Torah de Vie

La vraie grandeur de Moïse

'Houkat (Bamidbar 19:1-22:1 )

Paradoxalement, l’incident du rocher frappé par Moïse révèle non pas sa faiblesse mais sa véritable grandeur !

Notre paracha relate l’évènement déterminant qui priva Moïse de l’entrée en Israël. Alors que D.ieu lui demanda de parler à un rocher pour que de l’eau puisse en couler, le plus grand des prophètes préféra frapper le rocher. C’est cette « désobéissance » qui fut à l’origine de la sanction (Nombres 20, 7).  Mais, détail étonnant, le mot « faute » n’est pas mentionné à son égard ! Bien plus, le rappel de cet incident sera mis sur le compte du peuple. Ces différentes anomalies seront pour nous l’occasion de comprendre la fonction d’un chef spirituel.

Réfléchissons à  la définition du concept de « faute » qui remet en cause le statut de Tsaddik gamour (Juste parfait). Un homme de l’envergure de Moïse est l’archétype de l’homme qui ne commet aucune faute. En effet, la volonté de D.ieu et la sienne ne forment qu’une seule entité. Dès lors comment expliquer ce décalage entre l'ordre divin, parler au rocher, et la réaction, frapper le rocher ?

Question : Après la faute, peut-on encore qualifier Moïse de Juste parfait ? La réponse est catégoriquement positive car la faute dont il est question ici n’est pas un caprice ou une faiblesse de Moïse mais c’est au contraire toute  l’expression… de sa grandeur.

Le veau d’or

Rachi écrit dans notre paracha que « le chef d’une génération incarne entièrement sa génération et que ce chef est tout » (Nombres 21, 21). Cette osmose entre un dirigeant et son peuple amène ce chef à se donner complètement pour chaque membre du peuple. Ce fut le cas notamment lors du veau d’or. Durant cet épisode tragique, la menace d’anéantissement  du peuple était inévitable. Pourtant au-delà de toute logique, Moïse mit sa vie en jeu devant cette éventualité : « Et maintenant si Tu pardonnes leur faute (c’est bien) et si non, efface moi du livre que Tu as écris » (Exode 32, 32). Le Guide spirituel n’a pas d’existence personnelle. Il n’existe que pour son peuple au point de le défendre totalement.

Si Moïse avait parlé au rocher, cela aurait entraîné un sentiment de honte chez les enfants Israël. Voici un rocher à qui l’on donne un ordre et qui va, sans conteste, obéir ! N’est-ce pas là une honte pour ce peuple qui bien souvent se montre rebelle à toute injonction ! C’est pourquoi le berger fidèle, qui ne cherche que l’intérêt de son peuple, va frapper le rocher pour éviter une honte aux enfants d’Israël.

Il ne s’agit pas d’une faute dans le sens classique du terme car D.ieu attendait de Moïse cette réaction, cette capacité d’être prêt à donner sa vie pour un autre Juif même s’il n’en tire aucun profit. Toute l’essence du judaïsme se trouve ici dans l’attitude de Moïse.

Quelques gouttes

À présent, il est aussi possible de comprendre pourquoi la Tora nous livre cet enseignement au cœur même de la Paracha qui est consacrée à la loi de la vache rousse. En effet, cette mitsva consistait à prendre une vache entièrement rousse, à la brûler, à mélanger ses cendres à de l’eau pure pour en asperger de quelques gouttes un individu qui avait eu un contact direct ou indirect avec un mort. Celui qui transportait cette eau devenait à son tour impur.

Au second degré, il serait question ici d’un individu mort spirituellement. Volontairement ou non, il a rompu tout contact avec le judaïsme. Ce constat doit nous amener à le sauver en « l’aspergeant »  de Tora. Même si cela doit nous rendre impur, c'est-à-dire nous déranger dans notre confort quotidien. À l’instar de Moïse qui fut prêt à remettre en cause son statut de dirigeant pour éviter ne serait-ce qu’une petite honte à son peuple, nous devons tout faire pour sauver ne serait-ce qu’un de nos frères de l’assimilation.  

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