Torah de Vie

Apprendre à se dépasser

Vayikra (Lévitique 1-5 )

Être juif n’est pas un statut passif mais un devenir, ou plus exactement une volonté constante de progresser… vers l’Infini.

La tradition juive recommande de débuter l’apprentissage de la Torah aux jeunes enfants par l’étude de la Parachat Vayikra. Cette directive a de quoi surprendre quand on sait que les sacrifices relèvent de concepts bien éloignés des facultés mentales d’un enfant de cinq ans. Quelles sont donc les raisons qui ont poussé nos maîtres à débuter l’éducation de nos jeunes enfants par des lois aussi complexes ?

Avant de répondre à cette question, il nous faut définir, du moins brièvement, la notion de sacrifice. Les commentateurs soulignent que le mot « Korbane », sacrifice en hébreu, est issu de la racine étymologique KaRoV qui signifie proche. De fait, à travers le sacrifice, l’homme manifeste son désir de proximité avec le Créateur et sa volonté de consacrer tout son être à Son service.

Ce qui soulève une importante difficulté : peut-on espérer se rapprocher de Celui qui est infini et qui dépasse toutes les limites qu’un homme puisse imaginer ? La réponse est nuancée : s’il est, bien évidemment, impossible d’atteindre la proximité absolue avec D.ieu, il est en revanche parfaitement possible d’œuvrer en permanence à la recherche de cette proximité.

D’ailleurs cette démarche n’est pas seulement un signe de vitalité intérieure, c’est aussi une définition sous-jacente du judaïsme : être juif n’est pas un statut passif mais un devenir, ou plus exactement une volonté constante de progresser… vers l’Infini. Et c’est cette caractéristique exaltante de l’identité juive qui s’incarne dans le concept du Korbane.

Éduquer par l’exemple

Forts de cet enseignement, nous pouvons à présent retourner à notre question initiale.

En enjoignant aux parents de débuter l’éducation spirituelle de leurs enfants par les lois des sacrifices, nos maîtres les exhortent, par là même, à en faire des êtres motivés par une progression spirituelle constante.

Ceci étant, si les parents éduquent leurs enfants dans l’esprit du sacrifice, il est impératif qu’eux-mêmes vivent pleinement cette attitude. Car l’exemple parental représente une part déterminante dans l’éducation de l’enfant. Par conséquent, élever un enfant suppose la mise en retrait des aspects défectueux de sa propre personnalité pour lui offrir un modèle idéal. En d’autres termes, il faut être prêt à donner sa vie et sacrifier son confort personnel afin que l’enfant, en s’inspirant de nous, puisse se construire pleinement. A contrario, si l’enfant constate que l’engagement de ses parents dans la vie n’est pas conforme à la Tora et vécu sans enthousiasme, il n’aura à son tour aucune volonté de se dépasser. Les sacrifices décrits dans la Tora ne seront alors que du folklore ou de l’histoire ancienne, plutôt qu’un idéal de vie.

Dès son plus jeune âge, l’enfant doit prendre pleinement conscience que la pratique et l’étude du judaïsme sont indissociables d’un engagement profond. En fondant le point de départ de l’étude sur l’idée de sacrifice, l’éducateur cherchera à ancrer chez son élève l’idée qu’il doit constamment aller au bout de ses convictions.

« Sacrifier » sa raison

L’enseignement des sacrifices poursuit un autre objectif, plus subtil. Parce que ces lois touchent à des concepts difficilement appréhendables par la raison humaine, leur étude véhicule un autre fondement capital de la vie juive : la prise conscience que l’on ne peut pas tout comprendre parce que D.ieu est infini. Dans cette optique, le fait même d’étudier les sacrifices constituerait en soin une sorte de sacrifice puisque l’enfant fait partiellement abstraction de son intellect pour laisser place à la foi.

En résumé, la tradition d’introduire les jeunes enfants à l’étude de la Torah par les lois sacrificielles présente un double intérêt. D’une part, elle éveille l’élève – et ses parents – à placer son existence sous le signe d’une croissance spirituelle permanente. De l’autre, elle lui rappelle que quand bien même il s’efforcera d’approfondir la sagesse divine, son intellect ne pourra jamais la maîtriser totalement parce qu’elle relève de l’infini.

Grandeur humaine mais aussi humilité, ceux sont là deux valeurs clés qu’il nous incombe d’enseigner à l’enfant à l’orée de son parcours spirituel.

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