Israel

Rendez-nous nos enfants !

19/06/2014 | par Laly Derai

Depuis vendredi, être une mère d’adolescents, c’est avoir mal à chaque battement de cœur. Car Éyal, Naftali, Guil-Ad auraient pu être mes enfants.

C’est vendredi dans l’après-midi que j’apprends la nouvelle. Les rumeurs vont bon train depuis le matin sur tous les réseaux sociaux, mais elles ont mis du temps pour m’atteindre, dans mon petit village de Samarie. Et là, s’installe en moi un sentiment qui ne va plus me quitter pour tous les jours et toutes les nuits qui vont suivre.

La panique. Moi, qui me suis toujours vantée de mon insouciance, qui ne m’inquiète pas outre mesure quand mes enfants ont un peu de retard, qui refuse d’être l’otage de la peur, j’ai peur.

Car Éyal, Naftali, Guil-Ad auraient pu être mes enfants. Comme eux, ils étudient dans des yéchivot en dehors de la localité où nous habitons. Comme eux, ils voyagent en stop parce que c’est le moyen le plus pratique, le plus rapide, le plus agréable pour se déplacer sur les routes de la Judée et de Samarie. Parce que dans ces villages, le stop fait partie du quotidien. Parce que nous vivons ici selon des valeurs qui semblent peut-être un peu désuètes, mais que nous refusons d’oublier : celles de la confiance et de l’entraide. Tu as une voiture, tu en fais profiter ton voisin qui n’en a pas. Tu laisses ton vélo en bas de la maison sans t’inquiéter qu’on te le vole. Tu oublies ton portable, ta carte de crédit, ton portefeuille rempli de billets à l’épicerie, on te les ramène sur le champ. Au pire, celui qui les a trouvés mettra une annonce dans le journal de la localité. Les enfants naissent dans cette atmosphère, elle les entoure depuis leur plus jeune âge. La trempiada (station de stop), à l’entrée de chaque yichouv, fait partie de leur quotidien comme la synagogue, leur gan et le terrain de jeux…

Pourquoi les forcer à refuser cette confiance innée en l’être humain ? Pourquoi les condamner au cynisme ?

Et voilà que des enfants, qui auraient pu être les miens, ont été pris au piège dans ce quotidien qui est le leur, qui est le nôtre. Depuis vendredi, être une mère d’adolescents, c’est avoir mal à chaque battement de cœur.

Aujourd’hui, je pense à Bat Galim, à Ra’hel et à Iris. Et je leur offre la seule chose que je puisse leur offrir : mes prières.

Penser à ces enfants, penser à ses enfants. Avoir envie de hurler sur ceux qui accusent la victime et pleurer sur leur perte de valeurs. Être rongée d’inquiétude et tenter de ne pas le montrer alors que, demain, mes fils vont prendre la route. Avoir tant de choses à dire et si peu de mots pour les exprimer. Regarder la lune et espérer qu’ils la voient aussi. Prier pour qu’ils n’aient pas peur, pour qu’ils ne perdent pas espoir en D.ieu et qu’ils aient confiance en nous, en eux.

C’est aussi pleurer d’émotion devant ce peuple si unique, qui se déchire si souvent, mais qui s’unit si facilement, se demander d’où ces trois familles tirent la force de sourire face aux caméras et finalement, se dire que les deux choses sont liées. Le but du terrorisme est de terroriser. Je refuse de lui offrir cette joie. Je vis, libre, dans mon pays, dans cette région qui est le berceau du peuple juif.

C’est là que grandissent mes enfants, pour qui cette terre est une évidence. Demain, ils vont reprendre la route. Après-demain, ils défendront leur pays. Je vais devoir faire avec ce sentiment ambivalent : la peur et la fierté, la joie et le pincement de cœur.

Mais aujourd’hui, je pense à Bat Galim, à Ra’hel et à Iris. Et je leur offre la seule chose que je puisse leur offrir : mes prières.

Paru sur le magazine Hamodia - Édition française.

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