Spiritualité

Voie n°22 : Dominer la frustration

26/10/2011 | par Noa'h Weinberg

C'est un monde dur et nous devons faire preuve de constance. Renoncer, c'est tomber dans la frustration.

Imaginez que vous venez d'acquérir une voiture de sport, flambant neuf et que vous la conduisez pour la première fois. Vous vous approchez d'un feu, il devient orange. Vous ralentissez précautionneusement et vous vous arrêtez. Soudain, quelqu'un vous heurte par l'arrière. Et comme si cela ne suffisait pas, le conducteur recule et vous carambole à nouveau. Maintenant vous êtes furieux! Votre merveilleuse voiture de sport, toute rutilante qui vous a coûté une année de salaire !

Vous bouillez de rage, prêt  à donner au gars ce qu'il mérite… quand tout à coup, un petit homme d'un mètre cinquante sort de sa voiture. 
" Dîtes donc monsieur, commencez-vous, d'un ton bien plus calme que celui que vous aviez l'intention d'utiliser, on dirait que vous êtes rentré dans ma voiture ! Vous vous êtes fait mal ? Etes-vous assuré ? ".

Comment avez-vous fait pour éteindre si rapidement votre colère ? Au niveau intellectuel, l'on saisit bien que la colère est contre productive. Nous possédons la force de contrôler nos émotions. Quelque horripilante que puisse être une situation, nous pouvons mettre la colère de côté et agir avec civilité. Tout particulièrement lorsqu'on se trouve devant un interlocuteur d'un mètre cinquante !

Ere'h apayim signifie littéralement " longues narines ". Avez-vous remarqué comment les narines s'écartent lorsqu'un individu se met en colère ? Un moyen de vivre en bonne santé est de conquérir cette frustration.

Une personne en colère agit comme un animal sauvage. Elle renonce à toute retenue. Elle peut claquer une porte et crier des obscénités. Elle est aveugle aux conséquences de ses actions, d'où l'expression " colère aveugle ". Elle se laisse aller à la frustration.

Une première approche pour conquérir la colère est de reconnaître combien elle est contre productive. Quand vous sentez que la frustration est en train de se construire en vous et qu'une petite voix à l'intérieur de vous dit : " Hurlons sur ce gars pour le tuer de notre colère", demandez-vous : " et quel bienfait vais-je en tirer ? Je ne vais qu'être moi-même gêné et je vais le regretter ".

Si nous pouvions nous voir en vidéo lorsque nous nous mettons en colère, l'humiliation pourrait peut-être nous guérir pour le reste de notre vie !

N'ABANDONNEZ JAMAIS PAR FRUSTRATION

N'avez-vous jamais entrepris d'apprendre quelque chose de nouveau comme une langue nouvelle, un nouvel instrument de musique, et puis vous avez abandonné ?

Abandonner est une autre manière de se laisser aller à la frustration.

Observez que c'est un monde dur et que nous devons être consistants dans ce que nous entreprenons. Ne tournez jamais le dos au milieu du chemin. Suivez-le jusqu'au bout.

Regardez combien de projets vous avez entrepris et puis abandonnés parce que vous vous étiez énervés et avez perdu patience. Faîtes une liste des choses que vous avez commencées et arrêtées parce qu'elles vous ont paru trop difficiles. Maintenant calculez les sentiments de déception et de perte que vous avez ressentis parce que vous avez été impatients.

Comment réparer cette erreur ? Regardez la liste des choses auxquelles vous avez renoncé. Choisissez-en une et prenez la décision de l'accomplir. Et pour le reste de votre vie, une fois que vous entreprenez quelque chose, prenez la résolution de ne jamais abandonner (à moins que vous ne soyez objectivement sûr que cela n'en vaut pas la peine, c'est à dire qu'à la base vous vous êtes trompé dans l'estimation du rapport entre l'investissement et le résultat).

Chaque soir avant d'aller dormir, faîtes un petit compte ! Qu'est-ce que j'ai gagné et qu'est-ce que j'ai perdu ?

LA PERTE DE CONFIANCE

Outre le résultat évident qui vient de l'abandon (c'est à dire de ne pas avoir accompli son but), il y a un effet secondaire épouvantable : la perte de la confiance en soi. Si nous abandonnons une fois, la prochaine fois que nous entreprendrons quelque chose, nous n'aurons pas confiance en nous pour aller jusqu'au bout.

Pour voir à quel point cette approche peut être néfaste, faîtes une liste des projets auxquels vous avez pensé mais n'avez jamais même entamés parce que vous n'avez pas cru que vous seriez capable de les accomplir. Regardez combien vous croyez peu en vous-même ! Après quelques échecs, vous en attendez toujours plus !

Quand quelqu'un arrête d'avoir confiance en lui-même, il entre dans une impasse critique. Il commence à accepter l'idée que ce n'est pas grave d'être médiocre. Or c'est une attitude auto-destructive.

Décidez qu'à partir de maintenant chaque fois que vous aurez un projet, vous vous assiérez et considérerez combien de temps, d'énergie et d'effort vous sont nécessaires. Et puis décidez s'il est réaliste ou non. Si vous concluez positivement, alors commencez avec confiance et ne vous permettez pas d'abandonner, à moins que quelque chose, que vous ne contrôliez pas, n'arrive.

Quand les choses deviennent difficiles et que la petite voix dit : " non, ça ne vaut pas le coup ", dîtes-vous à vous-même : " ça vaut le coup ! ". 
Quand vous allez jusqu'au bout, non seulement le projet est mené à bien, mais en plus cela construit la confiance en soi, ce qui constitue une raison suffisante pour coller à la tache.

JUSTE CINQ MINUTES DE PLUS

La frustration peut résulter du fait qu'on ne va pas aussi vite qu'on le voudrait. Il est alors important de juger de ce que l'on a fait et d'en voir les résultats même s'ils ne sont que microscopiques. Le sentiment d'accomplissement vous donnera une bonne image de vous-même.

Pour surmonter l'envie d'abandonner, prenez-vous vous-même au piège. Un marathon de 3 heures est pratiquement impossible, mais courir 10 tours de 18 minutes chacun paraît plus raisonnable. Cassez les choses en petits buts accessibles. Et puis, quand vous êtes dans le feu d'un projet et que vous vous sentez sur le point d'abandonner, dîtes-vous simplement : " encore 5 minutes et j'arrête ! ". Et quand les 5 minutes sont passées, marchandez-en encore 5.

La frustration est plus facile à supporter à petites doses. Si vous vous battez avec un régime, décidez que pour " aujourd'hui " vous allez vous en tenir au jus d'orange et aux protéines. Demain vous pourrez vous permettre un bon steak bien gras avec des frittes ! Cela vous aidera à convaincre votre corps de tenir jusqu'à ce que le travail soit achevé.

Dans le domaine spirituel, nos Sages disent : " Si tu travailles et que tu ne réussis pas, cela signifie que tu n'as pas assez travaillé". Même s'il n'y a aucune garantie de succès dans tous les autres domaines, le succès est assuré dans le domaine spirituel. Et savoir cela aide à construire la confiance en soi.

Acceptez la douleur et acceptez la frustration parce que tout individu qui s'assoit sur des clous a le sens de sa liberté. Il sait qu'il peut faire ce qu'il veut.

Quelle qu'en soit l'issue, chaque pas dans la voie du succès fait progresser votre sentiment de confiance en vous-même et vous maintient sur la route du succès véritable.

LA FRUSTRATION DE PERDRE SON TEMPS

Est-il cohérent d'envisager que votre vie sera toujours débarrassée de tout sentiment de frustration et une route sans embûche ? En aucune façon.

Dans le Livre des Proverbes, le Roi Salomon affirme : " le juste tombera sept fois et se relèvera. L'impie ne tombera qu'une fois ". Nous observons que le Juste n'est pas défini comme quelqu'un qui ne fait jamais d'erreurs. Mais cette personne atteint plutôt la grandeur parce qu'elle essaie et essaie encore. Elle ne voit la frustration que comme une nuisance passagère et n'abandonne donc jamais. C'est justement le fait qu'elle soit tombée sept fois qui fait sa grandeur !

Vous devez faire la distinction entre ce que " vous espérez qu'il arrive " et ce qu' " il va probablement arriver ". La vie est inévitablement faite de hauts et de bas, de moments d'apaisement et de moments de tension. Quand vous apprendrez à accepter cette réalité, vous vous rapprocherez d'un pas de l'acceptation de la frustration, d'une manière saine.

La prochaine fois que ce sentiment fait irruption en vous, rappelez-vous juste que " c'est la vie ! ".

PRENEZ LES CHOSES DANS LA FOULEE

La joie est l'un des outils les plus efficaces pour éliminer la colère et la frustration. Si nous sommes tristes, alors nous sommes moins patients et moins tolérants pour tout et tout le monde.

Hier, quand quelqu'un vous a marché sur le pied, il se peut que vous lui ayez lancé  : " Regardez où vous marchez ! ". Mais disons qu'aujourd'hui vous avez gagné le gros lot et que quelqu'un marche sur votre pied. " Aucun problème mon ami, dîtes-vous avec un grand sourire, bonne journée ! ".

Quelle est la différence ? Se sentir relaxé, confiant et détendu fait reculer la frustration et la colère. De plus, votre bien-être physique s'en ressent également, moins d'ulcères, de tension etc.

Mais n'attendez pas de gagner à la loterie pour agir de la sorte !

JOUISSEZ DE LA FRUSTRATION

Etre capable de supporter la frustration est un moyen de l'affronter. Un niveau supérieur, souvent caractéristique de ceux qui parviennent à la grandeur, est de se résoudre à aimer la frustration et à s'en servir !

Si vous y pensez, vous allez voir que bien au fond de vous-même, en réalité, vous aimez être frustré. Imaginez que vous alliez vous acheter un puzzle de mille pièces. Vous le ramenez chez vous, ouvrez la boite et découvrez que toutes les pièces sont numérotées. Vous êtes furieux ! Pourquoi ? Parce que vous avez payé pour une boite de frustration et qu'on vous en a enlevé le challenge !

La vie est comme un puzzle ! Quand vous affrontez un problème complexe, essayez d'abord d'en construire le cadre, un sens global de ce que vous voulez, en fin de compte, résoudre. Et puis installez-vous devant le puzzle, et mettez-le en ordre, pièce par pièce.

Dans la vie de tous les jours, trouvez également du plaisir à surmonter les frustrations. Tellement de choses se résolvent par d'âpres combats. Que ce soit la naissance ou la promotion professionnelle, nous acceptons certaines douleurs comme un prix à payer pour le plaisir qui en découlera.

En réalité, plus le défi est grand plus nous nous élevons pour le relever. Imaginez une personne malade dont la souffrance est intolérable. Elle peut décider de ne pas laisser la souffrance lui voler plus de qualité de vie que nécessaire. Elle peut se décider à travailler avec la douleur plutôt que contre elle. A ce moment de la décision, elle réduit considérablement la souffrance, peut-être pas physiquement mais émotionnellement.

CROYEZ QUE VOUS POUVEZ LE FAIRE

Il existe deux types de problèmes : ceux que vous savez pouvoir résoudre et ceux dont vous n'êtes pas sûr du résultat. 
Bien évidemment le premier type est plus facile à affronter. Quand vous savez que c'est faisable, vous avez plus de volonté à combattre la frustration.

" Essayez de toujours transférer vos problèmes dans la catégorie " connue " de frustration. Quand vous êtes monté, pour la première fois, à bicyclette, vous avez certainement eu peur de tomber et de vous briser le cou ! Mais vous avez regardé autour de vous et avez vu d'autres enfants stables sur leur engin. Voir d'autres réussir vous a donné la confiance de vous lancer (et si vous n'aviez jamais vu quelqu'un sur un vélo à une roue, vous penseriez que c'est une complètement impossible à accomplir !).

Perdez l'habitude de dire " c'est impossible ". C'est une attitude défaitiste et l'excuse pour ne même pas essayer.

La sagesse est l'un des talents les plus difficiles à gagner et donc est sujette à nombreuses frustrations : D.ieu ne lance jamais à personne un défi qu'il ne peut relever. Nous savons que s'ils peuvent le faire, alors nous aussi. Et quand on croit qu'on peut y arriver, on a déjà parcouru la moitié du chemin.

D.IEU PERMET DE SURMONTER LE DEFI

Il existe un aspect métaphysique plus profond au défi : D.ieu n'envoie pas un défi que l'on ne peut relever. Cela met donc chaque défi dans la catégorie des " surmontables ". D.ieu ne nous met pas la barre plus haut que ce que nous pouvons sauter car sinon nous échouerions. Et D.ieu veut désespérément que nous réussissions.

De la même façon, pour ceux qui croient que D.ieu s'adressa à l'humanité au Mont Sinaï et donna la Torah au Peuple Juif, tous les problèmes tombent automatiquement dans la catégorie des frustrations " connues ". Si D.ieu nous dit que nous devons aider l'humanité, travailler ensemble et nous aimer les uns les autres, cela signifie que c'est possible. D.ieu n'est pas sadique. Si cela n'était pas possible, Il ne nous aurait pas enjoints de le faire.

C'est la raison pour laquelle le Judaïsme affirme que la frustration et la colère sont semblables à l'idolâtrie. Parce que dire " je ne peux pas le faire " équivaut à dire que D.ieu ne s'implique pas dans la direction de nos vies. " Je ne peux pas " signifie " je ne crois pas que D.ieu puisse m'aider ". Et ça, c'est de l'idolâtrie.

La vie n'a pas de problèmes seulement des occasions.

POURQUOI LA "CONQUETE DE LA FRUSTRATION" EST-ELLE UN INGREDIENT DE LA SAGESSE ?

- Ceux qui abandonnent ne gagnent jamais et ceux qui gagnent n'abandonnent jamais.

- Quand vous abandonnez parce que vous vous sentez frustrés vous perdez la crédibilité et la confiance en vous. Adoptez le mot d'ordre " je vais surmonter ma frustration ". 
 
- La meilleure manière d'affronter la frustration est de l'accepter comme un challenge …et de l'aimer.

- Concentrez-vous sur les progrès et prenez plaisir à chaque pas que vous faîtes, même s'il est tout petit

- La colère est appelée idolâtrie parce que vous prenez les ordres du mauvais chef.

- La vie est difficile et le chemin de la grandeur est pavé de frustration. Vous ne pouvez parvenir aux cieux sur des roller skates.

- Quand nous savons que c'est D.ieu qui lance le défi, alors nous savons que nous pouvons le relever.  

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