Israel

En souvenir du sergent Liel Gidoni

09/05/2016 | par Sara Debbie Gutfreund

Liel avait tout juste 20 ans quand il a été tué dans un échange de tirs avec des terroristes qui émergeaient d’un tunnel de Gaza. Un poignant hommage.

Le sergent Liel Gidoni avait tout juste 20 ans quand il a trouvé la mort le 1er août 2014 alors qu’il servait comme commandant de compagnie d’une unité Givati. Il a été tué dans un échange de tirs avec des terroristes qui émergeaient de la bouche d’un tunnel à Rafiah, dans la bande de Gaza. Il laisse dans le deuil ses parents et trois frères et sœurs.

Liel, je me tiens au sommet de la colline en compagnie de milliers de personnes alors que le soleil disparaît derrière les cimes des arbres, laissant sur son passage une traînée délicate de lumière dans l’air. D’interminables rangées de pierres tombales scintillent dans le crépuscule alors que les échos de tes funérailles se réverbèrent dans les montagnes majestueuses de Jérusalem qui nous font face.

C’est ton papa qui prend la parole en premier. Il raconte qu’il jouait avec toi au football quand tu étais petit. Qu’il se rappelle comment il te soulevait en l’air. Qu’il entend encore l’écho de ton rire et voit le sourire dans tes yeux. Que tu as refusé de lui dire au-revoir la dernière fois que tu as quitté la maison. Parce que tu as dit que tu serais bientôt de retour. Et que tu avais toujours détesté les adieux.

Mais il t’a tout de même serré dans ses bras, dans une étreinte si forte qu’il a pensé qu’elle te protègerait de tous les dangers.

Ta maman essaie de parler à son tour, mais sa voix se brise dès les premiers mots. « Je n’arrive pas à croire que tu nous as quitté, je n’arrive pas… » dit-elle, et ses sanglots se réverbèrent dans nos cœurs tandis qu’une imperceptible brise berce ses larmes.

Puis c’est au tour de ton frère de prendre la parole. Il parle de la dernière journée que vous avez passée ensemble. Il raconte que tu étais toujours souriant, toujours si empreint d’espoir. Que vous discutiez ensemble des endroits que tu voulais visiter. Des choses que tu voulais faire. Des livres que tu voulais étudier. Et combien il regrette de ne pas t’avoir écouté plus attentivement. Il t’a dit combien il t’aimait et t’a demandé pardon avant qu’il ne soit trop tard. Comment aurait-il pu deviner ? Comment peut-il t’atteindre maintenant ?

« Où sont passés tous tes rêves ? se demande-t-il tout haut. Qui nous donnera de l’espoir maintenant que ton sourire radieux n’est plus là pour éclairer le monde ? »

J’entends des sanglots près de moi. Je me retourne et aperçois un groupe de soldats. Ils sont tous en larmes. Leurs visages sont tournés vers la terre, et leurs bras passés les uns sur les épaules des autres.

Ceux doivent être tes amis. Ils ont dû se battre à tes côtés jusqu’à la fin. Liel, toi et moi nous ne nous sommes jamais rencontrés. Je ne connais de toi que ton nom. Mais je sais que tu as donné ta vie pour protéger Israël, et je suis venue à ton enterrement pour te dire merci.

Je devrais aussi remercier le groupe de soldats à mes côtés. Pour les nuits sans sommeil qu’ils passent à surveiller nos frontières. Pour risquer leur vie afin de protéger notre peuple. Pour les rêves qu’ils mettent de côté. Pour les adieux qu’ils ne savent pas exprimer.

Puis vient le moment de réciter le Kadich. Les mots sacrés nous encerclent avant de s’élever en volutes dans le ciel qui s’assombrit. Ensuite, je déambule entre les tombes et lis les noms gravés sur les épitaphes. Et les dates. Ils sont tous si jeunes. Il y a des portraits sur certaines pierres tombales. Celles de garçons jouant au ballon. De garçons priant au Kotel. De garçons courant dans les bras de leurs parents.

Qui les étreindra maintenant ? Certaines tombes ont l’air récentes avec ces monticules de terre fraîche qui les recouvrent. Je remarque trop de nouvelles tombes.

Plus tard dans la soirée, je monterai dans un avion et je retournerai chez moi. Je retrouverai mon train-train quotidien. J’entendrai parler de tes amis aux nouvelles et je prierai pour leur sécurité. J’essaierai de me rappeler de l’écho déchirant des pleurs de ta maman. J’essaierai de me rappeler des paroles de ton père et de ces branches d’arbres qui semblaient larmoyer en même temps que le Kadich qui s’élevait vers le ciel.

Rappelle-toi, me dis-je. Tu dois à tout prix te rappeler.

Ceux sont les soldats qui, chaque jour, donnent leur vie pour le peuple juif. Ceux sont les mères et les pères qui, chaque soir, envoient leurs fils au front dans des zones de combats afin que le pays puisse dormir en paix. Ceux sont les frères et les sœurs qui, chaque nuit, observent le ciel parsemé d’étoiles et se demandent si leur frère peut encore les entendre. Ceux sont les jeunes hommes qui ne savent pas comment dire adieu. Qui crient le Chema Israël avec leur dernier souffle.

Ceux sont les jeunes hommes que nous devons remercier et ne jamais oublier. Jamais.

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