Spiritualité

Destin et fatalité

30/05/2012 | par Rav Aryeh Kaplan

Dieu prédétermine la durée de vie, la richesse et les opportunités basiques d’une personne – mais laisse amplement de la place au libre arbitre.

Afin d’accomplir Son but suprême, D.ieu a décrété que le bien aussi bien que le mal cohabitent sur terre et que chaque homme remplisse sa mission ici-bas en s’efforçant d’acquérir des bons traits de caractère et surmonter les mauvais traits qui sont en lui. Par exemple, la fierté est un mauvais trait de caractère, tandis que son opposé, l’humilité, en est un bon. La pitié est un bon trait de caractère, tandis que la cruauté en est l’opposé. La capacité à être satisfait de son sort est une qualité tandis que son opposé est un défaut. Il en va de même pour tous les autres traits de caractère humains.

Afin de fournir un environnement propice à l’existence de ces traits de caractère, D.ieu a divisé les individus en différentes positions sociales. Chacune d’entre elles constitue un défi pour un individu spécifique, permettant à toutes ces mauvaises qualités d’exister, tout en lui offrant l’opportunité de lutter contre elles pour s’attacher au bien.

L’accomplissement de la Torah divine nécessite également l’interaction sociale qui résulte de ces différentes variations de position. Ainsi, par exemple, si la richesse et la pauvreté n’existaient pas, les riches n’auraient pas eu l’opportunité de manifester de la générosité ou de l’indifférence aux pauvres qui ont besoin de leur aide. De même, il n’aurait pas été possible de mettre à l’épreuve les pauvres pour déterminer si oui ou non ils seront satisfaits de leur sort et remercieront D.ieu pour le peu qu’ils ont tout de même.

Le but principal de la Providence Divine dans ce monde est donc de placer chaque personne dans la position sociale qui lui convient afin qu’elle puisse servir D.ieu selon sa destinée. Toutes les choses que D.ieu fait dans ce monde sont dirigées vers cet objectif précis. Certaines choses affectent directement la personne concernée, tandis que d’autres sont utilisées pour constituer les chaînes d’évènements qui le dirigeront vers sa destinée.

Qu’il soit riche ou pauvre, malade ou en bonne santé, l’homme peut toujours utiliser ses qualités pour le bien ou le mal.

Chaque position sociale constitue un défi dans lequel l’homme peut choisir de servir D.ieu au mieux de ses capacités ou non. Qu’il soit riche ou pauvre, malade ou en bonne santé, intelligente ou stupide, l’homme peut toujours utiliser ses qualités pour le bien ou le mal. A propos de ce principe important, D.ieu nous a dit à travers Son prophète : « Que le sage ne se vante pas de sa sagesse ! Que l’homme fort ne se vante pas sa force et que l’homme riche ne se vante pas de sa richesse ! Si quelqu’un veut se vanter, qu’il se vante d’avoir de l’intelligence et de me connaître, moi, le Seigneur qui met en œuvre la bonté, le droit et la justice sur terre. Oui, c’est cela qui me plaît, dit le Seigneur » (Jérémie 9, 22-23).

Faire de son mieux

Bien que sa position sociale puisse entraver sa propension à faire le bien, l’homme est tout de même tenu d’utiliser toutes ses ressources pour servir D.ieu. Pour cette raison, il est enseigné : « Dans toutes tes voies, connais-le et il dirigera tes sentiers » (Proverbes 3, 6). Si à cause de na nature ou de son environnement, l’homme rencontre plus de difficultés à servir D.ieu, alors sa récompense sera encore plus grande, étant donné que le salaire est toujours attribué en fonction de l’effort à fournir. De même, dans ce cas précis, sa punition pour avoir enfreint les commandements divins sera réduite, étant donné que D.ieu prend en considération ses circonstances atténuantes.

Au bout du compte, l’ensemble des circonstances s’équilibrent justement.

A l’inverse, l’homme qui, en raison de sa position sociale, a plus de facilités à servir D.ieu sera puni d’autant plus sévèrement pour avoir failli à son devoir. Même si la Providence facilite la tâche à certains, et la rend plus difficile à d’autres, la vérité c’est qu’au bout du compte, l’ensemble des circonstances s’équilibrent justement.

Cette idée met en évidence le fait que, s’il est vrai que la position sociale d’un homme est décrétée par D.ieu, cela ne le dispense pas pour autant de faire de son mieux pour servir D.ieu. Semblablement, le fait que D.ieu ait décrété qu’un homme soit pauvre doit encourager le riche à lui faire la charité, car c’est précisément la raison pour laquelle D.ieu a créé un monde contrasté. De même, même s’il a pu être décrété qu’un homme soit assassiné, cela n’excuse pas pour autant son meurtrier, car D.ieu possède beaucoup de messagers.

Mazal Tov !

Les circonstances de la vie sont déterminées par un nombre extrêmement important de variables, dépendant des lois de la nature, de ses efforts personnels, de son mérite et de sa bonne ou mauvaise fortune, mazal en hébreu. La fortune, à son tour, est largement déterminée par son origine, l’époque et le lieu dans lequel il vie, sa société, ses mœurs et sa profession.

En tant qu’individu, l’homme fait aussi partie de la société. Son mazal va donc nécessairement affecter l’ensemble du groupe dont il fait partie et mettre en place des chaînes d’évènements qui pourraient affecter jusqu’à l’humanité entière. C’est pour cette raison que le mazal d’un homme ne peut dépendre uniquement de son mérite personnel, mais est plutôt grandement déterminé par la place qu’il occupe dans le plan général divin. Par conséquent, on nous enseigne que la durée de vie d’un homme, ses enfants et son gagne-pain ne dépendent pas autant de son mérite que de sa bonne fortune. D.ieu ne réorganise pas Son plan universel pour le bénéfice d’un seul individu.

En se rapprochant de Dieu une personne peu transcender son mazal

Nos Sages ont donc énuméré de nombreuses choses qui dépendent du mazal, même un rouleau de Torah dans son arche. Même si les choses comme la vie, la subsistance et les enfants sont, dans une certaine mesure, influencées par le mérite et la prière, dans la majorité des cas, elles sont également déterminées par la bonne ou mauvaise fortune de chacun.

Toutefois, tandis que l’homme se rapproche de plus en plus de D.ieu, et de ce fait, jouit d’un plus grand degré de providence, il peut transcender son mazal. Voilà pourquoi on nous enseigne qu’Israël n’est pas entièrement dominé par le mazal. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’en définitive, tout se trouve entre les mains de D.ieu, et aucun homme ne peut réellement connaître la mesure dans laquelle D.ieu le guide et le protège en toutes circonstances.

Une part d’effort personnel

Bien que la bonne ou mauvaise fortune de l’homme soit essentiellement déterminée dès sa naissance, il est toujours possible de modifier les circonstances de sa vie. Au prix d’efforts sincères et de travail assidu, l’homme peut modifier son mazal, aussi bien dans le domaine matériel que dans son niveau spirituel. Le psalmiste fait allusion à cette idée dans le cantique : « Cantique des degrés. Heureux l’homme qui craint l’Eternel et marche dans Ses voies. Tu te nourriras du travail de tes mains. Heureux es-tu ! A toi, le bonheur ! » Et nos sages de commenter : « Heureux es-tu » — dans ce monde-ci, et « à toi le bonheur » — dans le Monde A Venir.

De même, bien que D.ieu ait pu décréter du bien pour un homme, celui-ci doit tout de même travailler pour l’obtenir, comme nous le dit la Torah : « D.ieu le Seigneur t’a béni dans tout le travail de tes mains » (Deut. 2, 7). La plus grande bénédiction est celle des justes, dont aucun effort n’est accompli en vain. C’est à leur propos que le prophète déclare : « Ils ne peineront pas pour rien, ils n’auront pas des enfants pour le trouble » (Isaïe 65, 23).

Toutefois, il existe certains domaines dans lesquels tous les efforts du monde ne pourront pas pousser l’homme hors des limites que le plan divin lui a fixées. L’Ecriture fait allusion à cette idée lorsqu’elle affirme : « C’est la bénédiction du Seigneur qui enrichit et le tourment n’y ajoutera rien » (Proverbes 10, 22). Pour cette raison, on nous enseigne que si durant cinq ans, un homme ne voit pas de signe de réussite dans une quelconque entreprise, cela signifie sans doute qu’il n’y verra jamais de succès. De même, on nous enseigne qu’il n’est pas bon de faire preuve de trop d’obstination pour parvenir à ses fins, parce que toute chose a son heure et sa place.

Chaînes d’évènements

D.ieu juge chaque individu à l’égard de ses ancêtres qui l’ont précédé, ses descendants qui lui succèderont, ainsi que les membres de sa génération, ville et communauté qui sont associés avec lui. De tous ces paramètres, ce sont les origines de l’homme qui ont le plus de retentissement sur sa bonne ou mauvaise fortune et sa destinée. Cela est du à la fois aux effets de l’hérédité et de l’environnement, mais aussi aux valeurs morales que les gens intériorisent à travers leurs parents. Une providence très particulière est donc conférée à l’enfant lors de sa conception ; au moment où ses traits héréditaires et la majeure partie de son mazal sont déterminés. De même, une dose supplémentaire de providence est mise en évidence au moment de la naissance.

Le degré d’intervention divine pour aboutir à un mariage est tel qu’il relève du miracle

Chaque mariage met en œuvre une chaîne d’évènements si complexe qu’elle pourrait quasiment en faire un monde en soi. Voilà pourquoi, le degré de providence requis pour former un couple est aussi grand que celui requis pour accomplir un miracle. D’où l’affirmation de nos Sages voulant que l’occupation principale de la providence est de faire des mariages, allant même jusqu’à unir des hommes et des femmes issus d’extrémités opposées de la Terre.

En conséquence, aussitôt qu’un enfant est conçu, D.ieu entreprend de mettre en place la chaîne d’évènements qui conduira à son éventuel mariage. Néanmoins, cette planification peut faire l’objet de révisions constantes, étant donné que l’homme possède le libre-arbitre et que son choix de conjoint sera affecté par ses valeurs morales. De plus, comme tous les aspects de la destinée de l’homme, cela peut être modifié par le mérite et la prière. Mais au bout du compte, quels que soient les agissements de l’homme, la formation d’un couple se trouve entre les mains de D.ieu. Pour qu’un mariage soit réussi, il doit être l’œuvre du ciel. D’où l’affirmation de Salomon : « Une maison et ses richesses sont l’héritage venu des pères ; mais une femme douée de discernement est un don de l’Eternel » (Proverbes 19, 14).

Positions économiques

Autant important au déroulement de l’histoire que le contrôle divin des populations humaines, l’est la régulation divine de la vie économique mondiale. Cette fois encore, on nous enseigne que l’une des tâches principales de la Providence Divine consiste à déterminer le statut économique de la personne pour ensuite l’insérer dans le plan général divin. Il est donc écrit : « L’Eternel appauvrit et enrichir ; il abaisse et il élève » (I Samuel 2, 7). Dans la même optique, le psalmiste affirme : « Car D.ieu est celui qui juge : il abaisse l’un, et il élève l’autre » (Psaumes 75, 8).

Le degré de providence requis pour placer chaque individu dans sa propre situation économique est aussi grand que celui requis pour effectuer un miracle. Ceci est d’autant plus vrai que la richesse affecte chaque personne différemment, et ne peut donc être allouée à l’égard du seul mérite. Pour cette raison, la clé de la richesse demeure exclusivement dans les mains de D.ieu, et même les justes n’ont pas l’assurance d’une subsistance aisée.

D.ieu sait ce qui est bien pour chaque personne, et attribue donc son gagne-pain en conséquence.

En règle générale, la chaîne d’évènements gouvernant la situation économique de l’homme est largement déterminée par le moment de sa conception. En outre, chaque personne est constamment jugée, et sa position financière est évaluée à différents moments. D.ieu s’efforce de combler les besoins et les désirs de chaque créature, comme le dit le Psalmiste : « Tu ouvres ta main et du combles à souhait tout ce qui a vie » (Psaumes 145, 16). Toutefois, D.ieu sait aussi ce qui est véritablement bien pour chaque personne, et attribue donc son gagne-pain en conséquence. D’où la prière du Roi Salomon : « Tu traiteras chacun selon sa conduite, selon que tu connais son cœur, car seul Tu connais le cœur de tous les humains » (II Chroniques 6, 30).

L’homme devrait placer sa foi en D.ieu et savoir que tout comme Il a donné la vie, Il donnera la subsistance. Néanmoins, l’homme doit aussi fournir sa part d’effort pour planifier son futur, cela afin de ne pas entrer dans la catégorie de celui dont il est dit « Ton existence flottera en suspens » (Deut. 28, 66). Quiconque a une entière confiance en D.ieu est assuré qu’il sera couronné de succès dans toutes ses entreprises.

Durée de vie

Bien que la durée de vie totale d’une personne dépend de son patrimoine héréditaire et son environnement, ses jours sont largement prédéterminés depuis le moment de sa conception, et peut-être même plusieurs génération en arrière. Nous trouvons donc écrit : « Les jours de l’homme sont peu nombreux et remplis de trouble. Comme la fleur, il pousse et se flétrit, [sa vie] fuit comme l’ombre et n’a point de durée… Ses jours sont déterminés, le nombre de ses mois est avec Toi. Tu lui as imposé des limites qu’il ne saurait dépasser » (Job 14, 1-5).

Lorsqu’un homme vit le nombre de jours qui lui sont impartis, il meurt sans crainte ni souffrance, à l’image d’une lampe qui s’éteint quand son huile est épuisée. Une telle personne est comparée à un fruit que l’on récolte en son temps, comme il est écrit : « Tu entreras dans la tombe encore plein de vigueur, tout comme les épis sont engrangés le moment venu » (Job 5, 26). C’est une bénédiction que de vivre la mesure de temps qui nous est imparti, comme D.ieu l’a promis : « Je comblerai la mesure de tes jours » (Exode 23, 26).

Toutefois, les jours de l’homme peuvent être augmentés grâce à son mérite, ou diminués à cause du péché. Une idée que l’on retrouve dans le verset : « La crainte de l’Eternel augmente les jours, mais les années des méchants sont abrégées » (Proverbe 10, 27). Une personne peut mourir avant son heure à cause de sa mécréance ou sa folie, comme nous le prévient Salomon : « Ne te fais pas méchant et ne sois pas insensé : pourquoi mourrais-tu avant ton temps ? » (Ecclésiaste 7, 17).

De manière ordinaire, un homme n’est pas puni de mort hormis pour ses fautes. Toutefois, il arrive que D.ieu le punisse en retirant Sa providence de lui, le laissant donc mourir par des accidents naturels. A ce propos, il est écrit : « Il en est qui sont rappelés en Haut sans justice [apparente] » (Proverbes 13, 23). Ceci se produit également à des périodes de justice universelle, lorsque les justes et les mécréants se voient emportés en même temps. De même, dans la grande majorité des cas, une mort jeune n’est pas causée par le décret divin, mais par la propre négligence et intempérance de l’homme.

Nonobstant tout ce qui a été dit précédemment, chaque vie qui est enlevée par D.ieu est enlevée avec jugement. En général, D.ieu essaie de planifier la mort de chaque personne de manière à lui occasionner le plus de bien spirituel. Ainsi, D.ieu peut enlever la vie à une personne mécréante pour l’empêcher de fauter davantage. Dans d’autres cas, D.ieu peut accorder au méchant des années supplémentaires pour lui permettre de se repentir, ou retirer des années du juste de peur qu’il se tourne vers le mal. A cet égard, le roi Salomon écrit : « J’ai vu toutes sortes de choses au cours de mon existence éphémère : il y avait l’homme juste qui succombait malgré sa vertu, et il y avait l’homme méchant qui perdurait malgré sa perversité » (Ecclésiaste 7, 15).

D.ieu ne désire pas la mort des justes, comme il est écrit : « La mort de Ses Saints est précieuse à ses yeux » (Psaumes 116, 15). Quand une bonne personne meurt avant l’heure, elle reçoit souvent la même récompense qu’elle aurait eue pour sa durée de vie pleine. Similairement, en faisant bon usage de leurs temps, de nombreuses personnes vertueuses ont accompli pendant un court moment ce que d’autres ne parviennent pas à accomplir durant leur longue existence.

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