Réussir ses rencontres

Qu'est-ce que l'Amour?

21/06/2011 | par Gila Manolson

Dépend-il de la bonne rencontre?

Il y a quelques années, j'ai interrogé un groupe de lycéens sur leur conception de l'amour : " Est-ce que quelqu'un pourrait définir l'amour ? " ai-je demandé.

Toutes les mains se levèrent et j'ai pensé " Aïe! "

Ma question demeura sans réponse." Personne n'a envie d'essayer ? " Toujours aucune réponse. " Vous savez quoi ? Je vais proposer une définition et vous lèverez la main si elle vous convient. D'accord ? " Tous acquiescèrent. "Très bien. L'amour est le sentiment que l'on ressent lorsque l'on rencontre la bonne personne. " Toutes les mains se levèrent et j'ai pensé " Aïe! ".  

Voici comment de nombreuses personnes abordent une relation. Consciemment ou inconsciemment, elles pensent que l'amour est un sentiment (reposant sur une attraction physique et émotionnelle) qui se manifeste spontanément et comme par magie, lorsque la bonne personne apparaît. Et qui se désintègre tout aussi facilement, quand la magie n'est plus là. On peut tomber amoureux et cesser de l'être. Le mot clé est la passivité.  

Dieu nous a créé pour que nous voyions le bon qui se trouve en nous

Erich Fromm, dans son ouvrage célèbre " The Art of Loving ", relève la triste conséquence d'une telle méprise : "Il n'existe pratiquement aucune autre activité ou entreprise que l'on commence avec des espoirs et des attentes aussi élevés, et qui pourtant, échouent tout aussi souvent, que l'amour. " (Il écrivait cela en 1956, il existe donc de grandes chances pour qu'il soit encore plus pessimiste aujourd'hui.)  

L'amour est le sentiment d'attachement, qui naît de notre appréciation de ce qu'il y a de bon en l'autre. Le mot "bon" peut surprendre. Après tout, dans la plupart des histoires d'amour, on ne présente pas les deux amants comme séduits par les qualités morales de l'autre. (" Je suis captivée par tes valeurs ! " lui dit-il passionnément. " Et moi, je n'avais jamais rencontré un homme aussi intègre ! " avoua-t-elle avec feu.) 

Pourtant, dans son étude sur les mariages réussis (" The Good Marriage : How and Why Love Lasts "), Judith Wallerstein rapporte : " la valeur que ces couples avaient attribuée aux qualités morales de leur partenaire fut une découverte inattendue ".  

La bonté est ce qui éveillera notre amour

En ce qui concerne la vision juive du mariage, cette découverte n'est pas du tout surprenante. Ce que nous aimons chez nous, nous l'apprécions également chez les autres. Dieu nous a créé pour que nous voyions le bon qui se trouve en nous (d'où notre besoin de relativiser, de regretter nos erreurs). De la même manière, nous recherchons aussi le bon en l'autre. Une belle apparence, une personnalité engageante, de l'intelligence et du talent (toutes choses qui ont de l'importance) peuvent nous séduire, mais la bonté est ce qui éveillera notre amour.  

L'AMOUR EST UN CHOIX

L'amour naît de notre appréciation de l'autre, mais il ne se manifeste pas uniquement par lui. Nous pouvons le susciter, nous pouvons le créer. Il suffit de se focaliser sur le bon qui se trouve en l'autre (et chacun en possède un peu). Si nous nous habituons à le faire, nous aimerons facilement.  

" Je veux que vous sachiez que je vous aime tous. " " Bien sûr ", ai-je pensé

Je me trouvais une fois à  un concert privé, au cours duquel l'artiste, une personne profondément spirituelle, regarda chaleureusement son public et dit :" Je veux que vous sachiez que je vous aime tous. " " Bien sûr ", ai-je pensé, et j'ai sourit avec indulgence. En y repensant, je réalise que mon cynisme était un peu mal placé. Cet homme voyait de manière naturelle le bon en chacun de nous, et nos personnes évoquaient suffisamment pour lui pour qu'il puisse nous aimer. En fait, le Judaïsme recherche cet amour universel et inconditionnel.  

Bien évidemment, la route est longue avant de parvenir à cet amour profond et personnel qui apparaît au fil des ans, notamment dans le cadre du mariage. Mais voir le bien est déjà un début.

Suzanne ne découvrit comment fonder l'amour qu'après s'être fiancée avec David. Quand elle téléphona à ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle, ils furent enchantés. A la fin de la conversation, sa mère lui dit : 
" Chérie, je veux que tu saches que nous t'aimons, et que nous aimons David.
Suzanne exprima son doute:" Maman, " dit-elle hésitante, " j'apprécie vraiment ton affection, mais en toute honnêteté, comment peux-tu dire que tu aimes quelqu'un que tu n'as jamais vu ?
" Ce que je veux dire, c'est que nous choisissons de l'aimer, " expliqua sa mère, " parce que l'amour est un choix.
C'est là le conseil le plus sage que la mère de Suzanne pouvait offrir à sa fille avant son mariage. 

NOS ACTIONS AFFECTENT NOS SENTIMENTS 

La meilleure façon d'être aimant, c'est d'aimer - et cela veut dire donner

Maintenant que nous éprouvons tellement de sympathie pour le genre humain, comment pouvons-nous approfondir notre amour pour l'autre ?  
Dieu nous a créé de telle sorte que nos actions influent considérablement sur nos sentiments. Par exemple, si nous voulons montrer plus de compassion, avoir des pensées bienveillantes peut nous y aider, mais donner la tsédaka (aumône) nous y conduira plus certainement. De la même manière, la meilleure façon d'être aimant, c'est d'aimer - et cela veut dire donner.

Si la plupart des gens pensent que c'est l'amour qui nous pousse à donner, la vérité (telle que Rav Eliahou Dessler l'écrit dans son célèbre essai sur la bonté) est l'exactement à l’opposé : " Donner nous conduit à aimer ".

Quand un bricoleur enthousiaste annonce joyeusement à sa femme, très peu portée sur la mécanique : " Chérie, attends de voir ce que je t'ai acheté pour ton anniversaire - une boîte à outil avec trois compartiments ! ", cela ne s'appelle pas donner.  De même, lorsqu'un père force son fils à jouer du violon, parce que lui-même a toujours rêvé de devenir virtuose, cela ne s'appelle pas donner. 

Manifester un intérêt réel pour la vie et l'épanouissement de l'autre

Le don véritable, tel que Erich Fromm le fait remarquer, s'exprime différemment et requiert quatre éléments. Le premier est l'attention, manifester un intérêt réel pour la vie et l'épanouissement de l'autre. Le second est la responsabilité, répondre à ses besoins qu'ils soient exprimés ou non (dans une relation entre adultes, il s'agira alors de besoins émotionnels). Le troisième est le respect, la capacité de voir l'autre tel qu'il (ou elle) est, être conscient de l'unicité de son identité et, par conséquent, souhaiter voir l'autre s'épanouir, en accord avec cette identité. Ces trois éléments dépendent tous du quatrième, la connaissance. On ne peut être attentionné envers l'autre, lui répondre et le/la respecter, que dans la mesure où nous le/la connaissons.

S'OUVRIR AUX AUTRES

L'effet d'un don sincère et altruiste est profond. Il nous permet de pénétrer le monde de chacun et d'apprécier le bon qui se trouve en lui. En même temps, cela implique que nous investissions une partie de nous-mêmes en l'autre, ce qui nous permet de l'aimer, autant que nous nous aimons nous-mêmes. 

Chaque relation connaît ses hauts et ses bas", me dit-elle.

Il y a plusieurs années, j'ai rencontré une femme que j'ai trouvée très désagréable. J'ai donc décidé de tester la théorie de " donner nous conduit à aimer ". Un jour, je l'ai invitée à venir dîner chez moi. Quelques jours plus tard, j'offris de l'aider à résoudre un problème personnel. En une autre occasion, je lui lus quelque chose qu'elle avait écrit et lui donna mon avis, avec mes compliments. Aujourd'hui, nous entretenons des rapports très chaleureux. 

Plus on donne, plus on aime. C'est pourquoi nos parents (qui nous ont donné bien plus que nous ne le saurons jamais) nous aiment sans aucun doute plus que nous ne les aimons nous-mêmes, et nous, en retour, aimons nos enfants plus qu'ils ne nous aiment.

Parce qu’un amour profond et intime émane de la connaissance et du don, il ne peut apparaître en une nuit, il est le fruit du temps. En d’autres mots, il apparaîtra seulement après le mariage.

Ce sentiment intense que de nombreux couples ressentent avant de se marier est généralement une grande tendresse, sublimée par la vie commune, l'alchimie et l'anticipation. Ce sont des graines d'amour, qui doivent encore germer.

Le jour du mariage, les émotions s’envolent, mais le véritable amour se trouve à son niveau le plus bas. Parce que cet amour doit grandir, au fur et à mesure que le mari et la femme se donneront l'un à l'autre.Une femme que je connais m'expliqua un jour, pourquoi elle vivait un mariage heureux, depuis maintenant 25 ans. " Chaque relation connaît ses hauts et ses bas", me dit-elle. " Les bas peuvent être vraiment terribles - et quand ils le sont, nous avons trois solutions : partir, vivre un mariage sans amour, ou choisir d'aimer notre mari. "

Le Dr. Jill Murray (auteur de " But I Love Him : Protecting Your Daughter from Controlling, Abusive Dating Relationships ") écrit que si quelqu'un vous maltraite tout en prétendant vous aimer, il faut se souvenir que " l'amour est un comportement.

Une relation s'épanouit lorsque les deux partenaires s'engagent à agir de manière aimante, par un don continuel et inconditionnel. Non pas en disant simplement " je t'aime ", mais aussi en le montrant. 

(Un extrait de " Head to Heart " de Gila Manolson, en cours de traduction aux éditions Téhila)

 

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