Torah de Vie

Un orgueil bien placé

Béhar (Lévitique 25:1-26:2 )

À quelques jours de Chavouot, la fête du don de la Torah, nous devons nous préparer à cet événement fondateur de l’identité juive. À ce propos, nos Maîtres sont unanimes pour faire de l’humilité la clé de voûte de notre attachement à la Torah. S’il en est ainsi, comment peut-on lire une paracha dont le nom est Behar, qui renvoie à l’idée de hauteur puisque ce nom signifie « sur la montagne » ? C’est dans le nom de la paracha qui l’accompagne que se trouve la réponse à la question.

Mais revenons quelque peu au concept d’humilité comme fondement du judaïsme. Pourquoi cette vertu, et pas une autre, est-elle si essentielle ? L’étude de la Torah et la pratique des mitzvot ont pour but, entre autres, de rechercher la proximité avec le Créateur et d’établir des relations harmonieuses avec notre prochain. Mais cette proximité n’est qu’une étape vers un but bien plus élevé : faire en sorte, que « notre volonté soit celle de D.ieu » (Pirké Avot II, 4). Ainsi, même lorsqu'on mange, boit ou parle, on ressent la Présence de D.ieu. Cette unité entre D.ieu et l'homme est-elle possible ? Oui, quand l’homme se débarrasse de son ego afin de laisser de la place pour D.ieu. Et c’est d’ailleurs le critère incontournable nous permettant de définir le degré de vérité d’un homme : plus un homme est soumis à D.ieu, plus il peut être qualifié « d’homme de vérité ».

Fort comme un lion

Notre question n’en devient que plus intense : si le repère d’un judaïsme authentique est la soumission au Créateur, comment à l’approche de Chavouot une paracha peut-elle porter le nom de Béhar (sur la montagne) ? La réponse que proposent nos Maîtres est de prime abord étonnante, mais elle nous permettra d’affiner notre approche du judaïsme : il existe un bon orgueil ! Quand un homme met en avant sa personne, ses sentiments, son point de vue, qui ne sont en fait que l’expression de son moi, il est en rupture avec l’esprit du judaïsme. Mais quand il s’efface pour laisser D.ieu s’exprimer, toute affirmation de grandeur ou de supériorité ne sera qu’une expression de hauteur divine, mais pas de la sienne ! Prenons un exemple tiré du Code de lois juives. Il nous y est demandé, à notre réveil, d’être « courageux comme la panthère, rapide comme l’aigle…et fort comme le lion ». Extérieurement on peut voir dans ces attitudes des manifestations évidentes d’orgueil. Mais si l’énergie déployée à ce moment n’a pour but que le service de D.ieu, on peut alors parler d’un orgueil positif.

Une position élevée

On peut comprendre à présent pourquoi la paracha suivante porte le nom de Bé’houkotaï qui signifie « dans Mes lois ». Si l’orgueil (Behar) s’exprime au travers de « Mes lois », on ne peut plus alors parler d’attitude moralement répréhensible puisque la hauteur prise par l’homme est celle du Créateur. Une petite histoire nous permettra de le comprendre. On sait combien dans le monde hassidique l’orgueil est un trait de caractère faisant l’objet d’un rejet extrême. Étant à la source de toutes nos fautes, les Maîtres de la Hassidout exigèrent de leurs disciples de s’en éloigner le plus vigoureusement possible. Pourtant, il existait un élève de Rabbi Shneour Zalman de Lyadi qui affirma s’être maintenu à son niveau spirituel grâce à l’orgueil. Il habitait une grande ville dont les tentations étaient nombreuses. Comment parvint-il à les repousser ? Il se justifia ainsi : « Je suis considéré comme un grand disciple du Admour hazakène. Comment de ce fait pourrais-je me laisser influencer par le mauvais penchant et perdre ainsi un niveau si élevé » !

Related Articles

Donnez du pouvoir à votre voyage juif

Inscrivez-vous à l'e-mail hebdomadaire d'Aish.com

Error: Contact form not found.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram