Société

Pourquoi l’humoriste juif le plus célèbre de France se convertit-il au catholicisme?

14/11/2022 | par Sara Yoheved Rigler

Gad Elmaleh, l'humoriste juif le plus célèbre de France, qui a souvent évoqué son identité juive sur scène, a choqué les juifs de France et ses fans du monde entier en annonçant qu’il se convertissait au catholicisme. Pensez à la manière dont les américains se sentiraient si Jerry Seinfeld ou Barbra Streisand se convertissaient au catholicisme.

Gad (un nom hébraïque, l’un des douze fils du patriarche Jacob) est né à Casablanca dans une famille juive marocaine traditionnelle. Il est allé à l’école juive. À l’âge de 17 ans, il émigre avec sa famille au Canada, pour ensuite s’installer à Paris. Il fut nommé “l’homme le plus drôle de France” et fut nominé pour l’équivalent français d’un Oscar. Ses sketchs de comédie en anglais sont célèbres sur Netflix.

Pourquoi donc se convertit-il au catholicisme?

Serait-ce l’influence de ses trois partenaires romantiques catholiques, incluant

Charlotte Marie Casiraghi, une princesse issue de la famille royale de Monaco ? Bien qu’il ait eu des enfants avec deux de ces femmes, il ne s’est jamais marié.

Serait-ce la rébellion ? Lors d’une interview sur la télévision française, il raconte qu’à l’âge de six ans à Casablanca, son père, sa sœur et lui passent devant une église. Son père lui a dit : “Tu vois ce bâtiment ? Tu ne peux pas y entrer”. Gad raconte qu’il fut tenté par “l’interdit”. Sa sœur et lui se sont ensuite faufilés dans l’endroit. La statue de la Vierge Marie l’a "subjugué". Il fut également envahi par un sentiment de “calme” et de sérénité lorsqu’il pénétra la cathédrale, à l’inverse des prières bruyantes d’une synagogue marocaine.

Serait-ce d’ordre psychologique, en lien avec la relation complexe qu’il entretient avec sa propre mère ? Lorsque l’intervieweur demande à Gad : “Qu’avez-vous de votre mère?”, il répond : “tout”.

Les parents de Gad sont terrifiés par sa décision. Les juifs marocains sont des descendants de juifs espagnols qui, confrontés au décret d’expulsion de 1492, choisirent de renoncer à tous leurs biens et de risquer la mort face aux pirates ou aux capitaines de mer sans scrupule en quittant l’Espagne, plutôt que de se convertir au christianisme.

Gad et ses parents

Gad demande à ses parents de jouer dans un film qu’il produit sur un juif qui décide de se convertir au christianisme. Devant la caméra, il leur révèle que ce juif, c’est lui. Sa mère, sans suivre le script, s’exclame : “Si tu changes de Dieu, alors change de parents.”

Toute hypothèse mise de côté, Gad a dit lui-même que sa décision a été motivée par des motifs spirituels.

Gad, élevé dans un foyer juif traditionnel, n’a jamais réalisé qu’il pourrait avoir une relation si personnelle et si aimante avec le Dieu du judaïsme.

Il a expliqué que lorsqu’il a vu pour la première fois la statue dans l’église à l’âge de six ans, “il est tombé amoureux”. Ensuite, “la Vierge Marie m’a pris sous son aile”.

Il raconte qu’il a demandé progressivement à la Vierge Marie de l’aider, en particulier “avant les spectacles” lorsqu’il éprouvait de l’anxiété, et qu’il a senti une réponse.

L’ironie est que Gad, élevé dans un foyer juif traditionnel, n’a jamais réalisé qu’il pourrait avoir une relation si personnelle et si aimante avec le Dieu du judaïsme.

Le Dieu personnel

Les juifs marocains sont connus pour garder la tradition juive. Gad Elmaleh a probablement grandi dans une maison empreinte d’héritage juif. Son attirance pour le christianisme est un rappel frappant que la durée de vie du judaïsme traditionnel est bien maigre comparée à celle du judaïsme vécu en tant que relation avec Dieu.

Le Dieu du judaïsme n’a pas de forme mais n’est pas abstrait, transcendant mais aussi immanent, cosmique mais également personnel.

Dans l’Antiquité, dans un monde rempli de différentes divinités qui étaient puissantes dans leurs domaines et personnalisées dans un multitude de formes, Abraham, le premier juif, a parlé de l’existence d’un Dieu tout-puissant, sans forme, avec lequel il avait une relation aimante et personnelle. Dieu l’appelait “Abraham qui M’aime”.

Le judaïsme rejette non seulement l’idée d’une quelconque incarnation physique de Dieu, mais également sa nécessité. Toutefois, les êtres humains ont besoin d’une représentation pour tout. Comment peuvent-ils donc nouer une relation avec un Dieu sans forme?

Le Dieu que le judaïsme a introduit dans ce monde ne peut pas être vu, mais Il peut être entendu. Au mont Sinaï, Dieu s’est révélé à travers la parole. Dieu S’est révélé à toute la nation hébraïque dans les dix commandements comme le Dieu qui intervient dans l’histoire à leur avantage.

Il ne s’agit pas d’un pouvoir divin distant. Il s’agit d’un Dieu personnel qui nous aime et qui nous sauve, non seulement lors des événements monumentaux comme l’Exode, mais également lors des épreuves quotidiennes de nos vies.

Par la même occasion, Dieu est transcendant, plus grand que le cosmos, au-delà du temps et de l’espace, infini. Comment les deux peuvent-ils être vrais ?

Le judaïsme a différents noms pour Dieu, faisant référence à différents aspects de l’infini tel que révélé aux êtres humains. Deux noms sont utilisés dans chaque bénédiction, où Dieu s’adresse à la fois à Y-H-V-H et à Élokim. Y-H-V-H représente le Dieu transcendant, aimant et miséricordieux. Élokim représente Dieu dans la nature, dans le détail, à la fois derrière le chèque inattendu dans la boîte aux lettres et dans la machine à laver qui se brise. Dieu n’a pas de forme concrète, mais Il se manifeste dans notre vie de manière concrète. Reconnaître le "Dieu caché” est le défi de la vie juive.

La prière personnelle

La prière personnelle signifie parler à Dieu avec nos propres mots, dans notre propre langage, en exprimant à la fois nos besoins et notre gratitude à celui subvient à ces besoins. Tout au long de l’histoire juive, les juifs ont eu une relation intime avec Dieu à travers la prière personnelle. Moïse, lorsque sa sœur Myriam fut frappée par la lèpre, a prié "Dieu, je t’en prie, guéris-là.” Le roi David a laissé son cœur s'adresser spontanément à Dieu, dans les célèbres psaumes de David. Nous lisons ces psaumes d’un livre, mais David les a puisés de son cœur.

La prière personnelle signifie parler à Dieu avec nos propres mots, dans notre propre langage, en exprimant à la fois nos besoins et notre gratitude.

Mais après la destruction du Temple, les Sages ont composé des prières fixes à réciter trois fois par jour. Pour la plupart des juifs dorénavant, les prières formelles du Sidour remplaçaient la prière personnelle, au lieu de s’y ajouter.

Cela a donné naissance au phénomène malencontreux de “prière par coeur”, dans laquelle les juifs parlent à Dieu comme s’ils parlaient à une machine qui répond. Le plus grand sage du 20e siècle, connu sous le nom de ‘Hafets ‘Haïm, a écrit:

Il n’est pas suffisant que quelqu’un prie le Chemoné Essré trois fois par jour ; plusieurs fois par jour, il doit ouvrir son cœur dans l'isolement, dans sa maison, du plus profond de son cœur. Les trois prières régulières sont si routinières qu’une personne ne se concentre pas vraiment lorsqu’elle les fait, ce qui n’est pas le cas si une personne contemplerait dans l’isolement sa propre détresse… Il déverserait son cœur comme de l’eau à Dieu.

Un mot d’avertissement : Dieu n’est pas un adepte des pleurnicheries. Alors, quand vous vous adressez à Dieu par une prière personnelle, commencez par Le remercier de tout ce que vous avez avant de Lui parler de ce que vous n’avez pas.

Une personne dont les affaires sont en chute libre, qui affronte une maladie, dont la vie amoureuse bat de l’aile ou qui est nerveux avant d’entrer sur scène peut parler à Dieu, avec la foi que Dieu a la capacité de renverser toutes les situations. Le fruit de cette main tendue n’est pas toujours un sauvetage miraculeux (bien que ce soit parfois le cas), mais il s’agit toujours de créer une relation intime avec le Dieu qui vous aime et qui fait ce qu’il y a de mieux pour vous. Sans les statues et les photos, un juif peut ressentir la présence aimante de Dieu dans sa vie.

L’intervieweur a demandé à Gad : “Qu’est-ce qu’il y a de juif en vous ? Un mot.” Gad a répondu : “L’esprit”. Bien qu’elle soit souvent obscurcie par des passions plus banales, l’âme juive est en quête d’une relation intime avec Dieu.

Le Divin vous appelle, Gad, mais vous n’avez pas besoin d’intermédiaire. Vous pouvez vous y rendre directement.

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