Israel

Sur les droits ancestraux du peuple juif

02/01/2012 | par Allen Z. Hertz

Yasser Arafat et Mahmoud Ahmadinejad ont toujours nié que les Juifs constituent un «peuple»

Cela fait plus de 60 ans qu’on discute de la réticence de la plupart des musulmans et des Arabes à accepter la légitimité et la permanence d'Israël comme Etat juif, c’est-à-dire comme l'expression politique de l'auto-détermination du peuple juif dans le cadre de sa patrie ancestrale. Couvrant de la mer Méditerranée jusqu’aux territoires à l'est du Jourdain, la grande patrie ancestrale du peuple juif est connue depuis plusieurs siècles comme «la terre d'Israël», Eretz Yisrael en hébreu. Pour les chrétiens, cette même Eretz Yisrael s’appelle “la Terre Sainte» ou «la Palestine» - qui figurait sur les cartes du 19e siècle, et qui comprenait légitimement les terres situées à l'Est du Jourdain. 

Yasser Arafat et Mahmoud Ahmadinejad ont toujours nié que les Juifs constituent un «peuple», dans le contexte de la doctrine moderne, politique et juridique des droits ancestraux et de l'autodétermination des peuples. Cependant, il y existe une énorme quantité de preuves historiques archéologiques et autres qui démontre que le peuple juif, comme le peuple grec ou le peuple chinois Han, compte parmi les plus anciens peuples du monde. En fait, les peuples européens modernes ont sans doute appris de l'exemple biblique du peuple juif ce que signifie d'être «un peuple dans l'Histoire.” 
 
Qu'est-ce qu'un peuple? 
 
Lorsqu’il choisit de se définir systématiquement comme un peuple spécifique, un groupe humain se dote d’une gamme variable de caractéristiques relativement distinctes - par exemple, un nom, des ancêtres,  une histoire, une patrie, un territoire, une langue, une religion, une culture, une économie et des institutions. En plus de son identité subjective, un peuple aussi s’attire généralement une identité objective par le regard de ses amis et de ses ennemis,  qui fournissent souvent de précieux témoignages historiques de son existence et de ses caractéristiques. 
 
Cette référence à des preuves historiques est essentielle, car les doctrines politiques et juridiques des droits des autochtones et l'autodétermination des peuples ne peuvent s'appliquer rétroactivement. Cela signifie que les gens, sans une identité continue qui remonte à l'époque des faits historiques, ne peuvent aujourd'hui faire aucune revendication autochtone ou autre relative à cette période antérieure à son ethnogenèse, c’est-à-dire quand il ne s’identifiait pas encore comme ce même peuple. De fait, de nouveaux peuples émergent sans cesse - alors que d’anciennes populations peuvent disparaître, même si leurs gènes et leurs caractéristiques culturelles peuvent dans une certaine mesure persister dans les populations d'un ou plusieurs autres peuples. 

Le peuple juif en Terre Sainte 
 
Les anciennes sources historiques comme la Bible juive, les Evangiles chrétiens et le Coran témoignent tous spécifiquement de l'existence du peuple juif et de sa connexion à sa patrie ancestrale. Le peuple juif a au moins 2.600 ans d'histoire continue, avec une identité subjective et objective qui depuis l'antiquité a toujours gardé des liens démographiques et culturels avec la Terre Sainte.

De l'Antiquité à nos jours, il y a toujours eu des Juifs en Terre Sainte

Depuis l'Antiquité jusqu’à nos jours, chaque siècle offre une étonnante variété de sources historiques sur les Juifs qui vivaient en Terre Sainte. Par exemple, on a trouvé des registres fiscaux ottomans du 16ème siècle qui détaillent les noms des contribuables juifs. Il y a toujours eu des Juifs qui vivent en Terre Sainte, parmi eux certains rabbins célèbres dans tout le monde juif. La population totale de la Terre Sainte (en incluant les musulmans et les chrétiens) au 19ème siècle était tombée à un niveau beaucoup plus bas qu’à l'époque romaine ou qu'aujourd'hui. 
 
Par ailleurs, le Moyen-Orient au sens large a toujours eu une importante population juive, et ce jusqu'au milieu du 20e siècle. De nombreux descendants de ces Juifs du Moyen-Orient sont des citoyens de l'Israël actuel, où ils ont été rejoints par des Juifs venant d'autres continents.

Droits ancestraux du peuple grec 
 
Le peuple juif moderne est autochtone à sa patrie ancestrale de la même manière que le peuple grec est autochtone à la Grèce. Au début du 19ème siècle, certains Européens célèbres comme le poète anglais Lord Byron se sont faits les champions enthousiastes des droits ancestraux du peuple grec. En 1821, lorsque les Grecs ont commencé leur révolte contre la domination ottomane, ils étaient une minorité dans le territoire qui constitue aujourd'hui la Grèce moderne. Aux 19e et 20e siècles, l'histoire grecque moderne a été faite en partie par les centaines de milliers de Grecs de la diaspora qui ont choisi de retourner dans leur patrie ancestrale. 
 
Après la Première Guerre mondiale (1914-1918), Premier ministre britannique David Lloyd George, a en vain soutenu les droits ancestraux du peuple grec sur le littoral anatolien, où de grandes communautés grecques avaient vécu de manière continue depuis l'Antiquité et jusqu'en 1922, lorsqu’ils ont finalement été détruits par les Turcs,  qui eux ne sont pas des autochtones de l'Anatolie. 
 
Droits ancestraux du peuple Juif 
 
Comme le peuple grec, le peuple juif a depuis plus de deux millénaires affirmé sa relation avec sa patrie ancestrale, patrie où les Juifs sont devenus minoritaires sans doute à un certain moment dans la période byzantine tardive, à savoir environ au sixième siècle. 
 
De tous les peuples existants, le peuple juif est le peuple le plus vraisemblablement autochtone à la Terre Sainte, où le judaïsme, la langue hébraïque, et le peuple juif sont nés (ethnogenèse) voici au moins 2.600 ans. Avant cela, la Terre Sainte était entre autres le foyer d’ancêtres immédiats du peuple juif, y compris de personnalités historiques célèbres comme les rois David et Salomon de la Bible juive. 
 
A cette époque, et même auparavant, la Terre Sainte était également le foyer d'autres peuples - comme les Phéniciens, les Ammonites, les Moabites, les Edomites ou les Philistins - qui ont depuis longtemps disparu du monde, et dont personne aujourd'hui ne s’attend à voir leurs descendants faire des réclamations en leur nom, sur une base génétique par exemple. 
 
Que dire alors de ce grand personnage dramatique de l’histoire du monde connu comme «le peuple arabe»? En tant que tel, le peuple arabe est autochtone à l’Arabie, et non à la Terre Sainte. Le judaïsme, la langue hébraïque et le peuple juif étaient déjà établis en Terre Sainte depuis un millier d'années avant que l’ethnogenèse du grand peuple arabe, dont la naissance était à peu près contemporaine de l'émergence de l'islam et de la langue arabe classique, ne prenne place au 6e-7e siècle de notre ère, en Arabie. Malgré leur persécution des juifs locaux et la constante discrimination, ni le peuple arabe de la conquête du 7e siècle, ni les envahisseurs ultérieurs n’ont réussi à éradiquer la population juive ou à mettre fin aux liens entre le peuple juif et la Terre Sainte. 
 
Aujourd'hui, les juifs représentent de nouveau la majorité de la population entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Cela signifie que le peuple juif peut désormais s'appuyer sur la doctrine moderne politique et juridique de l'auto-détermination des peuples qui attribue un territoire en fonction du caractère national de la population locale actuelle. Dans le même temps, le peuple juif continue d'affirmer ses droits ancestraux avec une référence spécifique à certaines parties de sa patrie ancestrale. De fait, ces droits ancestraux du peuple juif ont toujours une signification politique et juridique dans le litige en cours sur le refus de la plupart des musulmans et des Arabes à reconnaître la légitimité et la permanence d'Israël comme Etat juif. 
 
Israël comme l'Etat Juif 
 
La plupart des Juifs du monde considèrent Israël comme l’Etat juif, c’est-à-dire l'expression politique de l'auto-détermination du peuple juif dans sa patrie ancestrale. Comme les autres peuples, le peuple juif a droit à l'autodétermination. Bien que l'auto-détermination du grand peuple arabe se soit exprimé à travers les 21 pays arabes, Israël est la seule expression de l'auto-détermination du grand peuple juif. Certains penseurs occidentaux acceptent désormais l'idée d'un État-nation comme la étant la patrie d'un peuple particulier. Ce n'est pas de la faute d'Israël, mais parce que l'écrasante majorité des pays modernes sont des Etats-nations. Le Japon, l'Italie, la Grèce et les pays de la Ligue arabe sont des Etats-nation par exemple. 
 
En théorie et en pratique, le modèle d’Etat-nation ne doit pas entrer en conflit avec les droits fondamentaux civils humains des étrangers ou des citoyens qui ne s'identifient pas ethniquement comme des membres de la majorité. Par ailleurs, l'État-nation peut également établir des droits collectifs pour un ou plusieurs peuples minoritaires. En ce qui concerne ces droits individuels et collectifs, le droit interne en Israël est comparable à ce qui est prévu par d'autres systèmes juridiques, et même supérieur à ce qui est offert dans d'autres États du Moyen-Orient. 
 
Né en Israël de l'Empire Ottoman 
 
Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, la Terre Sainte était une partie de l'Empire ottoman. Ainsi, Israël et deux douzaines d'autres pays modernes se trouvent États être les successeurs de l'Empire musulman ottoman, qui pendant 400 ans (de 1516 à1920) constituait la principale puissance du Proche et du Moyen-Orient. Mis à part les Turcs qui détenaient le pouvoir, la population ottomane comprenait des peuples comme les Grecs, les Arméniens, les Kurdes, les Arabes et les Juifs. Pendant des siècles, ces Juifs vivaient en grand nombre dans une variété de lieux, y compris en Constantinople ottomane, à Salonique, au Caire, à Alexandrie, à Damas, à Alep, à Mossoul, à Bagdad, à Bassora, à Tibériade, à Hébron, à Safed, à Jaffa et à Jérusalem. 
 
En Octobre 1914, l'Empire ottoman choisit d'entrer dans la Première Guerre mondiale pour lutter contre la Grande-Bretagne et ses alliés. Lorsque les hasards de la guerre ont commencé à favoriser l'armée britannique, le gouvernement britannique a abordé la question de savoir ce qu’il allait faire avec les terres ottomanes plurinationales - à la lumière des intérêts britanniques, et à la lumière de cette nouvelle doctrine libérale du 19ème siècle qu’était l'auto-détermination des peuples. À cet égard, le père du sionisme politique moderne, Théodore Herzl, avait déjà proclamé dans son manifeste de 1896, L'État juif, que les Juifs constituaient un peuple à fins d'auto-détermination, bien qu’ils vécussent dans de nombreux endroits différents autour du globe. 
 
Pourquoi la Déclaration de Balfour? 
 
En Octobre 1917, le cabinet britannique a décidé d’approuver le projet de créer «un foyer national pour le peuple juif.” Le lieu devait en être la “Palestine”, un pays inexistant de taille incertaine, mais qui a finalement été défini par la Société des Nations en 1922 dans «le Mandat Palestinien”, et qui comprenait aussi l'Emirat de Trans-Jordanie déjà formé en 1921. 
 
La promesse britannique d’user de leurs «meilleurs efforts» pour créer «un foyer national pour le peuple juif” a été motivée par un désir d'aider à réaliser l’ancienne réclamation du Peuple juif à l'autodétermination dans sa patrie ancestrale; mais aussi par un désir de consolider le soutien juif pour l’effort de guerre des alliés dans la Russie révolutionnaire et aux Etats-Unis, et pour aider à mieux couvrir le flanc oriental du canal de Suez, qui était alors un passage crucial pour l'Inde britannique. L'intention de créer ce «foyer national pour le peuple juif” a été annoncée en Novembre 1917 dans la Déclaration Balfour. 
 
Un peuple palestinien en 1919? 
 
Pendant que la Grande-Bretagne travaillait à vaincre les Turcs ottomans, le monde a aussi commencé à entendre les revendications nationales du grand peuple arabe. On doit se rappeler les exploits de guerre de Lawrence d'Arabie et de Fayçal ibn Hussein, prince hashémite, qui étaient tous deux présents à la Conférence de Paix de Paris de 1919-1920. Là, un puissant projecteur a été placé sur la doctrine politique et juridique de l'auto-détermination des peuples, dont notamment les revendications du grand peuple arabe. 
 
Les Arabes locaux ont cherché à être incorporés à la Syrie. 
 
Cependant, personne à la Conférence de Paix de Paris n'avait jamais entendu d’un peuple “palestinien” distinct. Si un tel peuple avait existé, le prince Fayçal, le président américain Woodrow Wilson, le Premier ministre Georges Clémenceau, le premier ministre britannique David Lloyd George et d'autres l’auraient su. Cet avis est confirmé par les nombreux  témoignages et pétitions de locaux recueillis en 1919 par la Commission King-Crane américaine. Son rapport au président Wilson a indiqué que les Arabes de la Terre Sainte, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, ont explicitement rejeté tout plan visant à créer un nouveau territoire appelé “Palestine”, qu’ils percevaient comme faisant partie du projet sioniste haï. Tout au contraire, les Arabes locaux ont été, dit-on, enthousiastes à l’idée de leur incorporation dans un Etat arabe unitaire, dans les frontières de ce qui aurait correspondu à la province ottomane de Syrie alors en vigueur. Cette Syrie ottomane avait inclus pendant des siècles inclus ce qui est aujourd'hui la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Cisjordanie, Gaza et Israël. 
 
Pour les musulmans vivant en Terre Sainte, cette perspective plus large d'auto-identification était naturelle, car l'Empire ottoman ne comportait aucune province ou sous-unité appelée “Palestine” d’aucune forme. L'histoire musulmane n’avait jamais connu non plus de pays ou de province appelé «Palestine». Après la conquête arabe du 7e siècle, le califat omeyade avait gardé le toponyme romain « Palaestina », arabisé en «Filastin», pour désigner une petite province de Syrie. Cette Filastin de courte durée représentait une fraction de la Palestine des Byzantins; elle fut imaginée par les chrétiens sur base de cartes, et finalement concrétisée en 1922 comme « Mandat Palestinien», qui comprenait à la fois la Trans-Jordanie et “ un foyer national pour le peuple juif », à l'ouest du Jourdain. 
 
L’exercice mondial de l’auto-détermination

 
La Conférence de paix de Paris s’est attachée à concilier les intérêts politiques suite à la victoire des puissances alliées, avec les revendications d'autodétermination des peuples connus pour leur longue lutte pour une reconnaissance nationale et leur souffrance sous l'oppression étrangère. C’est ainsi qu’elle s’est penchée sur des questions difficiles et enchevêtrées comme l'autodétermination de peuples célèbres que sont les Chinois, les Polonais, les Allemands, les Finlandais, les Lettons, les Lettons, les Estoniens, les Tchèques, les Slovaques, les Slovènes, les Croates , les Serbes, les Italiens, les Hongrois, les Roumains, les Bulgares, les Grecs, les Turcs, les Kurdes, les Arméniens, les Arabes et les Juifs. Dans ce contexte, l’une des nombreuses décisions prises fut la création d'un «foyer national pour le peuple juif.” Il est à noter que «foyer national pour le peuple juif” fut l'expression exacte, réitérée dans une série de déclarations, résolutions et traités de 1917 à 1922. 
 
Pourquoi un foyer national pour le peuple juif? 
 
La décision de réaliser l'auto-détermination du peuple juif dans sa patrie ancestrale est la justification pour la création en 1922 d'un «foyer national pour le peuple juif », entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Sous le Mandat Palestinien de la Ligue des Nations (Juillet 24, 1922), le gouvernement a été confié à une nouvelle entité appelée «le Mandat Palestinien», qui comprenait à la fois la Transjordanie et le foyer national pour le peuple juif. En 1946, la Transjordanie a été séparée de la Palestine mandataire pour devenir l'Etat arabe indépendant connu comme “le Royaume hachémite de Jordanie.” En 1948, le foyer national pour le peuple juif est devenu l'Etat juif indépendant appelé «Israël». 
 
Les décideurs à la Conférence de Paix de Paris savaient que la Terre Sainte était nettement sous-développée et sous-peuplée. Ils ont aussi compris que le foyer national pour le peuple juif manquerait initialement d'une population juive majoritaire. Toutefois, la décision de créer un foyer national pour le peuple juif a été faite non pas tant sur la base de données démographiques locales, mais sur la reconnaissance du droit du peuple juif à affirmer ses droits ancestraux et ses liens permanents sur la Terre Sainte. 
d’importance a également été donnée à des considérations plus larges comme la démographie, l’histoire, la politique et la justice sociale, à l’échelle à la fois mondiale et du Moyen-Orient. Ce fut donc un choix conscient de faire référence non seulement aux environ 85 000 Juifs qui vivaient alors sur place - mais aussi au passé, au présent et à l'avenir de 14 millions de Juifs vivant dans le monde entier, et notamment au million de Juifs qui vivaient alors dans le Proche et le Moyen-Orient. 
 
Les Arabes méritaient-ils tout le Moyen-Orient? 
 
Ne pas créer un foyer national pour le peuple juif aurait signifié nier au grand peuple juif sa part dans la partition de l'Empire ottoman plurinational, où les Juifs avaient vécu pendant des siècles, y compris en Terre Sainte. Ne pas créer un foyer national pour le peuple juif aurait également signifié que le grand peuple arabe aurait reçu la quasi-totalité de l'héritage ottoman. Ce résultat aurait été inacceptable pour David Lloyd George, Woodrow Wilson et leurs pairs, qui avaient bien compris que la revendication d'auto-détermination du grand peuple juif  était aussi convaincante que celle du grand peuple arabe. 
 
Les décideurs à Paris ont vivement tenu à dire qu'ils avaient aussi rendu justice aux revendications du grand peuple arabe. Ils pensaient les avoir libéré de 400 ans de domination turque et aidé sur le chemin de l'indépendance par la création ou la reconnaissance de plusieurs nouveaux Etats arabes sur des terres qui avaient été soumises auparavant au sultan ottoman. Ainsi, 77% du territoire de la Palestine mandataire était la Transjordanie, qui est finalement devenue un Etat arabe indépendant en 1946. 
 
La décision de créer un foyer national pour le peuple juif, entre le Jourdain et la mer Méditerranée n'a pas entraîné le déplacement d'Arabes locaux. Au contraire, à partir de 1922 et jusqu'en 1948, la population arabe du foyer national pour le peuple juif a presque triplé, tandis que la population juive s’est vue multipliée par huit. Le problème tardif des réfugiés arabes (environ 736 000) en provenance du foyer national juif, et les réfugiés juifs (environ 850 000) en provenance des pays arabes, n’est apparu qu’à partir de mai 1948, lorsque les Arabes locaux se sont alliés avec plusieurs États arabes voisins pour lancer une guerre en vue de détruire les pays nouvellement indépendant d'Israël. Leur intention déclarée était d'exterminer tous les Juifs vivant entre le Jourdain et la Mer Méditerranée (tout comme les Turcs en 1922 ont spectaculairement réussi à éliminer les communautés autochtones grecques du littoral anatolien). 
 
Les Palestiniens parmi les plus récents peuples du monde 
 
Le peuple juif a gardé le même nom et la même identité subjective et objective depuis les temps anciens. Chez les Arabes musulmans locaux par contre, la formation d'une identité palestinienne distincte, subjective et objective, n'a généralement pas pu se produire avant la deuxième moitié du 20e siècle. Ceci est tout à fait compréhensible, car l’ethnogenèse prend du temps et seulement un demi-siècle sépare l'effondrement Ottoman de la guerre des Six Jours (1967). Par ailleurs, relativement peu d’Arabes musulmans souhaitaient s'auto-identifier comme «Palestiniens» avant que trois conditions préalables soient satisfaites. 
 
La première condition était la résurrection politique de l'ancien toponyme «Palestine» à travers la Déclaration Balfour de 1917 et la création en 1922 de la Palestine mandataire qui se composait de la Transjordanie et du foyer national pour le peuple juif, entre le Jourdain et la mer Méditerranée.   

La Commission Peel de 1937 voulait que les Arabes des deux côtés du Jourdain soient réunis en un État arabe

La seconde condition était la formation en 1946 d'un Etat arabe indépendant appelé la Jordanie. Ceci est important car la nouvelle identité palestinienne était focalisée spécifiquement sur le territoire du foyer national juif, c’est-à-dire la Palestine réduite qui allait du Jourdain à la Méditerranée et qui a existé pendant seulement deux ans, du 25 mai 1946 (naissance de la Jordanie ) jusqu'au 14 mai 1948 (la naissance d'Israël). Avant 1946, cette exigence territoriale n’apparaissait pas parce que la frontière du Jourdain avait peu de signification pour la plupart des Arabes musulmans qui vivaient sur ses deux rives. Ce facteur a été implicitement reconnu par la Commission britannique Peel, qui en 1937 a recommandé la création d'un nouvel Etat arabe composée de la Transjordanie et des parties arabes habitées du foyer national pour le peuple juif. 
 
La troisième condition a été l’abandon brutal en mai 1948 du terme «Palestine» en faveur d '“Israël” pour désigner le nouvel Etat juif indépendant. Avant 1948, l'adjectif «palestinien» était souvent utilisé comme synonyme de «juif». De fait, le nom «Palestine» et de nombreuses autres fonctionnalités spécifiques du mandat palestinien étaient trop étroitement identifiés avec les Juifs et le sionisme pour pouvoir offrir un foyer pour l'auto-identification des Arabes musulmans. En conséquence, avant 1948, les musulmans locaux n'ont généralement pas pu s'identifier comme «palestiniens», et ont donc préféré des éléments d’identification soit plus locaux ou plus larges que le Mandat Palestinien. 
 
Le peuple palestinien né dans les années 1960 
 
Les dirigeants arabes eux-mêmes ont été lents à reconnaître l'existence et le droit à l'autodétermination d'un peuple palestinien distinct. Le Prince Faysal par exemple, en tant que leader arabe principal à la Conférence de Paix de Paris, avait expressément accepté le plan pour créer en Palestine «un foyer national pour le peuple juif.” Son père, le roi hachémite du Hedjaz (qui fera plus tard partie de l'Arabie saoudite) faisait partie du Traité de Sèvres de 1920 qui stipulait explicitement que la Palestine serait «un foyer national pour le peuple juif ». 
 
Environ trois décennies plus tard, les gouvernements de l'Egypte et de la Jordanie ont montré le peu d'égard qu'ils avaient pour l'autodétermination d'un peuple palestinien. Ils ont d’abord rejeté la résolution de 1947 de l’Assemblée générale des Nations Unies, résolution recommandant la partition du foyer national pour le peuple juif en deux nouveaux Etats indépendants, l'un juif et l'autre arabe. Deuxièmement, aucun Etat palestinien ne fut créé entre 1949 et 1967, lorsque l'Egypte détenait la bande de Gaza et que la Jordanie détenait Jérusalem-Est et la Cisjordanie. 
 
La perte de ces territoires par la Jordanie et l'Egypte lors de la guerre des Six Jours a fortement encouragé les Arabes locaux à se considérer comme distincts des Arabes de Jordanie et d'Egypte. Brandissant maintenant le fer de lance de leur lutte irrédentiste propre, les Arabes locaux ont rajouté une incitation à s'auto-identifier comme «palestiniens». D'autant plus que leur nouvelle identification exprimait leur détermination obstinée à maîtriser l'ensemble du territoire qui avait été reconnu comme foyer national pour le peuple juif. Certes, l'histoire connaît d'autres cas de nouvelles identités nationales forgées dans le feu de la dispute territoriale et de la haine ethnico-religieuse. 
 
Réconciliation pacifique des droits 
 
Cette analyse ne cherche à nier ni l'existence actuelle d'un peuple palestinien distinct ni ne suggère que le nouveau peuple palestinien soit aujourd'hui dépourvu de droits, dont celui de revendiquer son droit à l'autodétermination et à un territoire. Au contraire, la conclusion est qu'il y a maintenant des revendications de droit de toutes les parties, et qu'il y a un besoin urgent moral et juridique d'un processus pacifique en vue de concilier les droits du peuple palestinien nouvellement émergé avec des droits antérieurs de l'ancien peuple juif. 
 
Les droits ancestraux du peuple juif incluent leur «droit à la vie», à savoir le droit des Juifs à vivre en sécurité dans leur patrie ancestrale. Ce qui  signifie que ce peuple nouvellement baptisé « palestinien » n'a pas le droit de mener une guerre de libération nationale contre le peuple juif, qui est légitimement établi entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Le peuple juif y vit «de plein droit et non par tolérance», comme l'a dit Winston Churchill en 1922. 
 
Dans tout accord de paix complet et définitif conclu aujourd'hui, la mise en œuvre de la doctrine politique et juridique de l'auto-détermination des peuples exigerait probablement que les Juifs renoncent à leurs  droits ancestraux sur la terre aujourd'hui occupée majoritairement par des Arabes qui souhaitent vivre dans un nouvel Etat palestinien. De même, le principe de l'autodétermination exigerait probablement l'inclusion au sein d'Israël des territoires habités majoritairement par des Juifs. Tout aussi important, les droits ancestraux du peuple juif ont un besoin urgent d’un traité de paix comportant des garanties efficaces pour la

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