Développement Personnel

Le sosie d’Obama

04/11/2012 | par Sara Debbie Gutfreund

Et si le costume faisait le président ?!

Louis Ortiz était un Porto-ricain au chômage vivant dans le Bronx. Un soir, alors qu'il était attablé devant une bonne bière dans le bistro du coin, le barman lui lança : « Tu sais à qui tu ressemblerais si seulement tu te rasais la moustache? A Obama ! Ma parole, tu es sa copie conforme ! »

Ortiz ne se le fit pas dire deux fois. Sa bière descendue, il retourna dans le taudis qui lui servait d'appartement et s'observa longuement devant le miroir. Puis il se rasa la moustache et manqua de défaillir. Car le reflet que lui rendait le miroir ressemblait à s'y méprendre à celui du président. Avisant ses habits crasseux et déchirés, il ouvrit son placard et enfila ses plus beaux vêtements. Et les regards ahuris que lui lancèrent les passants une fois sorti de son appartement l’informèrent qu’une juteuse opportunité d’emploi lui était tombée entre les mains.

Depuis ce jour, il pose pour des magazines et joue dans des films. Il ne quitterait non nouveau job pour rien au monde. Partout où il va, les gens veulent lui serrer la main et s’agglutinent autour de lui. « Parfois, j’ai envie de crier : « Hé !Ce n’est que moi ! » Mais à la vérité, ce n'est plus tout à fait le cas... » Vêtu d’un costard- cravate, il se poste aux coins des rues de Manhattan et signe des autographes aux passants. « C'est un drôle de rêve que je vis à présent, » nous confie Ortiz. « Il a suffi que je me regarde dans la glace pour que mon existence se transforme du tout au tout ».

Le conte de fées d'Ortiz me fait penser à un récit similaire raconté par le Rabbin Yaakov Galinsky. Durant les quatre années où il croupit dans les prisons sibériennes, il partagea la cellule d'un prisonnier polonais qui observait un drôle de rituel. Chaque soir, avant de se coucher, il enfilait son uniforme de l'armée qu'il cachait sous son lit, se regardait devant le miroir, puis remettait rapidement ses rayures de bagnard. Intrigué par ce manège, Rabbin Galinsky l'interrogea à ce propos.

« Avant d'être fait prisonnier, répondit le codétenu, j'étais un grand général de l'armée polonaise. Lorsque j’endosse mon uniforme tous les soirs, ne serait-ce que pour une minute, je retrouve mon vrai moi. Je ne suis plus ce prisonnier faible et brisé. Je suis un illustre général de l’armée polonaise, et c’est ainsi que je parviens à conserver ma santé mentale, dans cet enfer. »

Lorsqu’Ortiz s’habilla comme le président, il se mit à agir comme un président.

Nous avons souvent tendance à sous-estimer l'importance de notre apparence extérieure. « C’est l’intérieur qui compte », entendons-nous dire. Cet adage n'est pas faux, mais la réalité est un tantinet plus complexe. Certes, notre valeur personnelle est beaucoup plus importante que notre apparence vestimentaire. Mais d'un autre côté, les vêtements que nous portons possèdent un impact indiscutable sur notre personnalité et notre comportement. Lorsque Louis Ortiz s’habillait comme le dernier des mendiants, il se considérait ainsi. Lorsqu’il s'habilla comme le président, il se mit à agir comme un président. Il commença à marcher différemment, à parler autrement. Et au bout du compte, son regard sur lui-même et sur le monde s'en retrouva métamorphosé.

Fait étrange, des études indiquent que les étudiants qui s’habillent élégamment pour un examen obtiennent de meilleurs résultats que leurs camarades vêtus de manière ordinaires. C’est la raison pour laquelle les athlètes de haut niveau et les entraîneurs enfilent des costumes pour des matchs importants avant de mettre leurs tenues de sport. Lorsqu’on s’habille sérieusement, on commence à se prendre au sérieux et on commence à croire à sa propre réussite

Investir des efforts pour avoir une apparence digne rend aussi les gens plus heureux. À l’instar du général qui revêtait chaque soir son uniforme pour conserver sa santé mentale, une personne qui s'habille de façon convenable se sent mieux dans sa peau.

Le sosie d’Obama est un exemple saisissant de ce que les psychologues appellent « les habitudes fondamentales », ces habitude qui ont des répercussions fondamentales sur notre vie quotidienne. Faire de l’exercice est un exemple capital. Les chercheurs ont découvert que ceux qui commencent et maintiennent une routine d’exercice se mettent soudainement à manger mieux, à travailler de façon plus productive et à dépenser moins d’argent.

« La cognition incarnée » est un domaine scientifique en pleine croissance qui explore les impacts de l'habillement sur le processus cognitif. A en croire ses découvertes, nous ne pensons pas qu'avec notre cerveau mais aussi avec notre corps. Nos processus de réflexion sont basés sur des expérience physiques qui mettent en mouvement les concepts abstraits associé. L’habillement est l’une de ces expériences physiques. Nous nous regardons dans le miroir, et nous endossons le rôle de ce que notre esprit associe à cette tailleur ou ce costume. L'habit affecte la perception des gens sur notre personne, ainsi que notre propre perception sur nous-même.

Pensez à la manière différente dont la plupart des gens catégorisent une personne vêtu d'un jean troué par opposition à un homme portant un costume de marque. Les habits ne font pas le moine, mais ils pourraient faire l'esprit. Une blouse blanche de laboratoire incite l’homme à être plus attentif à son environnement. Une blouse d'artiste peut nous rendre plus créatifs. Nous habiller comme les personnes que nous admirons peut nous rapprocher d’eux et nous aider à leur ressembler. C'est l'intérieur et l'extérieur réunis ensemble qui comptent, reliant nos comportements et notre aspect vestimentaire à notre Moi intime.

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