Monde Juif

Et si malgré tout le pseudo «loup solitaire» avait bel et bien bénéficié de complicité?

05/11/2017 | par Joël Mergui

Le verdict vient de tomber, à mes yeux, fatalement décevant au regard des vies brisées.

Mais au-delà du verdict, qu'avons-nous appris de ce procès ?

Au terme de longues semaines d’audience, vécues comme un véritable supplice par les familles des victimes, le verdict vient de tomber, à mes yeux, fatalement décevant au regard des vies brisées.

Si à défaut de preuves matérielles, le frère de l’assassin n’a pas été condamné pour complicité de meurtre, il est en revanche parfaitement établi que ce dernier est pleinement responsable de la haine antisémite qui a nourri le projet terroriste de son frère et armé son bras meurtrier.

Le procès de cet homme qui n’aura jamais demandé pardon parce qu’il ne se juge pas coupable d’antisémitisme ou d’islamisme politique, nous aura permis de rentrer dans le mécanisme de la haine antisémite, lentement mais implacablement distillée au sein du milieu familial.

Pour l’ami que je suis des familles Sandler et Monsonégo proche de madame Ibn Ziaten, et surtout en tant que Président du Consistoire, il est important que l’on tire enfin la leçon des conséquences de la haine intériorisée au cœur de la vie privée.

Il est essentiel pour l’avenir que soit mesuré son impact dans la sphère publique sans se limiter à compatir et à comprendre les désastres qu’elle engendre pour d’autres familles.

Ce procès pour triste et douloureux qu’il soit, surtout pour les familles endeuillées, aura au moins attiré, et j’espère focalisé, l’attention sur l’apprentissage de la terreur et la fabrication familiale de tueurs implacables, endoctrinés pour répandre l’horreur, désorganiser nos sociétés et en saper les fondations.

Quelles garanties aurons-nous demain que d’autres foyers familiaux de la terreur ne couvent pas en leur sein de nouveaux tueurs protégés par la mauvaise conscience politique et sociale de nos démocraties, laquelle voudrait que des pseudos damnés de l’Occident aient le droit de haïr, par pure rancœur, comme un dû ?

Jusqu’à quand faudra-t-il feindre s’étonner qu’ils passent un jour, tout naturellement, à l’acte sans l’ombre d’un doute ni le frémissement d’une remise en question, remise en question que rien ni personne n’aura encouragé ?

Il est plus que temps de nous interroger sur les moyens de combattre cette haine nourrie dans l’intime pour exploser à l’extérieur, dans l’espace public que nous fréquentons nécessairement tous.

Quel devenir, au terme de sa peine de sureté, nous est réservé si rien ne prépare cet homme à désapprendre la haine ni à assumer ses responsabilités ?

Quelle bombe à retardement la prison risque-t-elle de lentement fabriquer s’il fréquente d’autres détenus et les endoctrine, comme il a su si bien le faire pour son propre frère sans en assumer les risques directs ?

Si le milieu carcéral, associatif ou scolaire constituent des cadres normalement protégés - comme la famille était censée l’être -, ne devrions-nous pas davantage nous interroger sur ce qui s’y trame d’idéologie islamiste et lutter sans complaisance contre toutes les dérives fussent-elles en apparence seulement, anodines ?

C’est la question qui spontanément me vient à l’esprit devant la stèle commémorative dédiée à Ilan Halimi (zal), découverte ce 1er novembre à Bagneux, maculée pour la deuxième fois d’insultes et d’inscriptions antisémites par des vandales sans cœur ni courage.

Il n’y a pas de tolérance possible avec nos ennemis, aucune mauvaise conscience à avoir envers ceux qui assassinent joyeusement nos enfants, nos proches, nos amis, nos voisins dans nos écoles, dans les salles de spectacles ou les terrasses de café.

Il n'y a pas non plus d'indulgence ou de complaisance à éprouver envers ceux qui les approuvent, les soutiennent même sans dépasser le stade des mots, des rires ou du vandalisme.

Nous serions coupables de les laisser faire, de les laisser dire et rire, car notre indifférence est le meilleur vecteur de diffusion de la haine.

Source : Consistoire de Paris

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