Monde Juif

Tragédie à Toulouse

18/03/2014 | par rabbin Benjamin Blech

Que nous le voulions ou nous, être juif est un aimant qui attire la haine. Peu importe qu'elle soit irrationnelle.

Je n’arrive pas à chasser de mon esprit cette image cauchemardesque.

Le meurtrier, sur sa motocyclette, en descendit, agrippa par les cheveux la jolie petite fille de huit ans. Il plaça le revolver sur sa tête et appuya sur la gâchette. Lorsque l’arme s’enraya, il échangea d’arme, tira à bout portant sur la tempe de cette petite fille, remonta calmement sur son vélomoteur et partit.

On dénombre trois autres victimes dans cette école juive religieuse de Toulouse. L’un était un rabbin et les autres, ses deux jeunes fils.

« Il était calme et déterminé. Il les a assassinés de sang-froid, comme s’il tuait des animaux », a déclaré Nicolas Yardéni, le président régional du CRIF, après avoir vu les séquences (de télévision en circuit fermé) des meurtres filmés par les caméras de surveillance.

« Vous voyez un homme garer sa moto, commencer à tirer, entrer dans la cour de l’école et poursuivre des enfants pour en attraper un et tirer une balle dans sa tête. C’est insupportable à regarder. Il cherchait à tuer. »

Ce carnage constitue une illustration du crime perpétré par l’ennemi numéro 1 du peuple juif, Amalek, qui s’attaque aux faibles et aux impuissants.

Nous nous efforçons de comprendre, mais le niveau de perversité atteint surpasse tout ce que nous pouvons concevoir.

L’imagination humaine peine à comprendre comment l’on peut choisir des enfants innocents pour les assassiner.

Mais ne rien tirer comme leçon de cet événement effroyable, c’est lui retirer tout sens et nier son importance. Il nous faut saisir sa portée contemporaine et son message.

Le tueur détestait non seulement les Juifs, mais aussi d’autres minorités ethniques et religieuses. La haine nécessite généralement plus qu’un exutoire. Mais l’histoire a indubitablement prouvé ce que toute société civilisée se doit de reconnaître : les Juifs tiennent toujours pour le monde le rôle que le canari jouait pour les mineurs de charbon.

Dans le temps, les mineurs emportaient avec eux dans les mines des canaris, car ces derniers sont extrêmement sensibles aux gaz dangereux. Ils réagissaient au danger avant les hommes. Lorsque les mineurs voyaient les canaris défaillir et mourir, ils comprenaient que l’air était malsain et ils s’échappaient aussi vite que possible.

Tel est le rôle des Juifs pour le monde. Nous sommes le système de première alerte du monde. Lorsque le mal règne, lorsque la haine prévaut, nous sommes les premiers touchés. Être juif, que nous le voulions ou non, c’est être un aimant qui attire la haine, la jalousie, le ressentiment, peu importe à quel point c’est injustifié et irrationnel. S’il existe de la haine quelque part dans le monde, elle va nous trouver. S’il y a du mal quelque part sur la planète, nous allons devenir sa cible. Des individus qui débordent de haine, quelle qu’en soit la raison, y compris la haine de soi, font de nous les objets de leur animosité.

Nous trouvons une bonne raison pour laquelle les êtres abjects haïssent les Juifs. Maurice Samuel l’a formulé mémorablement : « Personne n’aime son réveille-matin. » Nous dérangeons le monde, car nous persistons à tenter de l’éveiller à l’appel Divin visant à une conduite morale et éthique. Hitler l’a affirmé plus clairement. Il attaqua les Juifs avant de s’attaquer à la civilisation occidentale et il expliqua pourquoi leur disparition était une priorité. « La conscience, » déclara-t-il, « est une invention juive. C’est un défaut au même titre que la circoncision. »

L’existence même des Juifs constitue une menace pour ceux dont le but est de se défaire de toute demande de moralité.

L’existence même des Juifs est une menace pour ceux dont le but est de se défaire de toute demande de moralité et de conduite civilisée. Les Juifs sont choisis pour être annihilés en raison de leur mission, celle d’être une « lumière pour les nations » - et ceux qui livrent un culte aux forces de l’obscurité et du mal ne peuvent supporter leur présence continue sur terre.

C’est la raison pour laquelle l’antisémitisme ne se contente pas de mettre les Juifs en péril. Les Juifs sont simplement les premiers à subir le plus fort de l’attaque des pervers. Une fois l’invention juive de la conscience enterrée et le message juif de l’éthique biblique enseveli, l’antisémitisme met à jour ses intentions ultimes : la victoire de l’iniquité et la fin de la civilisation.

Le défi réel du genre de terrorisme dont nous avons été les témoins à Toulouse est implicite dans les célèbres paroles du pasteur Martin Niemoller, en réaction aux horreurs de la Shoah :

D'abord, ils vinrent pour les Juifs et je n’osais pas prendre la parole, car je n’étais pas Juif.

Ensuite ils vinrent pour les communistes et je n’osais pas prendre la parole, car je n’étais pas communiste.

Ensuite, ils vinrent pour les syndicalistes et je n’osais pas prendre la parole, car je n’étais pas syndicaliste.

Enfin, ils vinrent pour moi – et personne n’était plus là pour prendre la parole pour moi.

Quand le monde comprendra-t-il cette simple vérité ?

Alors que les Juifs versent des larmes amères sur la mort de ces âmes saintes, innocentes et pures de l’école d’Ozar HaTorah, nos pleurs ne visent pas simplement le massacre de notre foi.

Nous pleurons, car nous sommes les témoins d’une menace au monde civilisé qui est encore identifiée par erreur comme un problème juif. Par la suite, cette menace est mise de côté par commodité, jugée indigne de figurer parmi les sujets de préoccupation mondiale.

Nous versons des larmes, car les « hommes éclairés de l’Europe » ne saisissent pas encore que l’affliction des canaris du monde, les Juifs, augure de conséquences bien plus graves pour toute l’humanité si l’on ne la traite pas immédiatement en y mettant la détermination appropriée et la conviction voulue.

Nous sommes tenaillés par la douleur, car nous considérons les événements en France comme un défi lancé contre la résolution du monde à tenir bon contre le terrorisme et nous avons été trop souvent les témoins de réactions d’acceptation, de compromis et de passivité.

Peut-être que nos prières et nos larmes aideront-elles le monde à s’éveiller à l’appel de notre réveil, un rappel urgent destiné à préserver les règles de moralité et de décence.

Et peut-être que l’excès même de cet acte effroyable permettra à l’une des plus grandes contributions à l’humanité, l’invention de la conscience, de s’engager dans une guerre contre le mal et de la remporter.

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