Spiritualité

Le libre arbitre : notre plus grande force

15/02/2017 | par Noa'h Weinberg

À l’occasion de l’anniversaire du décès du fondateur d’Aish Hatorah, la rédaction vous propose de découvrir l’un de ses textes édifiants portant sur un principe fondamental du judaïsme : le libre arbitre.

Le libre arbitre est l’effort que seul l’être humain est à même d’accomplir et qui lui permet de distinguer la vie de la mort. Afin de valoriser la vie à son maximum, voici les moyens pour rendre effectif le libre arbitre.

« L’homme est aimé car il a été créé à l’Image de D.ieu. » (Maxime des Pères 3,18)

Être créé à l’image de D.ieu, que cela signifie-t-il ?

À la différence des autres créatures, l’être humain est doté du libre arbitre. Le potentiel que nous possédons de façonner et de modifier le monde réside dans cette étincelle divine.

C’est en utilisant correctement notre libre arbitre qu’on peut parachever et embellir le monde. Un usage impropre conduit à la déprédation et à la destruction.

S’efforcer d’utiliser le libre arbitre convenablement, cela n’est donné qu’à l’homme.

Avoir conscience de l’existence du libre arbitre

Une personne sans domicile fixe déambule dans une rue froide et sale en poussant un chariot détérioré et rempli de ses maigres effets personnels. Elle demande désespérément la charité et fouille dans les poubelles à la recherche de restes de nourriture.

Supposons maintenant qu’on lui donne dix millions d’euros (exonérés d’impôts). Que va-t-elle faire de cet argent ? Louer une maison confortable, acheter des vêtements neufs, stocker des aliments…

Mais il y a un hic : on lui a caché l’argent dans le fond de son sac et elle n’est pas au courant qu’elle « traîne » environ dix millions d’euros. Elle continue donc de vivre aussi miséreuse et aussi désespérée.

Le libre arbitre nous octroie une force et un potentiel énormes. Cependant, si l’on ne réalise pas qu’on détient cette force, on ne peut l’exploiter. On vivra alors la vie d’un mendiant alors qu’en fait on pourrait être roi. Le Talmud affirme : « Que D.ieu nous ait dit que nous possédons le libre arbitre est plus grand que le fait de nous en avoir fait don. »

Qu’est-ce le libre arbitre ?

Par un jour d’été étouffant, vous passez complètement abattu devant un marchand de glaces ambulant. Le haut-parleur annonce : « Votre attention s’il vous plaît… dix nouveaux parfums ! La glace du jour est arrivée ! Également les Frozen Yoghourt. » Vous vous arrêtez et vous demandes : « Donnez-moi, s’il vous plaît, un cornet double au chocolat. »

Est-ce qu’en sélectionnant la glace au chocolat parmi le vaste assortiment de parfums, vous exercez votre libre arbitre ? Non. Vous ne faites qu’exercer votre préférence comme la vache qui choisirait de brouter du foin plutôt que de l’herbe.

Le « libre arbitre » se rapporte à un type de décision qui n’appartient qu’à l’homme : un choix moral.

Mais qu’on ne s’y trompe pas. La moralité, ce n’est pas de choisir entre « le bien » et le « mal ». Tout le monde décide d’être « bon », même les gens qui sont les plus mauvais et les plus dénués de sens moral. Hitler avait conclu que les Juifs étaient les ennemis du genre humain et par conséquent, dans son esprit, penser ainsi relevait aussi du « bien ».

Mais en fait, le libre arbitre, c’est le choix entre la vie et la mort. Ainsi qu’il est écrit dans la Torah : « J’ai placé devant toi la vie et la mort…Choisis la vie et tu vivras alors, toi et ta postérité. » (Deutéronome 30, 19)

Le chemin d’évasion

Quelqu’un va-t-il réellement choisir la mort plutôt que la vie?

Nous voulons tous être de grands hommes. Mais il faut beaucoup d’efforts pour atteindre nos objectifs. Aussi, avons-nous tendance à en détourner notre attention et à prendre la route la plus aisée. Le chemin d’évasion.

C’est dimanche après-midi. Vous vous ennuyez. Après avoir saisi la télécommande, vous vous laissez laisser tomber sur le canapé. Vous pourriez employer votre temps à étudier et à vous enrichir intellectuellement. A la place, vous préférez un moyen plus facile de passer tranquillement cet après-midi… vous enfuir dans l’univers de la télévision.

Jour après jour, on se confronte à de nombreux chemins d’évasion. Les rêvasseries, la drogue, vérifier notre boîte électronique pour la septième fois en une heure…

Tuer le temps est comme un suicide à crédit. Et le suicide est la forme de fuite la plus radicale et la plus ultime. Considérons le cas suivant :

Un homme est sur le point de se jeter du haut de la Tour Eiffel. Toutes les équipes de télévision sont présentes pour le filmer:

— Le public a le droit d’être informé. Pourquoi voulez-vous mourir ?

— J’ai perdu dix millions d’euros à la bourse ! C’est un coup terrible. Je suis anéanti.

— Il ne vous reste rien ?

— Hé bien, en plus de mon hôtel particulier à Neuilly, mon yacht ancré à Antibes et ma Rolls Royce, je suppose que je possède encore environ un million et demi d’euros.

— Un million et demi! Pour l’amour de D.ieu, c’est plus d’argent que je n’en ai jamais vu dans toute ma vie. Vous pouvez mener vraiment la grande vie ! En outre, vous avez gagné une fois dix millions d’euros. Alors, un peu de patience, vous en gagnerez davantage.

— C’est vrai. Mais savez-vous combien c’est douloureux de perdre une telle somme ?

Zoom – L’homme saute dans le vide.

Pourquoi a-t-il sauté ? Il était pourtant relativement riche et, de son propre aveu, il pouvait encore gagner beaucoup d’argent. Mais la seule chose qui accaparait son esprit, c’était la souffrance intolérable d’avoir perdu une si grande somme. Donc pour cet homme, rien n’était plus douloureux que d’affronter les problèmes et les défis.

Être ou ne pas être, tout est là ! Courber l’échine sous les outrages du sort ou bien se révolter, refuser cet océan de misères, y mettre fin? Mourir, dormir… pas plus.(Hamlet, William Shakespeare)

Le judaïsme affirme le contraire. La grandeur réside dans la façon de résoudre les conflits, en utilisant notre libre arbitre pour grandir et non pas pour abandonner. Pour faire face à la réalité et non pas pour fuir. Pour vivre et non pas pour mourir. Quand on élude les problèmes, on manque l’occasion de devenir grand. À chaque moment de notre vie, nous vivons constamment ce combat. Voici comment triompher.

Cinq étapes pour vaincre la bataille du libre arbitre

Premier niveau : la prise de conscience de soi-même

Soyons conscients des choix que l’on fait. Un flot ininterrompu de décisions doivent être prises tout au long de la vie. Dès qu’on se rend compte que l’on fait constamment des choix, alors on peut les contrôler. On utilise ainsi son libre arbitre de manière active et non pas passive.

Ne laissons pas les décisions seulement « advenir ». Sortons notre périscope et interrogeons-nous :

Pourquoi donc suis-je en train de lire cet article ? Est-ce que je ne fais que « surfer » sur le web ou bien ai-je vraiment un but précis ?

Ce sont nos décisions qui modèlent notre vie et fixent notre destin. Prenons nos responsabilités. Sinon, on est juste un badaud qui voit défiler la vie sans réellement la vivre.

Deuxième niveau : soyons nous-mêmes

Ne prenons pas à notre compte les opinions de la société à moins de les avoir pesées et d’être en plein accord avec elles. Menons notre vie indépendamment du monde extérieur.

Évaluons nos décisions prises dans le passé. Que chaque jour soit un nouveau jour. Ne restons pas ligotés par des lignes de conduite et des résolutions prises il y a quelques années ou même la veille.

La profession que l’on a choisie après le bac peut ne plus nous convenir actuellement. Ou bien ce n’est pas parce qu’une fois on a affirmé que D.ieu n’existe pas que l’on ne trouvera pas maintenant des preuves contraires et que l’on ne pourra pas prendre une décision plus réfléchie.

Vérifions nos hypothèses et assurons-nous qu’elles nous appartiennent en propre et qu’elles ne nous ont pas été imposées par quelqu’un d’autre. Ne soyons pas une marionnette dont on tire les ficelles.

Troisième niveau : distinguons le corps de l’âme

Une bataille acharnée se livre constamment en chacun de nous. C’est un combat entre nos désirs corporels et nos aspirations spirituelles.

Il y a des moments où l’on sait objectivement que quelque chose est bon pour nous mais nos désirs physiques prennent le pas et altèrent notre point de vue.

Voici où se situent les premières lignes de combat:

Le corps : Les commodités éphémères et les plaisirs sensuels l’attirent. Quitter, rêver, se laisser guider par ses passions, remettre tout au lendemain, c’est tout ce qu’il désire. Il ne sait que dire : « Donnez-moi à manger, procurez-moi de la chaleur, un oreiller et laissez-moi prendre mes aises. » Le sommeil est pour lui un moyen de fuite… quitte à glisser dans la mort.

L’âme : elle est à la recherche de la compréhension, du sens, de la productivité, de l’accomplissement, de la permanence, de la grandeur. Elle fait face aux défis. Englobe la réalité et la vérité.

Le Midrach raconte l’histoire d’un groupe de soldats qui revenaient chez eux après avoir remporté une guerre. Ils marchaient au pas tout en chantant ; le succès leur avait tourné la tête. Un sage qui se trouvait sur leur passage leur dit : « Mes amis, la bataille que vous venez de gagner est mineure. Vous allez maintenant affronter une bataille majeure, celle que vous livrerez avec vous-mêmes. »

C’est la bataille du libre arbitre. Même lorsqu’on vient de remporter une victoire, l’ennemi demeure dans notre camp, près de nous constamment. Aussi loin qu’on puisse courir, il est sur nos talons.

Parfois, on peut s’entendre soi-même le combattre. Voici le genre de conversation qu’on peut avoir avec nous-mêmes.

L’âme : Fixe-moi certains objectifs.

Le corps : Fiche-moi la paix, j’ai envie de dormir.

L’âme : Allons, faisons quelque chose de notre vie.

Le corps : Vas-y mollo ! On peut toujours remettre cela à plus tard.

Que se passe-t-il ? Est-ce qu’on est schizophrène ? Pas du tout. On est juste en train de pousser au combat les parties opposées qui sont en nous.

Que notre corps ne nous fasse pas tomber dans un piège. Vérifions qui nous parle, est-ce que c’est notre corps ou notre âme? Jusque-là, on ne sait même pas pourquoi on devait prendre des décisions.

Évitons les chemins d’évasion. Choisissons ce qui a un sens et ce qui est productif. Choisissons la vie.

Quatrième niveau : s’identifier avec son âme et non pas avec son corps

Examinons-nous. Qui sommes nous ?

D’après le judaïsme, l’âme est ce qui est en nous de réel.

Le corps dit : J’ai faim.

L’âme dit : Mon corps a besoin de nourriture.

Le corps dit : Je suis fatigué.

L’âme dit : Mon corps a besoin de sommeil.

Essayons de trouver une paix intérieure. Identifions-nous avec notre âme afin de maîtriser notre corps.

Il est écrit dans le Talmud : « Les justes parlent à leurs désirs corporels alors que les impies laissent leurs désirs leur parler. » Il s’agit de savoir qui mène la danse, qui va dicter ce qu’on va faire.

On a commencé un régime alimentaire et quelqu’un nous propose un succulent gâteau au chocolat et à la crème chantilly. Notre première réaction est de se dire : « Non, je ne peux pas accepter. Je me suis mis très sérieusement au régime. »Tandis que nos yeux sont fixés sur le gâteau, notre corps nous tient le langage persuasif suivant : « Juste un petit morceau, cela ne fera pas de mal. Nous commencerons le régime demain. »

Quelle stratégie géniale – Et un point pour le corps!

Comme on peut le constater, le corps n’a pas dit : « Abandonnons le régime et mangeons le gâteau. Soyons gros. » Il sait pertinemment qu’on rejetterait totalement un tel raisonnement.

À la place, le corps nous fait croire qu’on peut juste se laisser un peu aller et néanmoins être maître de soi-même. Mais le corps est impitoyable et chaque fois que l’on cède, il est de plus en plus difficile de résister la fois suivante.

Par conséquent, quelle est la meilleure contre-attaque ?

Il faut battre le corps sur son propre terrain. Cajolons-le comme il nous cajole.

On a décidé de pratiquer régulièrement des exercices de gymnastique. Ne lui disons pas : « À partir de maintenant, je fais faire tous les matins cinquante tractions. » Déclarons-lui plutôt : « Entraînons-nous cinq minutes; ensuite nous mangerons un morceau de gâteau. »

Pour la première fois, une personne est partie faire un long parcours de jogging. Le corps proteste : « Ne sois pas masochiste… on va avoir une attaque cardiaque… on ne vas pas tenir cinq minutes… arrête-toi donc ! » Seule une volonté de fer est capable de refréner la résistance du corps et de l’obliger à se soumettre. Comment faire ? C’est en lui donnant confiance constamment dans la valeur supérieure d’être en forme, mince et en bonne santé.

« C’est ce que tu veux réellement… Imagine combien cela serait bien de se sentir mieux… d’être respecté… de vivre plus longtemps…! »

Deux mois plus tard, si l’on manque un jour de jogging, le corps nous dit : « Oh, j’ai raté le plaisir de cette séance d’entraînement, qu’est-ce m’arrive ? »

Le seul moyen pour vaincre est de faire en sorte que le corps désire ce que l’âme veut. Car on n’atteindra jamais la paix si l’on vient à composer avec le corps. L’âme, simplement, ne renoncera pas. Jamais.

Mais le corps peut suivre l’âme. Et bien qu’il soit un peu « douloureux » de se priver d’un plaisir, on peut quand même y survivre. C’est le seul choix pratique. Ce n’est que quand le corps désire la réussite de l’âme qu’on a accès à une véritable paix.

Cinquième niveau : faire nôtre la volonté de Dieu

Ce n’est pas quand on se demande : « Que veut mon âme ? » que son libre arbitre atteint le niveau le plus haut. C’est quand on s’interroge : « Que veut D.ieu ? » Quand cela devient notre intérêt primordial, on est alors parvenu à la forme de vie la plus élevée. On utilise ainsi son libre arbitre pour fusionner avec la force la plus significative et la plus puissante : la force transcendantale.

Le libre arbitre, c’est le choix entre la vie et la mort. Attachons-nous à D.ieu ; ainsi serons-nous attachés à l’éternité, l’ultime forme de vie par essence.

Que la volonté de D.ieu devienne la nôtre. De cette manière, nous serons en quelque sorte des partenaires de D.ieu Lui-même pour changer le monde.

Résumé

Premier niveau : Ne soyons pas des somnambules. Prenons nos décisions de manière active.

Deuxième niveau : Ne soyons pas comme des pantins au service des objectifs de la société ou esclaves des décisions prises il y a longtemps.

Troisième niveau : Soyons conscients de la bataille que livrent les besoins de notre corps aux aspirations de notre âme.

Quatrième niveau : Identifions-nous avec notre âme et non pas avec notre corps.

Cinquième niveau : Que la volonté de D.ieu devienne la nôtre.

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