Monde Juif

Les vies des Juifs comptent

17/09/2015 | par rabbin Benjamin Blech

Rien n’est écrit de façon définitive. Ni notre destin personnel en attente de la délibération céleste. Ni celui de l’humanité toute entière qui se joue au même moment avec les ultimes recours contre l’accord sur le nucléaire iranien.

Les jours compris entre Roch Hachana et Yom Kippour revêtent une signification très particulière. Ceux sont eux qui déterminent notre destin pour l’année à venir. C’est le moment du jugement divin. Là-haut, dans les cieux, l’humanité est évaluée, nos actes sont soupesés et nos actions sont examinées. Tout décret écrit à Roch Hachana est laissé en suspens, en attente de la délibération finale rendue le jour du Grand Pardon. Que l’humanité le reconnaisse ou non, il s’agit de la période la plus cruciale de l’année, les derniers jours durant lesquels nous avons encore la possibilité de modifier notre propre sort aussi bien que la destinée de l’humanité toute entière.

Fait remarquable, il s’avère que cette délibération céleste en cours trouve écho ici-bas. Durant plusieurs mois, le monde entier a observé avec une stupeur croissante la mise en œuvre d’un accord avec l’Iran, commanditaire principal du terrorisme mondial, lequel lui garantit à terme une capacité nucléaire ainsi qu’une cagnotte immédiate de 150 milliards de dollars en vue de concrétiser ses funestes desseins de domination universelle. L’accord est écrit, mais il n’a pas encore été scellé. Durant ces mêmes dix jours où les Cieux rendent leur verdict final, la classe politique américaine bénéficie d’une ultime opportunité d’invalider un accord que plus de 70 % des Israéliens et 90 % des Américains ont taxé de suicidaire.

Et c’est d’ailleurs dans les prières formulées par les Juifs dans les synagogues du monde entier à cette époque que nous abordons sans ambages notre inquiétude contemporaine : « À Roch Hachana il est écrit et à Yom Kippour il est scellé — qui vivra et qui mourra. » Au cas où nous aurions pris la menace iranienne à la légère, l’Ayatollah d’Iran a choisi de nous adresser un rappel : « Vous n’aurez pas l’opportunité de voir les 25 prochaines années ! » a déclaré Khameini à l’adresse d’Israël, quelques jours avant Roch Hachana. Et d’ajouter : « Avec l’aide de Dieu, l’entité sioniste n’existera plus dans 25 ans. Entre temps, l’esprit guerrier du Djihad et l’héroïsme ne donneront pas de répit aux sionistes, ne serait-ce que pour un instant. »

C’est là une grande ironie de l’histoire que ceux qui fomentent les complots les plus maléfiques ne cherchent pas à cacher leurs desseins ; ils publient à l’avance leurs ambitions génocidaires et comptent sur la naïveté du monde civilisé pour ne pas les prendre au sérieux. Hitler a explicité dans les moindres détails le sort qu’il réservait aux Juifs dans Mein Kampf. Le monde occidental a réduit ses prévisions au rang de pure rhétorique, d’exagérations dépourvues de tout lien avec la réalité. Malheureusement, cette indifférence s’est soldée par la Shoah.

Le monde est de nouveau coupable d’un même égarement. La veille même de l’entérinement de l’accord fondé sur une croyance en la volonté de l’Iran de rejoindre le clan des nations pacifistes, les dirigeants iraniens proclament haut et fort que l’annihilation d’Israël et de l’ensemble de ses habitants constitue leur objectif non-négociable. Or l’accord en question se trouve encore sur la table des négociations. Il est écrit certes, mais il n’a pas encore été scellé. Les politiciens vont encore en discuter et en débattre. Et le calendrier nous rappelle que nous sommes au milieu des 10 jours de pénitence et que la même phase de jugement se déroule au même moment dans les cieux.

Il y a tant de choses en suspens. Les vies des Juifs comptent — tout comme nos prières.

Il est choquant de constater qu’il n’y a pas eu de réaction inquiète, pas de dénonciation furieuse, pas de cris d’outrage face à la promesse de génocide réitérée par les ayatollahs. Aucun défenseur de l’accord ne s’est avancé pour proclamer avec une détermination aussi farouche que cette menace posée à l’encontre d’Israël est une raison suffisante de rompre l’accord, et que les vies des Juifs importent. Personne, ni le président des États-Unis ni aucun autre dirigeant mondial, ne s’est senti suffisamment motivé pour dénoncer cette promesse de destruction d’un membre des Nations Unies et l’extermination d’un peuple entier.

Il y a un slogan qui a gagné en popularité outre-Atlantique pour dénoncer les crimes racistes : « Black lives matter : les vies des Noirs comptent ». Si cette formule est totalement justifiée, il faudrait peut-être l’élargir à un autre groupe qui a quelque peu perdu son droit à l’amour ou même à la légitimité dans les cœurs de ceux qui prétendent brandir la bannière de la fraternité : « Jewish lives matter : les vies des Juifs comptent ». Le racisme et le sectarisme constituent des délits même si les victimes en sont des Juifs. L’antisémitisme a beau être dans l’air du temps, il est tout aussi abominable que le racisme lié à la couleur de peau.

Qui aurait pu croire qu’à peine un demi-siècle après la Shoah nous devons de nouveau rappeler au monde cette vérité élémentaire ? Les vies des Juifs comptent.

Durant les jours de pénitence compris entre Roch Hachana et Yom Kippour, nous devons méditer non seulement à notre propre futur mais aussi au destin de l’humanité. Il y a tant de choses en suspens. Les vies des Juifs comptent — tout comme nos prières. Puissions-nous tous être inscrits dans le Livre de la Vie.

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