Réflexions - 15shvat

Quel arbre êtes-vous ?

12/01/2014 | par Ora Marhely

À Tou Bichevat, les arbres sont en fête ! Découvrez lequel est votre alter égo !

Décidément, nous autres Juifs ne faisons rien comme les autres…

Non contents d’avoir décalé notre Nouvel An en septembre plutôt qu’en janvier, nous nous offrons également le luxe d’un Nouvel An pour… les arbres à Tou Bichevat.

Et je dois vous avouer que lorsque j’étais petite, cette célébration sylvestre (je n’ai pas dit Saint-Sylvestre…) me laissait quelque peu perplexe.

Ayant eu la chance de fréquenter une école juive depuis ma tendre enfance, je savais que Roch Hachana, le Nouvel An des hommes, était un moment où l’humanité était jugée pour ses faits, bienfaits et méfaits.

Et comme un plus un font deux, j’en déduisais donc qu’à Tou Bichevat, c’était au tour des arbres de passer au Grand Tribunal…

Alors dans mon imagination fébrile, j’entendais déjà les minutes du redoutable procès.

Toi, le Chêne, Je te trouve beaucoup trop orgueilleux. Tu devrais relire tes fables de La Fontaine et tu verrais ce qui arrive à celui de qui la tête au Ciel était voisine.

Quant à toi, humble Roseau, qui plie mais ne rompe pas, tu as droit à toutes mes félicitations.

Chenapan de pommier, je t’avais bien dit de ne pas t’acoquiner avec cette vermine. Tu as vu l’état de tes fruits, un peu ! Ils n’ont pas la pêche !

Excellente prestation, habile poirier ! Tes rejetons atterriront droit sur les étals de Fauchon.

Puis j’ai fini par découvrir qu’il n’en était rien. Le 15 Chevat, les arbres ne passaient pas au box des accusés. Pas moins qu’ils ne réveillonnaient à grandes lampées de sève et d’oligo-éléments.

En fait, le 15 Chevat marque principalement la date butoir pour le calcul des lois agricoles de la Torah en vigueur en Israël.

Rien de bien transcendant pour l’esprit d’une enfant à l’imagination débridée…

Et bien pas tout à fait, parce que comme je l’ai découvert en grandissant, la fête de Tou Bichevat nous invite à bien des réflexions profondes sur la nature humaine et son rapport à l’environnement.

L’homme est comme un arbre des champs, lit-on dans la Torah. Reste à savoir lequel vous êtes…

C’est ce que je vous propose de découvrir dans ce portrait chinois « spécial Tou Bichevat » !

1. Ambitieux et audacieux ? Vous êtes un… séquoia !

Originaire de Californie, le séquoia se distingue par ses dimensions remarquables et sa longévité. Les amateurs de superlatifs aimeront sans doute découvrir le spécimen qui trône dans le Parc National de Séquoia, aux States : il a beau avoir soufflé sa 2200ième bougie, il se tient toujours aussi droit du haut de ses 80 et quelques mètres…

C’est donc l’arbre fétiche des personnes ambitieuses et audacieuses, qui n’ont pas froid aux yeux et feront tout pour dépasser leurs limites et exploiter au maximum leur potentiel.

À la réflexion, l’ambition est un trait de caractère spécifiquement juif. Il est intéressant de remarquer que sur les 871 prix Nobel décernés, 194 sont revenus à des descendants d’Abraham, soit un pourcentage de 22%. Quand on sait que la population juive mondiale ne dépasse pas les 0.2%, ce ratio relève de l’exception !

Dans son ouvrage « Le Peuple Elu, Étude de l’intelligence et des Capacités des Juifs », Richard Lyne avance plusieurs thèses. La première réponse résiderait dans le résultat de certaines mutations génétiques qui auraient eu lieu à différents moments de l’histoire du peuple juif. La deuxième serait à chercher dans les vicissitudes de l’histoire du peuple juif qui auraient forgé sa résistance et sa résilience.

Je n’ai guère la prétention de contester ces découvertes. Mais à mon humble avis, elles occultent la véritable origine du génie du gène juif.

Nos sages nous enseignent que chaque descendant d’Abraham est habité d’une parcelle divine suprême, appelé « ‘helek eloka mima’al ». De par son origine métaphysique, cette entité pousse le juif à toujours aspirer à de nouveaux sommets, de nouvelles découvertes.

Reste à mettre à profit cette ambition divine pour des valeurs qui le valent vraiment !

Cela dit, l’ambition n’est pas sans danger. Comme l’écrit si bien le journaliste Louis Pauwels : « Au sommet de la puissance, on ne voit plus rien du tout. »

Bref, dans la course qui les mène au sommet, les « Séquoias » devront veiller à :

- Mettre à profit leur nature ambitieuse pour des projets valables.

- Veiller à ne pas porter préjudice aux intérêts d’autrui.

2. Prudent et pondéré ? Vous êtes un… chêne !

Lentement mais sûrement... Tel pourrait être l’adage de cet arbre à la croissance lente mais qui garantit sa solidité et sa longévité. Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu’à plus de 1000 ans et plus.

Il représente donc les personnes prudentes et pondérées qui ne se laissent pas aller à des actions, des décisions ou des jugements trop hâtifs.

L’importance de cette qualité est d’ailleurs mise en exergue dans un important ouvrage de développement personnel juif, le Séder Hayom du rabbin Acher de Stoline : « Il convient de faire preuve de mesure et pondération avant chaque chose – que ce soit un acte ou une parole – comme le disent nos Sages “Qui est posé acquiert la sagesse” ».

Mais prudence, à trop vouloir peser ses actions, on risque de se réfugier dans l’inaction et à négliger la place du changement dans leur vie.

Or la vie d’un juif implique un perpétuel désir de changement, d’amélioration personnelle.

Robustes et réfléchis, les « Chênes » devront donc veiller à ce que leur nature prudente ne les confine pas à l’inertie.

3. Patient et persévérant ? Vous êtes un… bambou chinois !

Il existe en Chine une variété de bambou très particulière. Durant les cinq premières années suivant la plantation de la graine, aucune pousse n’apparait. Ce n’est que la 5ème année que le bambou pointe le bout de sa tige hors de la terre.

Mais à partir de ce moment-là, sa croissance est spectaculaire. En une seule année, il atteint les 12 mètres !

En réalité, pendant ces 5 premières années, le bambou développe de prodigieuses racines sous-terraines qui, le moment venu, lui permettront de croître de façon prodigieuse au grand jour.

Cet arbre est donc l’emblème des personnes patientes qui ont la sagesse de fournir des efforts même lorsque ceux-ci ne semblent pas porter leurs fruits.

Mais un jour, leur persévérance finit par payer et ils récoltent les fruits de tous les efforts apparemment stériles qu’ils avaient semés auparavant.

Rabbi Akiva, le célèbre sage du Talmud incarne à la perfection cette qualité. À l’âge de 40 ans, lorsqu’il épousa Rachel, la fille d’un richissime propriétaire terrien, il était analphabète. De surcroit, il vouait une haine féroce aux érudits. Mais la rencontre avec une pierre perforée par le goutte-à-goutte constant d’une source voisine bouscula sa vie. Il en déduisit que son cœur, qui n’était pas moins perméable qu’une roche, pouvait abriter la sagesse de la Torah pour peu qu’il l’y laissât pénétrer jour après jour. Nonobstant les railleries de son entourage, il apprit méthodiquement l’alphabet hébraïque, la Bible, la Michna, n’hésitant pas à s’assoir sur les mêmes bancs que des enfants juifs. Sa persévérance porta ses fruits ; il devint l’un des plus grands érudits et rédacteurs du Talmud.

Si vous avez la fibre d’un bambou, gardez cette belle allégorie en tête. Et ne vous découragez pas si les résultats tardent à se manifester. Ils n’en seront que plus spectaculaires !

4. Fonceur et batailleur ? Vous êtes un… Arbre de Vie !

Seul, au beau milieu du désert du Bahrein, se dresse l’Arbre de Vie, vieux de 400 ans et mesurant près de 10 mètres de haut. Pour les milliers de touristes qui se bousculent pour l’admirer, l’existence et la survie de cet arbre luxuriant en plein milieu désertique reste un mystère. Certains scientifiques en sont donc venus à la conclusion que les racines de cet arbre s’étendaient très loin, dans les profondeurs où des aquifères inconnues viendraient l’alimenter.

Cet arbre est donc la mascotte des êtres fonceurs et batailleurs qui, en dépit de circonstances environnantes peu avantageuses n’hésitent pas à s’affirmer.

Ici encore, on retrouve un trait de caractère foncièrement juif. Abraham, le premier « juif » de l’humanité était appelé l’Hébreu. Pourquoi ce qualificatif ? Dans la langue hébraïque, le terme se dit IVRI, mot voisin du mot EVER, qui renvoie à une rive. Et nos Sages d’expliquer : toute l’humanité entière se trouvait sur une rive, et Abraham sur l’autre.

Cette métaphore renferme l’essence de la révolution spirituelle opérée par Abraham : A l’époque où l’humanité entière sacrifiait aux rites polythéistes, le patriarche eut l’audace d’affirmer sa croyance en un Dieu unique. Aussitôt convaincu de la présence et de l’intervention divine, il choisit de vivre pleinement ses convictions quand bien même celles-ci se situaient aux antipodes des croyances environnantes. Et non seulement, il affirma ses positions, il devint lui-même une source d’influence positive pour les autres.

Alors si vous avez l’âme d’un fonceur, prenez exemple sur votre mascotte sylvestre et puisez vos convictions dans les aquifères intarissables de nos traditions ancestrales !

Related Articles

Donnez du pouvoir à votre voyage juif

Inscrivez-vous à l'e-mail hebdomadaire d'Aish.com

Error: Contact form not found.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram