Développement Personnel

Les cinq niveaux du plaisir

17/01/2012 | par Aish.fr

La vie est pleine de plaisirs. Mais certains sont largement supérieurs aux autres.

Quels plaisirs un parent veut-il procurer à ses enfants ? De la bonne nourriture, des vacances divertissantes, du tennis, de la musique. Tout cela est merveilleux !

Mais quand ils atteignent l'âge de 25 ans et qu'ils préfèrent toujours le tennis au travail, nous commençons à nous dire : " Il est grand temps qu'il devienne quelqu'un ! " C'est très joli de faire de temps en temps une partie de tennis, mais la vie a bien plus à offrir que de simples " amusements ". Nous voudrions que nos enfants fassent carrière, qu'ils se marient, qu'ils aient des enfants à leur tour.

S'ils arrivent à 35 ans et qu'ils continuent de jouer jour et nuit au tennis, nous nous mettons à crier : " Au secours ! "

Le judaïsme enseigne que Dieu est notre Père dans le ciel, et que nous sommes Ses enfants. Comme tout parent, Dieu veut que Ses enfants profitent des plaisirs de la vie. 
Il existe cinq différents niveaux de plaisir, chacun d'eux représentant une classe à part.

L'avion du plaisir

Les différentes classes de plaisir peuvent être comparées aux sièges dans un avion. La manière la plus agréable de voyager est de le faire en première classe. Puis vient la deuxième classe. Mais comme aucun passager ne veut qu'on pense de lui qu'il voyage en deuxième classe, on l'appelle la classe " Affaires ", la classe " Executive ", ou la classe " Ambassador ".

La troisième classe ? C'est la classe " Touriste ", appelée aussi " Coach " ou " Economy ".

Et la quatrième classe ? On nous met tout en bas avec les animaux dans la soute à bagages.

La cinquième classe ? On nous remet une corde en nous disant : " Cramponnez-vous y ! "

Tout le monde préférerait voyager en première classe. Mais beaucoup n'y arriveront jamais. Ils voyageront toute leur vie durant en cinquième classe, à peine tout juste accrochés. Et parfois, c'est triste à dire, cela devient trop dur et ils lâchent tout.

La mesure du plaisir

Chacune de ces cinq classes de plaisirs est si unique que l'on ne peut pas échanger 10 unités de plaisir de cinquième classe contre une seule unité de plaisir de quatrième classe. Si nous avons une faim de loup, échangerions-nous un bon repas contre une visite du Musée du Louvre ? Troquerions-nous l'amour de notre vie contre un appartement en front de mer sur la Riviera ?

Il faut imaginer le plaisir comme une source d'énergie.

On ne peut pas comparer un plaisir avec un autre. Dans ces conditions, comment attribuer une valeur à n'importe quel plaisir ? Imaginons le plaisir comme un cheval-vapeur, nous procurant de l'énergie. Si nous avons du plaisir, nous devenons impatient d'entreprendre des travaux difficiles. Nous y investissons d'autant plus d'énergie que le dynamisme que nous retirons du plaisir nous donne de l'élan.

En essayant d'estimer la valeur d'un plaisir donné, posons-nous la question : Quand je mange de la crème glacée, combien de plaisir, combien d'énergie, est-ce que j'en retire ? Si j'écoute de la musique, combien d'énergie est-ce que j'en emporte ? Si j'aime quelqu'un, quelle stimulation cela me procure-t-il ? Est-elle plus ou moins forte que celle que crée la consommation d'un cornet de glace ? C'est là une manière rationnelle de la mesurer.

Des plaisirs contrefaits

Il arrive que des gens croient qu'ils obtiennent un réel plaisir, mais ils sont abusés. Par exemple, l'activité sexuelle est un plaisir réel, mais la pornographie en est une contrefaçon. Elle ne stimule que la luxure, et elle déprime au lieu de stimuler. Elle peut sembler excitante au premier abord, mais l'emballement et l'énergie ne sont pas la même chose, et il ne faut pas les confondre.

Le plaisir le plus profusément contrefait dans le monde occidental est la décadence. Voici pourquoi il est contrefait :

La plupart des gens, quand on leur demande quel est le contraire de la douleur, répondent que c'est le plaisir. Mais l'absence de douleur n'équivaut pas automatiquement à un plaisir ! 
Le contraire de la douleur n'est pas le plaisir ; le contraire de la douleur est le confort. Beaucoup de gens pensent que le summum du plaisir est constitué par des vacances sur la Riviera, passées à se vautrer sur matelas à eau, sous le souffle subtil d'une brise légère, une boisson fraîche à portée de la main, chaque muscle du corps agréablement détendu.

Mais il ne faut surtout pas s'endormir, car ce serait perdre tous ces agréments !

Le sommeil et le confort sont indolores. Mais ils ne sont pas un but dans l'existence !

En réalité, la douleur est le prix à payer pour le plaisir. Si l'on veut obtenir un diplôme universitaire et obtenir un bon poste, on doit beaucoup étudier. Si l'on veut devenir un champion olympique, il faut savoir éprouver la douleur de ses muscles endoloris. Et cela, on ne l'obtiendra pas sur une plage de la Riviera. 
Assimiler le confort au plaisir est une contrefaçon. Le plaisir réel ne peut résulter que de l'effort.

Le prix du plaisir

Pour réussir dans la recherche du plaisir, il faut se concentrer sur le plaisir et non sur l'effort.

Imaginons une équipe de joueurs de basket-ball. Ils courent sur le terrain, se donnent à fond à leur sport jusqu'à leurs extrêmes limites. Remarquent-ils leur propre souffrance ? A peine. Le plaisir de jouer submerge toute autre sensation.

Réfléchissons maintenant à ce qui se passerait si l'on proposait aux joueurs l'expérience suivante :

" Vous allez jouer au basket-ball comme vous le faites normalement : courir, sauter, à  l'attaque et en défense. Mais cette fois-ci sans ballon ! "

Pendant combien de temps vont-ils jouer ? Pas plus de cinq minutes ! Parce que sans ballon, il n'y a aucun plaisir qui puisse leur faire oublier la souffrance. Le moindre pas constitue maintenant un effort insurmontable !

Rendons-leur le ballon, et les voilà repartis pour un match de deux heures !

Dans la vie, gardons l'œil sur le ballon ! Concentrons-nous sur le but à atteindre, et transformons tout effort en plaisir !

Apprendre à aimer le plaisir

Nous pensons que le plaisir devrait venir automatiquement. Mais ce n'est pas si simple. De même que l'on ne peut pas aimer pleinement la musique sans avoir acquis une culture musicale, de même doit-on tout apprendre sur les plaisirs.

C'est comme une dégustation de vins. Le vin est beaucoup plus qu'un simple liquide qui nous mouille la bouche et nous laisse éméché. Si l'on veut y goûter en connaisseur, on commence par examiner le bouchon. Puis on apprécie la couleur du vin. On le fait ensuite tournoyer autour du verre. (C'est ce que l'on appelle : " Vérifier les jambes ".) Alors seulement on hume le bouquet, puis on déguste effectivement le vin, en le savourant lentement, et en permettant au goût et à la texture de pénétrer dans toutes les zones de goût de notre bouche.

Si nous n'avalions pas goulûment des crus de grande marque, n'accorderions-nous pas le même respect à la vie elle-même ?

Notre monde est riche en profusions et en trésors, en images et en odeurs, en rapports humains et en énergies, en potentialités et en accomplissements. Si nous n'avalions pas goulûment des crus de grande marque, n'accorderions-nous pas le même respect à la vie elle-même ?

En résumé, souvenons-nous des trois critères qui s'appliquent à toutes les catégories de plaisir :

Il n'y a pas de taux de change entre les divers niveaux de plaisir. Attention aux plaisirs contrefaits ! Pour chaque plaisir, le prix à payer est un effort.

Le plaisir de cinquième classe 

Le plaisir de cinquième classe est le plus élémentaire et le plus disponible. C'est le plaisir physique et matériel. De la bonne nourriture, de beaux vêtements, une maison confortable, de la musique agréable, un beau paysage. Ce plaisir-là comprend tout ce qui fait appel aux " cinq sens ".

Dieu a créé le monde physique pour que nous en profitions. Le Talmud enseigne que si l'on a l'occasion de déguster un nouveau fruit et qu'on refuse de le faire, on devra en rendre compte dans le monde à venir.

Qu'est-ce que les fruits ont de si particulier ? Dieu aurait pu créer une bouillie douceâtre contenant toutes les vitamines et les sels minéraux nécessaires à notre survie. Mais les fruits sont le dessert que le Tout-Puissant nous a réservé. C'est un acte d'amour. Peut-on imaginer que l'on prépare un dîner délicieux pour un être aimé un et que celui-ci refuse d'y goûter ? ! Mais il y a une différence entre déguster des fruits et s'en empiffrer. Et c'est là que se trouve la contrefaçon du plaisir de cinquième classe - trop d'une trop bonne chose. Quand on jouit d'un plaisir de cinquième classe sans savourer ce cadeau, on finit par ne plus être capable de l'aimer. Le vin est merveilleux si on le consomme modérément ; avaler goulûment toute une bouteille nous fera vomir. Nous empiffrer de nourriture nous laissera avec le sentiment d'être dévalorisé, et non avec celui d'être stimulé.

La clé de la conduite à tenir est détenue par la conscience de ce que l'on fait. Quand on en est conscient, on ne perd pas sa maîtrise de soi et l'on ne permet pas à ses appétits de nous dominer.

Cela ne signifie pas qu'il faille encourager l'ascétisme ou le célibat. Les plaisirs physiques viennent de Dieu et ont été créés pour qu'on en jouisse. L'activité sexuelle est considérée comme l'un des actes les plus sacrés que nous puissions accomplir. En fait, le mot hébreu pour la cérémonie de mariage - Qiddouchine - vient du mot qadoch, qui signifie : " sacré ". Voilà pourquoi le Talmud enjoint explicitement aux couples, le Chabbath - le jour le plus sacré de la semaine - à avoir des relations conjugales.

Aimons tous les aspects physiques de ce monde-ci. Voilà le plaisir de cinquième classe que Dieu, notre Père, a créé pour la satisfaction de Ses enfants.

Le plaisir de quatrième classe 

Comme nous l'avons dit plus haut, il n'y a pas de taux de change entre les divers niveaux de plaisir. Aucun montant de plaisir de cinquième classe ne peut nous permettre d'acquérir la moindre parcelle de plaisir de quatrième classe.

Qu'est-ce qui vaut plus que tout l'argent du monde ? L'amour.

En voici une preuve :

Imaginons M. Schwartz, un homme d'affaires dont le but majeur dans la vie est de gagner une fortune de 10 millions de dollars. Sa femme et lui ont trois enfants.

Un jour, un riche philanthrope nommé Cohen décide de faire à Schwartz une offre très généreuse. Cohen déclare : " Vous passez toute votre vie à essayer de gagner 10 millions de dollars. Je vous offre le plus grand raccourci de toute votre carrière. Je vais vous donner 10 millions de dollars immédiatement en échange du droit d'adopter un de vos enfants. Votre enfant aura ce qu'il y a de meilleur au monde. La seule condition est que vous devrez rompre tout contact : vous ne pourrez plus jamais ni voir votre enfant ni apprendre de ses nouvelles. "

Que va dire Schwartz ? Son rêve financier réalisé en un instant ! Mais abandonner un enfant ? Impossible ! " C'est hors de question ! Sortez d'ici ! "

Dix millions de dollars. Un plaisir mirobolant de cinquième classe ne lui fera pas vendre un enfant. L'amour n'est pas une valeur que l'on puisse échanger contre de l'argent.

Mais combien temps Schwartz consacre-t-il à ses enfants ? S'ils lui sont si précieux, pourquoi se montre-t-il si peu empressé dans l'amour qu'il leur porte ?

Après la visite de Cohen, Schwartz a un éclair d'inspiration : " Il faut que je consacre plus de temps à mes trésors ! " Aussitôt, il annonce à sa secrétaire qu'il va prendre une ou deux semaines de vacances et qu'il les passera avec ses enfants.

Schwartz se précipite à la maison. Après s'être acharné pendant une heure sur le dispositif d'ouverture de la poussette, il passe une bonne heure au parc à bien s'amuser avec ses enfants. Mais arrivent l'heure du dîner, celle du bain et celle de l'histoire avant de dormir. Après s'être mesuré aux restes des plats jetés à terre, aux inondations dans la salle de bains et au trentième récit de " Babar va au cirque ", Schwartz s'effondre sur le canapé, se tourne vers sa femme et soupire : " Peut-être ai-je été trop vite en besogne lorsque j'ai annoncé que je prenais deux semaines de vacances… "

Apprendre à aimer

Schwartz sait que ses enfants valent plus que 10 millions. Mais il ne sait pas comment aimer ce plaisir.

Il faut donc commencer par définir ce qu'est " l'amour ".

Le Talmud définit l'amour comme le plaisir émotionnel que nous ressentons à pouvoir identifier les gens par leurs vertus. Si l'on fait cela, on continuera d'aimer ses enfants - et de leur inculquer en même temps la discipline - même lorsqu'ils se lancent des boulettes de viande à travers la salle à manger.

Si l'on ne comprend pas clairement ce qu'est l'amour, tout ce sur quoi on sera capable de porter son attention sera les efforts et les douleurs qu'implique l'éducation des enfants, et on en viendra à la conclusion que c'est vraiment trop astreignant.

Quel est le plus grand " plaisir " de parents moyens ? Leurs enfants.

Quelle est la plus grande " douleur " de parents moyens ? Aussi leurs enfants.

Ce n'est pas par accident que le plus grand plaisir d'un parent soit aussi la source de sa plus grande douleur. Parce que plus grand est le plaisir, plus grand est l'effort nécessaire pour l'obtenir.

Si donc l'on veut réussir dans la vie, la clé du succès n'est pas d'éliminer entièrement la douleur - ce serait impossible. Mais c'est porter son attention sur le plaisir que l'on reçoit comme récompense pour tout cet effort.

Amour contre engouement

La contrefaçon de l'amour consiste à croire qu'il est dépourvu de tout effort, et qu'il est quelque chose qui arrive comme cela… L'amour est un coup du destin sans rime ni raison. On ne travaille pas à aimer les gens. Il se produit ou il ne se produit pas. On peut donc, aussi bien que l'on " tombe amoureux ", tomber " hors de l'amour ".

Robert et Catherine sont seuls dans le parc, marchant sous un clair de lune. Passe par là Cupidon qui tire une flèche. Et hop ! Robert et Catherine tombent follement l'un de l'autre !

Ils se marient, ont des enfants, une grande maison, une lourde hypothèque. Robert travaille durement pour payer ses factures, et il reste tard le soir au bureau. Alors qu'il travaille avec sa secrétaire Caroline, arrive Cupidon qui tire une autre flèche. Boingg ! Robert est maintenant amoureux de Caroline.

Robert rentre à la maison et il annonce tout de go à Catherine : " Je suis tombé amoureux de ma secrétaire. Mais qu'y puis-je, ma chérie, c'est la faute au démon de midi ! "

Sort Catherine, entre Caroline.

Plus intime est la connaissance, plus on peut aimer.

Le problème ? Robert ne s'est pas attardé à creuser le caractère de sa partenaire et il n'est donc pas tombé amoureux après avoir profondément compris ce qu'elle est. L'amour de Robert n'est pas basé sur l'engagement et un effort pour révéler des vertus. La Bible dit que " Adam a connu Eve sa femme ". L'amour est bâti sur la connaissance. Plus intime est la connaissance, plus on peut aimer.

Mais le monde occidental pense que l'amour n'est pas quelque chose que l'on choisit : l'amour est quelque chose dont on devient la " victime ". Si donc l'on veut rester marié, tout ce que l'on peut faire c'est espérer ne pas être à nouveau pris pour cible par Cupidon ! Est-il si surprenant, dès lors, qu'il y ait un taux de 50 % de divorces ?

L'engouement n'est pas l'amour, il est juste une attraction physique, une contrefaçon. L'amour réel dure toujours.

Nous voyons cela dans les rapports entre parents et enfants. Aucun parent ne se lèvera jamais le matin pour déclarer : " J'ai décidé que j'aime mieux les enfants des voisins. Ils ne toussent pas la nuit, et ils obtiennent de meilleures notes en maths. Dehors, les gosses ! Faites place aux voisins ! "

Pure démence, non ? Nous ne tombons pas " hors d'amour " avec nos enfants, parce que nous sommes prédestinés à les aimer.

Comment savoir si l'on est amoureux ou victime d'un engouement ? Si l'on entend affirmer : " Il est parfait ! " ou : " Elle est parfaite ! " alors méfions-nous ! Cela n'est pas une réalité. C'est le signe assuré d'un engouement.

Le véritable amour exige qu'on y travaille. Il faut vouloir en faire l'effort.

Le plaisir de troisième classe 

Qu'est-ce qui peut obliger quelqu'un à renoncer à ce qu'il aime le plus profondément ?

Une cause. Le zèle à  vouloir changer le monde. Le désir d'une plus grande signification dans la vie. Le besoin de faire la chose qu'il faut.

Imaginons que des terroristes ont pris un avion en otage et qu'ils se tournent vers vous : " Tuez tous les autres passagers, sinon nous vous tuerons ainsi que vos enfants ! "

Vous ne pourrez pas le faire. Vous ne pouvez pas tuer des innocents, même si c'est le seul moyen de sauver votre propre famille. Vous préférerez mourir.

Dans le judaïsme nous disons : Si l'on ne sait pas ce pour quoi on est prêt à sacrifier sa vie, on n'a pas encore commencé de vivre. Autrement, on ne fait que se livrer à un jeu. Si l'on n'a pas un sens dans votre vie, alors tous les plaisirs physiques, les belles vacances et même les plus merveilleux conjoint et enfants, peuvent nous faire sentir qu'il manque quelque chose.

Apprendre à apprécier la bonté

Il faut de grands efforts pour être une véritable bonne personne. Mais la plupart des gens n'atteignent jamais ce but. Ils se contentent de n'être " pas mauvais ", se satisfaisant de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas commettre d'adultère. Mais être bon est beaucoup plus qu'être simplement " pas mauvais ".

Pourquoi alors n'essayons-nous pas ? Parce que la responsabilité que cela implique semble un fardeau bien plus qu'un plaisir.

Vous êtes en vacances à Paris, et vous faites une excursion sur un de ces bateaux qui parcourent le canal Saint-Martin. Alors que vous êtes en train d'admirer une écluse, l'un des passagers tombe à l'eau. Il ne sait pas nager, et il va se noyer. Vous sautez donc à l'eau, une eau souillée par les ordures, par des cadavres de poissons, mais vous n'en avez cure : il s'agit pour vous de sauver une vie. Vous agrippez l'homme, il résiste, vous disparaissez sous la surface de l'eau croupie, et il finit par cesser de lutter, mais il est devenu à présent aussi lourd que du plomb. Vous le tirez de toutes vos forces, vous haletez, l'eau est puante…

Finalement, après ce qui vous a semblé durer une éternité, vous le traînez jusqu'au bord. Les gens viennent à votre aide, et une ambulance emporte à l'hôpital la victime de la noyade. Dieu merci, il est vivant. Il tousse et crache de l'eau croupissante, mais il est sauvé. Vous retournez à votre hôtel et passez une douzaine de fois sous la douche pour vous débarrasser des odeurs pestilentielles de poisson pourri. Et vous vous dites : " Je ne reviendrai plus jamais ici de ma vie ! "

Trente ans et cent périodes de congés plus tard, quelles sont les vacances qui vous ont laissé le souvenir le plus impérissable ? Ce sont celles où un type est tombé du bateau et où vous lui avez sauvé la vie !

C'est très bien de prendre un plaisir rétrospectif à une bonne action. Mais pourquoi ne pas chercher à le faire par anticipation ? Et même plus : pourquoi ne pas se concentrer sur le bien que l'on est en train de faire ? Le plaisir ne s'en trouverait-il pas rehaussé ?

Avoir l'air bon, et être bon

Il arrive que des gens exécutent des actes de courage qui sont réellement stupides. Les gamins jouent à la " roulette russe " ou à la " poursuite infernale " au risque de se tuer. Ils en retirent une grande fierté et pensent avoir accompli quelque chose d'exaltant. Voilà ce qu'est la contrefaçon d'un plaisir de troisième classe.

La société occidentale connaît une autre version de la contrefaçon d'un plaisir de troisième classe : la réussite financière. On peut être un bon époux, un bon ami, un citoyen loyal, un penseur, un intellectuel - mais si l'on n'a pas gagné beaucoup d'argent, on est en situation d'échec.

Il y a quelques années, une camionnette de la " Brinks " a perdu plusieurs de sacs d'argent. La porte arrière s'était malencontreusement ouverte, et un million de dollars s'étaient répandus dans la rue, l'argent se dispersant sous l'effet du vent. Chacun en attrapait ce qu'il pouvait. Mais l'un des passants est entré dans la banque et lui a rendu 50 000 dollars.

Lorsque la presse a interviewé son père, celui-ci a dit : " Mon fils n'est qu'une mauviette ! " Et lorsqu'on a interrogé ses camarades de travail, l'un d'eux a déclaré : " Dieu lui a offert un cadeau, et cet idiot l'a rendu ! "

" Je suis agent de change ! Je suis vice-président d'une grande société ! Je suis diplômé de Harvard ! "

La contrefaçon de : " être bon " est : " avoir l'air bon ". Beaucoup de gens investissent d'énormes efforts à essayer de gagner l'admiration des autres. Voilà pourquoi tant de personnes s'identifient si fréquemment par la profession ou la carrière. " Je suis agent de change ! Je suis vice-président d'une grande société ! Je suis diplômé de Harvard ! " Si les autres sont impressionnés, cela nous rassure sur notre importance.

Ne nous laissons pas prendre par le : " avoir l'air bon ". La véritable bonté consiste à faire ce qu'il faut faire.

Qu'est-ce qui a incité  Alfred Nobel, le riche homme d'affaires suédois, à créer le prix qui porte son nom ?

Nobel, après avoir inventé  la dynamite, est devenu l'un des plus grands producteurs d'explosifs du monde. Lorsque son frère est mort, un journal a imprimé par erreur la nécrologie d'Alfred au lieu de celle du défunt. Quand Alfred Nobel la lut et qu'il vit que sa vie avait causé tant de destructions et de massacres, il en fut bouleversé. " Est-ce cela ma vie ? ! Il faut que je fasse quelque chose de bien. " C'est alors qu'il décida de créer le Prix Nobel pour ceux qui font du bien dans le monde.

Le plaisir de deuxième classe

C'est par sa contrefaçon que le plaisir de deuxième classe peut le mieux être identifié. Dans quel but des gens sacrifient-ils des vies innocentes ? Pour obtenir le pouvoir.

Staline, Idi Amin Dada, Hitler - une longue liste de tyrans prêts à tuer des millions d'êtres humains pour obtenir le pouvoir. Pour créer un Etat communiste. Pour créer un monde dominé par la race aryenne pure. Mais cette sorte de pouvoir est une contrefaçon. Ce pouvoir ne fait que détruire.

Le véritable plaisir de deuxième classe est constitué par le pouvoir de créativité. Par exemple, l'artiste exerce une maîtrise sur son œil, son bras et la peinture, afin de traduire ses idées en une réalité. Il prend de la matière inerte et la transforme en quelque chose de productif, d'utile et de beau.

Mais certains individus commettent parfois l'erreur de se laisser entraîner à une maîtrise dominatrice. Le dictateur manipule les pièces de l'échiquier, mais c'est dans le dessein de détruire des vies humaines et la société. Ce n'est là qu'une illusion de créativité.

Le seul moyen de savoir si l'on crée ou si l'on manipule, c'est par le résultat. La créativité  procure aux autres du plaisir. La manipulation aboutit à la destruction.

Que préfère-t-on être : un salarié ou le patron ? Même si une entreprise ne peut pas fonctionner sans des salariés, il y a une plus grande satisfaction à en être le patron. Au lieu d'obéir simplement aux ordres, il détient le pouvoir de créer, de diriger, de planifier et de concevoir. On se désaltère à la source du pouvoir créatif - la sagesse et la compréhension.

De la même manière, l'une des plus grandes formes de plaisir de deuxième classe est la création d'une famille : donner naissance à des enfants, puis leur inculquer des valeurs, et en faire des hommes et des femmes sains, productifs et attentifs au sort d'autrui.

Pourquoi la créativité  soulève-t-elle un tel enfièvrement ? Parce qu'elle touche à  l'essence de Dieu. L'expression ultime de la créativité a été  la création du monde par Dieu. Il a fait quelque chose à partir d'absolument rien. Seul un Etre Infini pouvait faire cela. Exprimer notre propre créativité est une réplique de ce pouvoir.

Le plaisir de première classe 

Imaginons quelqu'un qui a maîtrisé  les quatre classes de plaisir. Il jouit d'une très grande richesse et de plaisirs matériels, d'une belle famille qui l'entoure de son affection, d'une existence porteuse de signification, d'un pouvoir qu'il utilise pour propager le bien dans le monde. Mais il lui manque encore quelque chose :

Une rencontre avec Dieu.

Aucun être humain n'est totalement satisfait s'il ne parvient à côtoyer une dimension transcendante. Quand tout est dit et fait, ce que nous cherchons tous est de pouvoir nous écarter de ce monde fini et nous relier avec l'infini, de devenir un avec Dieu.

Comment réagirions-nous si l'on nous disait : " Je dispose d'une chambre où vous pourrez vous asseoir et converser pendant une heure avec le Tout-Puissant Lui-même. " Est-ce que nous ne sauterions pas sur l'occasion ? Ne serait-elle pas pour nous l'expérience ultime ?

Ce serait fantastique.

Nous avons tous des moments où nous sommes frappés par le fantastique de la vie : la naissance d'un bébé, le spectacle des étoiles au-dessus de nous, l'observation d'un éclair pendant un orage. Cela nous met hors d'haleine.

Le fantastique représente un moyen de faire fondre notre insignifiance dans quelque chose de beaucoup plus grand. Nous rompons nos propres limitations et nous nous relions à l'unité de Dieu.

Un plaisir de première classe ne peut se comparer à aucune autre expérience. Rien de ce qui est fini, rien de ce qui est relié à ce monde-ci, ne peut se comparer avec l'infini.

Une attitude de gratitude

Pour le plus grand plaisir, nous devons payer le plus grand prix : la gratitude.

Afin de nous relier à  Dieu, nous devons apprendre à apprécier tout le bien qu'Il nous a fait. Cela veut dire abandonner l'illusion que nous seuls sommes responsables de nos accomplissements. Ce sont tous des cadeaux de Dieu. De même que chaque coup de pinceau de Picasso porte sa signature, de même tout ce qui se trouve dans ce monde porte sur lui la signature de Dieu. Nous devons apprendre à l'apprécier .

Tout ce qui se trouve dans ce monde porte sur lui la signature de Dieu.

Si nous faisons l'effort d'apprécier les cadeaux que Dieu nous a accordés, nous acquerrons une conscience tellement aiguë de Sa présence que tout ce que nous faisons sera accompagné par un sentiment de Son amour et de Sa direction. Nous en serons submergés au-dessus et au-delà de tout autre plaisir possible.

En fait, c'est le but ultime pour lequel homme a été créé. Nous sommes venus sur terre afin de surmonter les illusions et d'employer notre libre-arbitre à bâtir un rapport avec Dieu. Il aurait pu faire des robots, mais Il ne l'a pas voulu. Il veut une relation rée

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