Franc Parler

Une raison pour pleurer

Dévarim (Deutéronome 1:1-3:22 )

La section de cette semaine relate comment le peuple juif pleura lorsque les douze espions revinrent après avoir épié la Terre d’Israël (Deut. 1:45). Ils versèrent des larmes en s’apitoyant sur eux-mêmes :« Israël ne sera pas une terre facile à conquérir. La construire et s’y installer sera encore plus ardu ! » Plutôt que d’affronter le défi, ils se lamentèrent.

Comme toujours, la Torah décrit une attitude qui fait partie de la nature humaine. Lorsque les choses s’avèrent difficiles, il est bien plus aisé de se complaire dans l’apitoiement plutôt que d’affronter le défi et de le relever.

Les Sages nous enseignent que la date du retour des espions fut le 9 Av. D.ieu décréta que puisque le peuple juif pleura à cette date sans raison, à l’avenir – ce même jour – Il leur donnera une bonne raison de pleurer. Et c’est ainsi que ce jour-là, les deux saints Temples de Jérusalem furent détruits, les Juifs furent expulsés d’Espagne et bien d’autres tragédies s’abattirent sur le peuple juif.

À première vue, il peut sembler un peu rude et même vindicatif de la part de D.ieu d’affirmer : « Vous avez pleuré sans raison, alors Je vais vous donner une raison de pleurer. »

Je crois que voici l’idée véhiculée : si de toute manière vous devez pleurer, alors autant avoir une raison pour cela. En d’autres termes, il vaut mieux pleurer de douleur que de s’apitoyer sur son sort.

Dans la pensée juive, les pleurs sont généralement considérés comme une manifestation légitime d’émotion. Si vous pleurez pour exprimer une douleur, qu’elle soit physique ou émotionnelle, c’est sain. Si vous pleurez de frustration en raison de votre incapacité à accomplir ce que vous voulez, c’est aussi sain. Mais pleurer pour s’apitoyer de votre sort, de votre situation désespérée dans la vie, ne peut être que destructeur. Votre résolution d’affronter les défis de ce monde s’en voit ébranlée. Et donc, si vous devez pleurer, mieux vaut avoir une bonne raison pour cela.

C’est la teneur du discours de D.ieu adressé à la génération des espions : si de toute manière, vous allez pleurer, Je vais vous donner une raison pour cela, de sorte que vos pleurs soient au moins productifs.

Le même raisonnement est potentiellement valable pour nous. Si nous pleurons sans raison, D.ieu peut bien nous donner une raison de pleurer. À mon retour d’un voyage en Pologne, un lieu où les Juifs eurent une raison de pleurer pendant des centaines d’années, cette idée fut d’autant plus poignante pour moi. Avoir marché sur les tombes de plus de 600 000 Juifs à Belzec, davantage à Treblinka, et peut-être davantage encore à Auschwitz-Birkenau fut un rappel pour moi : je réalisai qu’aujourd’hui, notre situation est vraiment bonne. Nous n’avons certainement aucune raison de pleurer. Nous devrions certainement célébrer le caractère positif de notre existence.

Les Juifs du désert auraient dû sûrement célébrer aussi. Mais ils choisirent plutôt de pleurer – comme nous choisissons souvent de pleurer. Et ça c’est vraiment quelque chose sur lequel nous pouvons nous lamenter.

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