Le Couple

Pourquoi tant de jeunes couples juifs divorcent

18/01/2017 | par Slovie Jungreis-Wolff

Quatre pistes pour mieux comprendre la crise qui affecte célibataires et couples aujourd’hui.

Lors d’un récent symposium sur le célibat, les rencontres et le mariage, un père s’est levé et m’a posé les questions suivantes : « Pourquoi nos célibataires ont-ils tant de mal à s’engager de nos jours ? Pourquoi y a-t-il tant de jeunes couples qui divorcent ? Pensez-vous que ces deux phénomènes soient liés ? »

Cet homme a vu juste. On entend beaucoup parler de la « crise des célibataires » et on entend aussi beaucoup parler de jeunes couples qui ne dépassent pas leur deuxième ou troisième anniversaire de mariage. Si nous pouvions mettre le doigt sur ce qui contribue à ce problème, nous pourrions peut-être trouver des solutions pouvant transformer cette douloureuse situation qui affecte beaucoup de jeunes gens aujourd’hui.

Je pense qu’il existe quatre facteurs-clés à prendre en considération :

1. L’ère du jetable

Qui prend la peine de réparer ses électroménagers? Aussitôt endommagés, nos fours, micro-ondes ou réveils atterrissent à la décharge. Quant à nos ordinateurs portables, iPhones et voitures devenus vite démodés, ils sont rapidement remplacés par leurs versions dernier-cri. Après tout, neuf n’est-il pas devenu synonyme de mieux ? Nos enfants égarent leurs vêtements en sachant que nous leur en rachèterons d’autres à la première occasion. Je ne sais pas trop pourquoi mais il est devenu tout à fait banal de jeter ou de remplacer ce que nous avons perdu.

Ce mode de pensée s’est infiltré dans l’attitude que nous avons face à notre entourage. Je l’ai remarqué dans les conversations que j’ai eues avec des couples en proie à des problèmes conjugaux. Comme cette jeune femme qui m’a dit : « Pourquoi en faire tout un plat ? Je vais obtenir mon divorce et me trouver quelqu’un d’autre. Il y a des tas d’homme libres. C’est ce que font toutes mes amies. »

Nous avons perdu la capacité d’apprécier ce que nous avons, y compris les personnes que nous sommes censés chérir plus que tout.

Quand nous percevons nos relations amicales ou conjugales comme étant « jetables », le lien sacré qui nous unit à l’autre devient facilement dissoluble. Nous avons perdu la capacité d’apprécier ce que nous avons, y compris les personnes que nous sommes censés chérir plus que tout. Toutes les relations connaissent des hauts et des bas. L’état d’esprit voulant qu’il ne vaille pas la peine de réparer les choses a un impact négatif sur nos vies quotidiennes et émousse la valeur sacrosainte que nous devrions accorder à notre couple.

Nous devons réapprendre à apprécier les gens et les choses qui nous entourent à leur juste valeur. Rappelons-nous que rien ne nous est dû.

2. Le syndrome du « tout, tout de suite »

Whatsapp, textos et emails nous ont conduits à exiger une réponse immédiate à tous nos messages. Et si celle-ci tarde à venir, nous nous indignons : « Pourquoi prend-t-il/elle tant de temps à me répondre ? » Au lieu de faire patiemment la queue dans les magasins, nous commandons en deux trois clics la plupart de nos achats en ligne. Lesquels nous sont livrés dès le lendemain. Je me souviens que quand j’étais petite, je déposais ma pellicule dans une boutique et savourais d’avance le moment où je récupérerais mes photos développés, quelques jours plus tard. Aujourd’hui, nous visionnons nos photos et les envoyons à l’autre bout de la planète instantanément. Nous avons perdu la capacité d’être patients. Nous sommes devenus victimes du syndrome du « tout, tout de suite ».

En quoi cela affecte-t-il nos relations ?

Réussir ses rencontres puis son couple demande des efforts. Vous ne verrez pas toujours des résultats instantanés. L’amour grandit avec le temps. Plus nous entretenons une relation, plus nous nous sentons investis dans ce partenariat. Si nous n’éprouvons pas naturellement le coup de foudre ou si nous ne constatons pas toujours les fruits de nos efforts, quelle sera notre réaction ? Allons-nous baisser les bras et passer à une prochaine conquête ?

Quand les couples reviennent sur les années qu’ils ont passées ensemble, ils se rendent compte à quel point leur relation a mûri. Au fil des années, ils se sont sans doute heurtés à de grandes épreuves et à des moments obscurs. Que se serait-il passé s’ils avaient décidé de rompre ? (Je ne parle pas de mariages abusifs ou intolérables.) Avec beaucoup de temps, d’efforts, de larmes et de travail sur soi, naît un amour plus profond que vous n’auriez jamais pu vous l’imaginer. L’amour n’est pas instantané. Un mariage solide se forge sur un « amour mâture » qui est soigneusement entretenu. Il faut beaucoup de patience pour cela.

Le syndrome du « tout, tout de suite » nous prive de l’opportunité de braver les épreuves de la vie ensemble. Nous baissons les bras trop rapidement en pensant qu’il ne vaut pas la peine de nous accrocher à une relation si nous n’éprouvons pas les sentiments que nous espérions éprouver, ou si ne nous constatons pas les résultats escomptés. Et nous en venons ainsi à nous tromper nous-mêmes et notre relation de couple.

3. Un fléau nommé FOMO (l’angoisse de passer à côté de quelque chose)

Sur votre écran de portable défilent les photos de l’anniversaire de Jérémie, les vacances paradisiaques de Johanna et même la soirée-sushi de Julia. Votre cœur se serre : et moi dans tout ça ?

Résumé à merveille par l’acronyme anglais FOMO (fear of missing out), ce mal des temps modernes ravage les accros aux réseaux sociaux : c’est la peur de manquer un bon plan, l’angoisse de passer à côté de quelque chose… Évidemment, ce sentiment n’a rien de bon pour les célibataires et les couples mariés. Comparer sa vie avec celle de son cercle social, se demander constamment si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, et consulter sans arrêt sa page FB ne font qu’empirer cette frénésie.

Les gens sont trop occupés à envier la bonne fortune d’autrui pour apprécier la leur. Pour s’engager durablement dans une relation, il faut avant tout maîtriser l’art de se contenter de ce qu’on a. Or le fléau du FOMO produit l’effet inverse. Le moment est venu de faire la paix avec notre vie. De prendre la ferme décision d’arrêter de nous comparer aux autres. Si vous fréquentez une personne tout en gardant un œil sur tou(te)s les autres candidat(e)s potentiel(le)s, il vous sera impossible de forger une relation durable. Et bien sûr, on ne peut pas réussir son couple en pensant que les autres ont une vie meilleure que la nôtre.

Commençons par effectuer un demi-tour mental. Arrêtons d’envier le sort des autres et appliquons-nous à être satisfaits de notre sort. Essayons de relever les aspects positifs de notre vie, et des gens qui nous entourent. Au lieu de fantasmer sur le bonheur des autres, efforçons-nous de forger le nôtre.

4. Un monde hyperconnecté = un monde déconnecté

Si la technologie nous a rapprochés, paradoxalement, elle nous a aussi beaucoup éloignés les uns des autres. Nous nous sommes habitués à communiquer par écrans interposés plutôt que de vive voix. Plusieurs célibataires m’ont confié que des rencontres pourtant prometteuses ont cessé de progresser dès qu’ils ont commencé à communiquer par textos. Maris et femmes discutent les yeux rivés sur leurs écrans. Or le contact visuel favorise l’échange et la communication – ce dont ces couples se privent. Ils s'écoutent d’une seule oreille et se regardent d’un seul œil. Il va sans dire que nos relations familiales et conjugales en souffrent. Nous nous lassons rapidement de notre entourage physique ; nous consultons sans arrêt nos téléphones. Nos proches commencent à se sentir inutiles et dépassés.

Le plus beau cadeau que nous pouvons nous offrir à nous-mêmes – et aux autres – est de poser nos Smartphones et autres tablettes, et de reporter notre attention sur les personnes qui nous entourent.

Que vous soyez célibataire, marié ou parent, examinez l’impact de ces quatre facteurs sur vos relations. Il suffit parfois de quelques petits changements pour être en mesure de mieux vivre, mais aussi de mieux aimer.

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