomon

Le judaïsme est souvent perçu comme une religion particulièrement friande d’interdictions. Et si les moins cachaient des plus?

On vient d’installer chez moi un compteur pour mesurer ma consommation d’eau. Rien que cela !

Cette calamité est arrivée il y a environ un mois. On a sonné à la porte. L’homme parlait avec autorité. Il portait un uniforme. "Tous vos voisins en ont aussi, a-t-il dit. C’est la loi!" Quatre-vingt-dix minutes plus tard, tout était fini. Le compteur était installé. Je n’ai pas pleuré, mais j’aurais bien voulu. "Maintenant on saura exactement combien d’eau j’utilise", ai-je gémi.

La vie ne serait plus jamais la même. Finies les douches de 40 minutes ! Terminés les robinets qui fuient et que je pouvais ignorer pendant des mois ! Oubliées les batailles de jets d’eau lancés par les tuyaux du jardin ! Notre train de vie insouciant venait en ce jour fatidique de prendre fin.

Une calamité ? Certes. Mais il y a avait peut-être une autre manière de voir les choses…

Si nous croyons en Dieu – en un Dieu juste, un Dieu d’amour, un Dieu compatissant  – alors nous croyons aussi que Dieu ne Se préoccupe que de nous fournir, que de nous donner. Après tout, si Dieu est parfait, de quoi peut-Il avoir besoin que nous puissions lui fournir ? Il n’a ni besoins ni désirs. La perfection, par définition, signifie qui rien ne manque du tout ! Et s’il n’y a vraiment rien que nous puissions fournir à Dieu, qu’avons-nous à faire ici-bas ?

Si la seule chose que Dieu "veuille" est de nous combler de bienfaits, notre "tâche" est de trouver le meilleur moyen possible d’accepter et d’utiliser tous les présents qu’Il nous donne, et de recueillir le plus possible de tout ce que nous recevons !

Quelle est la méthode employée par Dieu pour nous donner le maximum d’épanouissement dans chacun des plaisirs de la vie ? Quelle recette nous a-t-Il procurée, qui garantit que nous aimerons et apprécierons chaque élément de satisfaction et de bonheur dans ce monde-ci ?

En un mot… des restrictions. En deux mots ? Des restrictions temporaires.

J’aime beaucoup le steak. Mais faut-il que j’en mange tous les jours ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les restrictions sont vraiment le seul ingrédient valable donné au genre humain qui nous fournisse la possibilité d’aimer chaque expérience positive sur cette planète.

Tenez, personnellement, j’adore le steak. Sous forme de côte, de filet, de bavette, d’épaule, et surtout s’il est pris dans la masse. Mais en manger tous les soirs ? Ce ne serait vraiment pas la même chose !

Vous aimez les Beatles ? Bach ? Essayez seulement de les écouter tous les jours… à longueur de journée !

Qu’est devenu votre niveau de plaisir ? Est-il resté le même ? A-t-il augmenté ?

Quand Dieu nous a remis ce grand mode d’emploi pour la vie, connu aussi sous le nom de Torah, il y a inclus 613 règlements, connus aussi sous le nom de commandements. Ce sont les ingrédients qui, si on leur obéit, constituent cette recette totale pour l’épanouissement dans ce monde. Mais 248 seulement sont des commandements positifs – des choses "à faire". Les 365 autres sont des choses à ne pas faire. Appelons-les des restrictions, si vous préférez ! Ils symbolisent chaque jour de notre année solaire. Et pour accompagner ces instructions, il existe une foule "restrictions temporaires" qui, si on leur obéit, contiennent le plus grandiose des plans en vue de notre plus grand plaisir.

Si importante est cette prescription que vous aurez du mal à trouver un seul plaisir dans ce monde qui ne soit pas légalement proscrit, au moins par moments. Pourquoi ? Non pas pour nous punir, nous limiter, nous frustrer ou gêner notre manière de vivre. Bien au contraire ! Il s’agit de faire en sorte que nous nous comportions comme il convient, en ne nous adonnant pas de manière exagérée à aucun des bienfaits que ce monde-ci a à nous offrir, et donc en appréciant pleinement le plaisir procuré par chacune de nos expériences.

Les expériences qui pourraient être nuisibles à nos corps ou à nos âmes sont interdites en permanence, bien qu’elles soient parfois séduisantes ou amusantes. Encore une fois, parce cela pourrait interférer avec notre plan d’obtenir un plaisir durable et maximum. Mais même ce à quoi nous avons droit chaque jour, et qui nous est donné spécifiquement pour notre plaisir, nous est dans certaines circonstances rendu inaccessible.

Bien sûr, une discipline librement consentie pourrait fonctionner aussi, mais des restrictions "légalisées" sont beaucoup plus efficaces (et donc plus agréables). Essayez seulement de suggérer à vos enfants qu’ils devraient rentrer de bonne heure ces prochains soirs pour récupérer quelques heures de sommeil perdu, et vous verrez bien vite que cela ne fonctionne pas aussi bien que si vous leur imposez un couvre-feu temporaire et si vous veillez à son application.

Les parents savent que la pire punition que l’on puisse infliger à un enfant est de ne jamais lui dire non.

Par exemple, ne pas manger de pain pendant huit jours pleins, à Pessa’h, peut sembler à certains terriblement frustratoire. Mais le souvenir de la première gorgée de bière bu après la fête reste longtemps gravé dans nos mémoires. C’est comme si l’on reprenait goût à quelque chose à laquelle nous nous habituons facilement.

De nombreux autres exemples nous viennent à l’esprit. La musique (pendant des périodes de deuil personnel ou national), le travail créatif (pendant Chabbath et les jours fériés), une habitation confortable (pendant Soukoth), le manger (à Yom Kippour et aux autres jours de jeûne), le téléphone, les ordinateurs (pendant Chabbath) sont parmi les plaisirs les plus évidents à être également restreints par moments.

Un parent vraiment à la page sait très bien que la pire punition que l’on puisse infliger à un enfant est de ne jamais lui dire non. Le meilleur moyen de lui faire détester un nouveau jouet est de le laisser en jouer toute la journée… tous les jours. La vie sans aucune restriction est incolore, décourageante et sans issue.

Comprenez-moi bien ! Je n’aime pas mon nouveau compteur d’eau. Mais je suppose qu’il apporte quelque contribution à la modération, à la responsabilité, aux restrictions et aux douches de 8 minutes. Ou bien serais-je en train de devenir gâteux ?

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