Foire aux questions

Peut-on cacher son passé suicidaire?

29/09/2013 | par Rosie Einhorn & Sherry Zimmerman

J’ai fait plusieurs tentatives de suicide par le passé. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux et je rêve de fonder une famille. Devrai-je avouer mon sombre secret à la femme de ma vie ?

Chères Rosie et Sherry,

Vous avez indiqué dans le passé qu’il était important de dire la vérité sur notre état médical à la personne avec laquelle on envisage sérieusement de faire sa vie. Mais vous aviez aussi précisé, si j’ai bien compris, que certains sujets devaient rester secrets, bien enfouis au fond de nous.

Ma question est donc : qu’en est-il du suicide ? J’ai fait plusieurs tentatives de suicide, certaines étant plus sérieuses que d’autres. Heureusement, j’étais trop jeune pour réussir mon coup. Ma dernière tentative remonte à dix ans environ, et m’a valu trois semaines d’hôpital.

Depuis ce jour, j’ai été pris en main par un psy qui, tel un véritable ange gardien, m’a aidé à retrouver la forme et surtout à la conserver. Il m’a prescrit tout le nécessaire à pour mon équilibre mental, et ma thérapie avec lui m’aide à garder le cap. Aujourd’hui, ma carrière professionnelle a repris une vitesse de croisière. Je me porte bien (on appelle ça « être équilibré » en médecine psychiatrique) et je sors régulièrement avec des filles. Mon plus grand espoir est de me marier et de fonder une famille.

Malheureusement, il semble que les femmes de ma génération (j’ai 35 ans) soienttoutes soit très difficiles, soit obnubilées par leur job, soit extraordinairement difficiles, soit physiquement ingrates, soit incommensurablement difficiles. Et pourtant, je garde l’espoir qu'une femme saura découvrir en moi l'homme le plus chaleureux, le plus attentionné, le plus patient et le plus aimant qui soit. Je sens que je serai un mari formidable et un excellent père. En outre, tous les enfants que je croise me quittent avec le sourire (à moins que je ne leur donne des devoirs). Ils m'adorent et c’est réciproque.

Je sais que quand je rencontrerai la femme de ma vie, je devrai lui parler de mon passé médical. Je pense que cela me déchargera du poids écrasant du secret. Mais qu’adviendra-t-il alors de notre relation ?

Dois-je lui parler de mes multiples épisodes dépressifs ? Du fait que je consulte régulièrement un psy et que je suis un traitement médicamenteux ? Que j’ai fait de nombreuses tentatives de suicide ? Que j’ai passé mon enfance à ingurgiter des tonnes de Ritaline, à une époque où le phénomène des enfants hyperactifs ne jouissait pas de la reconnaissance actuelle.

Certains m’ont conseillé de ne rien dire de tout ça, pas même à ma femme. A votre avis, dois-je en parler, et si oui à quel moment ?

David

Rosie Einhorn, L.C.S.W. and Sherry Zimmerman, J.D., M.Sc.

La réponse de Rosie et Sherry:

Cher David,

Merci de nous avoir écrit. Votre lettre est très franche et très pertinente.

Beaucoup plus de gens que l’on pense ont déjà traversé un « épisode dépressif majeur » pour reprendre les termes médicaux adéquats. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que vers 2020, la dépression sera le second problème de santé le plus répandu dans le monde. Déjà actuellement, elle touche 9 % des adultes aux Etats-Unis chaque année.

La plupart s’en remettent et ne réitèrent jamais cette douloureuse expérience, mais d’autres rechutent et traversent d’autres épisodes dépressifs majeurs au cours de leur existence. Heureusement, aujourd’hui, il existe différents moyens efficaces de traiter la dépression, et beaucoup de personnes qui ont rencontré de graves complications dépressives mènent finalement des vies normales et équilibrées grâce à des médications et des thérapies adaptées.

Certains ont comparé la dépression à un grand trou noir.

Les personnes qui n’ont jamais été confrontées à une profonde dépression clinique auront du mal à mesurer combien cet état peut être handicapant. Cela n’a rien à voir avec une petite « déprime » qui dure un jour ou deux. Certains ont comparé leur épisode dépressif majeur à la vie dans un grand trou noir : une humeur asthénique qui engloutit tous les aspects de la vie pendant des journées entières. La personne est constamment fatiguée, accorde peu d'intérêt aux activités agréables (ou toute autre activité d’ailleurs), et se sent inutile ou désespérée. La dépression affecte l’appétit et le sommeil (trop pour le premier et trop peu pour le deuxième), entraîne des difficultés de concentration et de réflexion, interfère dans le fonctionnement quotidien, et peut même causer des pensées morbides, voire des suicides. Lorsque la personne déprimée présente ces symptômes douloureux, les personnes de son entourage souffrent aussi. Elles s’inquiètent de son bien-être et font la difficile expérience de la perte de son amitié et de l’effacement de sa présence dans leur vie.

Les traitements actuels contre la dépression ayant des taux de réussite très élevés, la plupart des gens qui souhaitent se soigner correctement peuvent mener une vie agréable, grâce aux médicaments, thérapies et soutien de la part de leur entourage. Ils n’ont aucune difficulté à sa marier et à fonder une famille. Vous aussi, grâce à Dieu, avez surmonté une enfance troublée, une adolescence et un début de vie adulte bouleversés, en trouvant le bon dosage médicament/thérapie/soutien qui vous permet de mener une vie saine. Le mariage et la parentalité seront les prochaines étapes de votre développement personnel, et nous vous souhaitons que cela surviennele plus tôt possible.

La confiance avant tout

Pour revenir à votre question : oui, vous devez dévoiler tout cela à la personne que vous fréquentez de façon sérieuse. Et cela reste vrai pour tout état médical qui nécessite une médication, ou une thérapie suivie, ou un mode de vie singulier. Vous avez appris à fonctionner le mieux possible, et disposez probablement d’un arsenal d’exercices de relaxation et de techniques cognitives qui vous permettent de maintenir votre équilibre. La personne que vous épouserez doit connaître l’importance de ces dispositifs pour votre santé, et nul doute qu’elle voudra aussi jouer un rôle de soutien émotionnel et d’assistance si par malheur cela s’avérait nécessaire. Comment pourriez-vous construire une réelle relation de soutien réciproque si votre épouse ne dispose pas de ces informations qui vous sont vitales ?

Plus encore, dans la mesure où vous souffrez d’une affection chronique, vous êtes susceptible de rechuter à l’avenir. Même si nous espérons tous que cela ne se reproduise pas, un nouvel épisode dépressif majeur affecterait votre femme tout autant que vous. Puisqu’elle devra aussi affronter les conséquences de la maladie, probablement s’occuper de vous et assumer seule votre lot de responsabilités familiales jusqu’à ce que vous alliez mieux, elle doit pouvoir décider de vous épouser en toute connaissance de cause. Il existe aussi un aspect génétique qu’elle aura peut-être besoin de clarifier avant de prendre sa décision.

Vous ne pourrez pas cacher votre dépression à votre future femme.

Les personnes qui vous ont préconisé de garder secrète votre tendance dépressive vous ont donné un très mauvais conseil. Nous connaissons nombre de mariages qui ont tourné court quand le (la) nouveau (elle) époux (se) ont découvert une situation médicale que le conjoint leur avait cachée. Ils ont ressenti que la confiance qui les unissait était irrémédiablement entachée. De toute façon, vous ne pourrez pas cacher longtemps votre tendance dépressive à votre future femme ; elle la découvrira de toute façon, soit en tombant sur votre antidépresseur ou sur votre dossier médical, soit en remarquant combien le manque desommeil ou une alimentation déséquilibrée affectent votre humeur. N’est-il pas largement préférable de débuter votre vie commune dans une atmosphère de confiance authentique et de soutien affectif ?

Il est tout naturel que vous soyez préoccupés par la façon dont votre amie réagira à vos révélations. Certaines femmes ne voudront pas aller plus loin dans votre relation - mais ces femmes ne vous auraient de toute façon pas convenu. La femme avec laquelle vous vous marierez sera en mesure d'accepter votre situation et de vous apporter son soutien affectif, tout comme la myriade d'autres êtres humains qui ont décidé d'épouser la personne qui leur plaisait, tout en sachant que il/elle avait une affection médicale chronique.

Mais quel est le meilleur moment pour évoquer cet important sujet personnel ? Ce n’est bien entendu pas le genre d’infos à partager avec une personne que vous venez de rencontrer. Pour autant, il n’est pas non plus correct d’aborder ce point capital juste avant de lui demander sa main, c’est-à-dire à un moment où votre amie est si engagée émotionnellement qu’elle ne sera pas en mesure de traiter l’information en toute sérénité. A notre avis, le moment le plus opportun pour parler de votre état médical est celui où vous sentez que votre relation prend une tournure vraiment sérieuse.

Il sera plus facile pour votre amie de « digérer » une révélation d’une telle ampleur quand elle sera en mesure de l’évaluer dans un contexte plus large. Lorsque vous aurez tous deux brisé la glace, commencé à vous attacher à l’autre, partagé d’agréables moments ensemble, et vous serez habitués à la personnalité de l'autre, elle pourra envisager votre dépression comme l'un des nombreux facteurs qu’elle devra prendre en compte avant de décider d'aller de l'avant dans votre relation.

Expliquez-lui que vous avez choisi avec soin le meilleur moment pour lui révéler votre situation. Vous pouvez engager la discussion par quelque chose comme « J’ai demandé conseil concernant le moment le plus opportun pour te parler d’un sujet important, et l’on m’a répondu que c’était probablement maintenant ».

Puis continuez en axant vos propos sur des points positifs :

« Pendant ces derniers mois où nous nous sommes fréquentés, tu as pu voir que je menais une vie agréable et que je me portais comme un charme. Je mène ma carrière professionnelle, je suis proche de ma famille, j’ai de très bons amis, et je fais attention à moi. Je veux aussi te dire que je me sens bien avec toi et que j’espère que c’est réciproque.

Et pourtant, je suis potentiellement sujet aux épisodes dépressifs. J’ai subi plusieurs dépressions quand j’étais adolescent, et ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai pu trouvé le traitement qui m’a stabilisé. Depuis, je suis « équilibré » et ce depuis plusieurs années, grâce à une combinaison de médicaments, de thérapie régulière et de style de vie adapté à mon profil. Je place donc beaucoup d’espoir dans l’avenir.

J’imagine que tu vas avoir besoin de temps pour intégrer toutes ces infos et pour y réfléchir. Je pense aussi que tu as légitimement beaucoup de questions à me poser ; j’y répondrai du mieux que je puisse. »

Nous vous suggérons aussi d’évoquer votre passé d’enfant hyperactif, d’expliquer comment il interfère dans votre vie d’adulte et comment vous gérez tout cela. Vous pouvez proposer à votre fiancée de parler avec votre médecin pour recueillir plus d’informations sur votre état de santé, ainsi qu’un diagnostic global.

Il vous faudra certainement être patient ; la première réaction de votre amie risque même d’être mitigée, voire franchement négative, mais cela devrait progressivement évoluer au fur et à mesure de ses recherches et réflexions. Répondez le plus honnêtement possible à ses questions, même si elle vous demande si vous avez déjà tenté de mettre fin à vos jours, ou bien de décrire votre pire épisode dépressif. Si par hasard elle n’évoquait pas ses sujets, il nous semble important que vous les abordiez vous-même. D’après ce que nous avons compris, il semblerait que vous ayez très heureusement trouvé le traitement qui vous convient, et que vous n’ayez plus d’idées suicidaires depuis de nombreuses années. Si c’est bien le cas, il est fondamental que votre future épouse le sache.

Par ailleurs, ajoutons ici que nous conseillons fortement à toute personne encore aux proies aux affres de la dépression de ne pas entamer une relation amoureuse dans de telles conditions. Prenez le temps de vous stabiliser pendant plusieurs mois avant de chercher l’amour, car il paraît improbable que vous puissiez construire une relation saine dans une telle situation d’instabilité émotionnelle.

Ces femmes si difficiles…

Enfin, nous aimerions aborder la frustration que vous ressentez face à ce que vous décrivez comme des femmes «difficiles». Oui, il est souvent plus difficile d'établir une relation avec quelqu'un alors que l’on n’est plus tout jeune ni aussi inexpérimenté. Mais les hommes et les femmes qui ont la trentaine et au-delà trouvent aussi leur moitié et se marient, et la conviction que vous pouvez être l'un d'entre eux doit continuer de vous animer, jusqu’à que votre rêve se réalise.

Les femmes que vous avez rencontrées vous ont-elles signalé un trait particulier qui les dérangeait en vous ?

Nous voudrions vous suggérer ici quelques idées pour que vos rencontres sentimentales prennent une bonne tournure. Tout d'abord, essayez de réfléchir aux motifs récurrents qui caractérisent vos précédentes fréquentations. Peut-être êtes-vous attiré par certains traits de personnalité présents chez ces femmes tellement axées sur leur carrière qu'elles n’arrivent pas à caser leurs rendez-vous sentimentaux dans leur agenda ou à planifier un mariage de sitôt ? Si c'est le cas, pensez aux qualités semblant indiquer qu'une personne est plus encline au mariage et à la fondation d’une famille, et cherchez des partenaires potentielles qui présentent ces qualités.

Par ailleurs, les femmes avec lesquelles vous êtes précédemment sorti vous ont-elles signalé un trait particulier qui les aurait dérangées en vous ? Si c'est le cas, vous pouvez peut-être y faire quelque chose, et modifier par exemple l’atmosphère ou le rythme des rendez-vous, ou bien votre présentation physique. S’il s’agit de quelque chose que vous ne pouvez pas changer, comme une pratique religieuse scrupuleuse ou des traits de personnalité de base, vous fréquentez sûrement trop de femmes qui ne sont pas en phase avec ce que vous êtes.

Certaines personnes sont hyper exigeantes, et recherchent la perfection chez leur partenaire. D’autres prennent des décisions trop prématurées et ne laissent pas sa chance à la relation naissante. Quoiqu’il en soit, la véritable raison qui fait qu’une personne paraît trop « difficile » à l’autre lors de leur première rencontre, c’est tout simplement que ces deux individus ne sont pas assortis.

Nous pensons qu’il serait judicieux que vous réfléchissiez sérieusement à votre situation personnelle, afin de redéfinir clairement ce que vous recherchez et de mettre en place la stratégie adaptée pour rencontrer des femmes qui vous correspondent mieux. Venez piocher des idées dans les articles d’Aish.fr sur le sujet ! Et n’hésitez pas non plus à vous trouver un mentor qui saura guider vos rencontres sentimentales.

Nous vous souhaitons beaucoup de chance et de succès dans le labyrinthe qui vous mènera finalement à votre moitié !

Rosie & Sherry

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