Israel

Inédit : la cause palestinienne vue par un diplomate arabe israélien !

02/12/2014 | par George Deek

Vice-ambassadeur d’Israël à Oslo et Arabe israélien, il partage son point de vue sur la question palestinienne. À lire, et surtout… à faire lire !

Quand je me promène dans les rues de ma ville natale, Jaffa, je me souviens de l’année 1948. Les allées de la Vieille Ville, les maisons du quartier d’Ajami, les filets de pêche au port – tout semble raconter différentes histoires sur l’année qui a changé ma cité pour toujours.

Une de ces histoires concerne l’une des plus anciennes familles de cette cité  – la famille Deek – la mienne. Avant 1948, mon grand-père George, dont j’ai hérité le nom, travaillait comme électricien, dans la Compagnie d’électricité Rotenberg. Il ne s’intéressait pas beaucoup à la politique. Et comme Jaffa était une ville mixte, il avait naturellement des amis juifs. En fait, ses amis, à la compagnie d’électricité, lui parlaient même en Yiddish, faisant de lui le premier Arabe n’ayant jamais parlé cette langue.

En 1947, il se fiança à Vera – ma grand’mère, et ensemble, ils firent des plans pour fonder une famille dans la ville même où la famille Deek vivait depuis environ 400 ans – Jaffa.

Mais quelques mois après, ces plans furent modifiés, littéralement, du jour au lendemain. Quand l’ONU approuva l’établissement d’Israël, et que l’État d’Israël fut créé quelques mois plus tard, les dirigeants arabes avertirent les Arabes que les Juifs se préparaient à les tuer s’ils restaient chez eux, et se servirent du massacre de Deir Yassim comme exemple.

Ils disaient à tout le monde : « Quittez vos maisons et fuyez ». Ils ajoutaient qu’ils leur suffiraient d’à peine quelques jours pour que leurs cinq armées réunies détruisent le nouvel État d’Israël.

Le destin avait voulu que ma famille soit dispersé aux quatre coins du globe.

Ma famille, horrifiée par ce qui pouvait arriver, décida de s’enfuir, avec beaucoup d’autres. Un prêtre s’était précipité dans la maison de la famille Deek, et se hâta d’y marier George et Vera, mes grands-parents. Ma grand’mère n’eut même pas le temps d’enfiler une tenue appropriée. Après ce mariage express, toute la famille fila au nord en direction du Liban.

Mais quand la guerre fut terminée, les Arabes n’avaient pas réussi à détruire Israël. Ma famille se trouvait de l’autre côté de la frontière. Le destin avait semble-t-il voulu que les membres de la famille Deek se dispersent aux quatre coins du globe. Aujourd’hui, j’ai de la famille en Jordanie, en Syrie, au Liban, à Dubaï, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, en Australie, et ailleurs encore.

L’histoire de ma famille n’est qu’une histoire – et probablement pas la pire – parmi toutes les histoires tragiques de l’année 1948. Et pour être tout à fait franc, il n’est pas nécessaire d’être anti-israélien pour reconnaitre la désastreuse humiliation des Palestiniens en 1948, qu’on nomme la Nakba.

Le fait que je communique par Skype avec des parents au Canada qui ne parlent pas l’arabe, ou à un cousin dans un pays arabe qui n’a pas encore la citoyenneté du pays, bien qu’il appartienne à la troisième génération, est un témoignage vivant des conséquences tragiques de la guerre.

Un déplacement global

D’après l’ONU, 711 000 Palestiniens furent déplacés, les uns ayant fui, les autres ayant été expulsés de force. Au même moment, à cause de la création d’Israël, 800 000 Juifs furent forcés de quitter le monde arabe, le vidant quasiment de sa population juive.

Comme nous l’avons déjà entendu, les atrocités n’épargnèrent aucun des deux camps.

Mais il semble que ce conflit ne fut pas le seul au cours du 19ème et du 20ème siècle, qui aboutit à des expulsions et à des transferts.

  • De 1821 à 1922, 5 millions de Musulmans furent expulsés d’Europe, en majorité vers la Turquie.

  • Dans les années 1990, la Yougoslavie explosa, faisant près de 100 000 morts et environ 3 millions de personnes déplacées

  • De 1919 à 1949, pendant l’opération Visa entre la Pologne et l’Ukraine, 100 000 personnes trouvèrent la mort et 1,5 million furent déplacées.

  • Après la 2ème guerre mondiale et la convention de Postdam, entre 12 et 17 millions d’Allemands furent déplacés.

  • À la création de l’Inde et du Pakistan, environ 15 millions de personnes furent transférées.

  • Cette tendance existe aussi au Moyen Orient, par exemple le déplacement de 1,1 million de Kurdes par les Ottomans, 2,2 millions de Chrétiens expulsés d’Irak. Et à l’heure actuelle, des Yazidis, Bahai, Kurdes, Chrétiens et même Musulmans sont assassinés, et expulsés à raison de 1000 par mois, suivant la progression de l’Islam radical.

Les chances de l’un ou l’autre de ces groupes de revenir chez eux, sont quasiment nulles.

La manipulation de la Nakba

Alors comment se fait-il que les tragédies des Serbes, des Musulmans d’Europe, des refugiés polonais ou des Chrétiens d’Irak ne soient pas commémorées ?

Comment se fait-il que le déplacement des Juifs du monde arabe soit tombé dans l’oubli, tandis que la tragédie des Palestiniens, la Nakba, est toujours vivante dans la politique actuelle ?

Il me semble qu’il en est ainsi, parce que la Nakba a été transformée d’un désastre humanitaire en une offensive politique. La commémoraison de la Nakba n’est plus le souvenir de ce qui est arrivé mais le ressentiment envers seulement l’existence de l’État d’Israël.

Cela est démontré très clairement dans le choix de la date de commémoraison. La date de la Nakba n’est ni le 9 avril, jour du massacre de Deir Yassin, ni le 13, de l’expulsion de Lod.

Aux yeux des dirigeants palestiniens, le désastre fut la création d’Israël.

La Nakba a été fixée au 15 mai, le lendemain du jour où Israël a proclamé son indépendance. Par cela, les dirigeants palestiniens ont déclaré que le désastre de la Nakba n’était pas l’expulsion, la désertion des villages, ou l’exil – à leurs yeux, la Nakba n’est autre que la création d’Israël.

Ils sont moins affectés par la catastrophe humanitaire qui s’est abattue sur les Palestiniens, que par la renaissance de l’État juif. Autrement dit, ils ne souffrent pas du fait que mes cousins soient Jordaniens, ils souffrent du fait que je sois Israélien !

En agissant ainsi, les Palestiniens sont devenus esclaves de leur passé, retenus captifs par les chaînes du ressentiment, prisonniers d’un monde de frustration et de haine.

L’héritage de mon professeur de musique

Mais, chers amis, la pure vérité est que, pour ne pas être réduits à la tristesse et à l’aigreur, nous devons regarder de l’avant. Pour le dire plus clairement, pour réparer le passé, il faut d’abord assurer le futur.

C’est une leçon que j’ai apprise de mon professeur de musique, Avraham Nov. Quand j’avais 7 ans, j’ai rejoint l’orchestre ambulant de la communauté arabo-chrétienne de Jaffa. C’est là que j’ai rencontré Avraham, mon professeur de musique, qui m’a appris à jouer de la flûte puis de la clarinette.

Avraham est un survivant de l’holocauste, et toute sa famille fut assassinée par les Nazis. Il est le seul qui ait réussi à survivre, parce qu’un officier nazi avait remarqué ses dons pour l’harmonica et l’avait recueilli chez lui pendant la guerre pour distraire ses invites.

À la fin de la guerre, Avraham se retrouva tout seul. Il aurait pu s’assoir dans son coin et pleurer tout son soûl contre ce plus grand crime humanitaire que toute l’histoire ait connu, et sur le fait qu’il était désormais tout seul. Mais il ne fit rien de tout cela, il regarda vers l’avant, et non vers l’arrière.

Il choisit la vie, et non la mort. L’espoir, plutôt que le désespoir.

Avraham arriva en Israël, se maria, fonda une famille, et commença à enseigner ce qui lui avait sauvé la vie – la musique. Il devint le professeur de musique de centaines et de milliers d’enfants dans toute la région.

Et quand il vit la tension entre Arabes et Juifs, ce survivant de l’Holocauste décida d’enseigner l’espoir à travers la musique, à des centaines d’enfants arabes comme moi.

Ce survivant de l’Holocauste décida d’enseigner l’espoir à travers la musique à des enfants arabes comme moi.

Les survivants de l’Holocauste comme Avraham sont parmi les gens les plus extraordinaires que vous puissiez trouver. J’ai toujours été curieux de comprendre comment ils étaient capables de survivre, connaissant ce qu’ils avaient connu, sachant ce qu’ils avaient vu. Mais pendant les 15 ans ou j’ai été son élève, il ne m’a jamais parlé de son passé – hormis une fois – quand j’ai exigé de savoir.

Ce que j’ai découvert alors, c’est qu’Avraham n’était pas le seul, et que beaucoup de survivants de l’Holocauste ne parlèrent pas de ces années, pas même à leur famille, parfois pendant des dizaines d’années ou même durant toute leur vie. Ce n’est seulement quand ils eurent assuré leur futur qu’ils se permirent de regarder en arrière vers le passé… Seulement quand ils eurent forgé un temps d’espoir qu’ils se permirent de se remémorer les jours du désespoir.

Ils bâtirent le futur dans leur ancienne-nouvelle maison, l’État d’Israël. Et à l’ombre de cette immense tragédie, les Juifs furent capables de bâtir un pays à l’avant-garde du monde dans les domaines de la médecine, l’agriculture et la technologie. Pourquoi ? Parce qu’ils regardent de l’avant.

Des pions politiques

Mes amis, ceci est une leçon pour toutes les nations qui veulent surmonter une tragédie – y compris les Palestiniens.

Si les Palestiniens souhaitent racheter leur passé, ils doivent au préalable assurer leur avenir, en construisant un monde tel qu’il doit être, tel que nos enfants méritent qu’il soit. Et la toute première étape dans cette direction est, sans aucun doute, de mettre fin au traitement honteux des réfugiés palestiniens.

Dans le monde arabe, les réfugiés palestiniens, y compris leurs enfants, petits-enfants et même arrière-petits-enfants, ne sont pas encore installés, sont agressivement discriminés, et dans bien des cas, on leur refuse la citoyenneté et les droits humains élémentaires.

Pourquoi mes parents du Canada sont-ils citoyens canadiens, alors que ceux de Syrie, Liban ou des pays du Golfe – qui sont nés là-bas et ne connaissent aucune autre patrie – sont encore considérés comme réfugiés ?

Visiblement, ce traitement des Palestiniens dans les pays arabes est la pire oppression qu’ils n’aient jamais expérimentée. Et ceux qui collaborent à ce crime ne sont rien d’autre que la communauté internationale et l’ONU. Plutôt que de faire leur travail et d’aider les refugiés à se construire une vie, la communauté internationale alimente le récit de leur victimisation. Tandis qu’il y a une seule institution en charge de tous les réfugiés du monde – l’UNHCR – une autre institution a été créée pour s’occuper uniquement des Palestiniens, l’UNRWA.

Ce n’est pas une coïncidence – alors que le but de l’UNHCR est d’aider les réfugiés à se créer une nouvelle vie, à se donner un avenir et à en finir avec leur statut de réfugiés, le but de l’UNRWA au contraire est de préserver leur statut de refugiés et de les éloigner de tout possibilité d’entamer une nouvelle vie.

La communauté internationale ne peut pas espérer régler le problème des refugiés, quand il collabore avec le monde arabe en traitant les refugiés comme des pions politiques, en les privant des droits humains élémentaires auxquels ils ont droit.

Partout où les réfugiés palestiniens ont joui de droits égaux, ils ont prospéré et contribué à leur société, que ce soit en Amérique du Sud, aux USA et même en Israël.

En fait, Israël est un des rares pays qui a accordé automatiquement une pleine citoyenneté et l’égalité pour tous les Palestiniens après 1948. Et nous voyons bien les résultats, malgré tous les défis, les citoyens arabes d’Israël se sont forgé un avenir. Les Arabes israéliens sont les Arabes les mieux éduques au monde, avec les meilleurs niveaux de vie et les meilleures opportunités dans la région.

Des Arabes officient à la Cour Suprême. Quelques-uns des meilleurs docteurs en Israël sont Arabes, exerçant dans quasiment tous les hôpitaux du pays. Il y a 13 Arabes membres du Parlement, qui bénéficient du droit de pouvoir critiquer le gouvernement – un droit dont ils usent au maximum – protégés par la liberté de parole. Des Arabes gagnent des spectacles de téléréalité. Vous pouvez même trouver des Arabes diplomates ; d’ailleurs l’un d’entre eux se trouve ici, sous vos yeux !

Vivre sans crainte

Aujourd’hui, quand je me promène dans les rues de Jaffa, je vois les vieux bâtiments et le vieux port. Mais je vois aussi des enfants allant à l’école et à l’Université, je vois des commerces florissants et je vois une culture vibrante. En bref, bien que nous autres Arabes ayons encore une longue route devant nous en tant que minorité, nous avons un avenir en Israël.

Le moment est venu de mette un terme à la culture de la haine et d’incitation. Car à mes yeux, l’antisémitisme est une menace pour les Musulmans et les Chrétiens, autant qu’elle l’est pour les Juifs.

Et aucune nation n’a jamais payé un prix aussi élevé pour être minoritaire, pour être diffèrent, que le peuple juif. L’histoire du peuple juif a introduit beaucoup de mots dans le vocabulaire humain, des mots comme expulsion, conversion forcée, inquisition, ghetto, pogrom, pour ne pas mentionner le mot holocauste.

Le rabbin Lord Jonathan Sacks explique à juste titre que les juifs ont souffert à travers les âges parce qu’ils étaient différents. Parce qu’ils étaient la minorité non-chrétienne d’Europe la plus importante. Et aujourd’hui la plus importante minorité non-musulmane du Moyen-Orient.

En réalité, c’est précisément le fait d’être différents qui fait de nous des êtres humains. Chaque personne, chaque culture, chaque religion est unique et, par la même, irremplaçable. Et une Europe, un Moyen-Orient qui n’a pas de place pour les Juifs n’a pas de place pour l’humanité.

N’oublions pas : l’antisémitisme peut commencer avec les Juifs, mais ne s’arrête jamais aux Juifs. Les Juifs n’ont pas été les seuls à être convertis de force, sous l’Inquisition. Hitler s’assura que les Tsiganes et les homosexuels, entre autres, souffrent comme les Juifs. Et c’est ce qui se passe maintenant de nouveau, cette fois au Moyen-Orient.

Le monde arabe semble avoir oublié que ses plus beaux jours durant les 1400 ans passés furent l’époque où il témoigna tolérance et ouverture envers ceux qui étaient différents. Le génial mathématicien Ibn Musa el-Khawazmi était ouzbek. Le grand philosophe Rumi était perse. Le glorieux leader Salah a-din était kurde. Le fondateur du nationalisme arabe était Michel Aflaq – un Chrétien. Et celui qui apporta la redécouverte arabe de Platon et d’Aristote au reste du monde fut Maïmonide – un Juif.

Mais plutôt que de revivre l’approche féconde de la tolérance, la jeunesse arabe est éduquée à haïr les Juifs, à l’aide de la rhétorique antisémite de l’Europe médiévale mêlée a un Islamisme radical.

Et une fois encore, ce qui a commencé comme de l’hostilité envers les Juifs est devenu hostilité envers tous ceux qui sont différents. Rien que la semaine dernière, plus de 60.000 Kurdes ont fui de la Syrie vers la Turquie, par crainte d’être exterminés. Le même jour, 15 Palestiniens de Gaza se sont noyés dans la mer en essayant d’échapper aux griffes du Hamas. Les Bahai et les Yazidis vivent dans la crainte.

Et par-dessus tout, le nettoyage ethnique des Chrétiens du Moyen-Orient est le pire crime contre l’humanité du 21ème siècle. En l’espace de deux décennies, les Chrétiens, comme moi ont, été réduits de 20% de la population du Moyen-Orient a moins de 4% aujourd’hui.

Et quand nous voyons que les principales victimes de la violence islamiste sont des Musulmans, il devient évident pour tous qu’au bout du compte, la haine a raison du haïsseur.

Ainsi, si nous souhaitons réussir à protéger notre droit à la différence, si nous désirons avoir un avenir dans cette région, je crois que nous devons nous tenir tous ensemble – Juifs, Musulmans et Chrétiens. Nous devons lutter pour le droit des Chrétiens à vivre leur foi sans peur, avec la même passion avec laquelle nous luttons pour le droit des Juifs à vivre sans peur.

Nous lutterons contre l’islamophobie, mais nous avons besoin que nos partenaires musulmans se joignent à notre lutte contre la christianophobie et la judéophobie. Parce que ce qui est en jeu, c’est notre humanité commune.

Je sais que cela peut paraitre naïf, mais je crois que c’est possible, et la seule chose qui nous sépare d’un monde plus tolérant est la peur. Quand le monde change, les gens commencent à avoir peur de ce que l’avenir réserve. Cette peur fait que les gens se réfugient eux-mêmes dans une position passive de victimes, rejetant la réalité, et regardant chacun pour le blâmer de mettre en question tout cela.

Le monde arabe doit avoir le courage de penser et d’agir différemment. Pour permettre un tel changement, les Arabes doivent impérativement comprendre qu’ils ne sont pas des victimes sans défense. Ils doivent impérativement s’ouvrir à l’autocritique et apprendre à être tenus responsables de leur destin.

À ce jour, il n’y a pas un seul livre dans le monde arabe qui remette en question la faute historique d’avoir rejeté la création de l’État d’Israël. Aucun Arabe cultivé ne s’est levé pour dire que si les Arabes avaient accepté l’idée d’un État juif, il y aurait eu 2 États, il n’y aurait pas eu de guerre, et il n’y aurait pas eu de problèmes de refugiés.

Je vois des Israéliens, comme Benny Morris qui essaient de défier les discours de leurs chefs en Israël, prenant personnellement des risques dans la quête d’une vérité qui n’est pas toujours confortable pour le peuple.

Mais je n’arrive pas à lui trouver d’équivalent chez les Arabes. Je n’arrive pas à déceler un débat remettant en cause la sagesse de la conduite du Mufti de Jérusalem Hadj Amin el-Hussaini, ou bien de la guerre superfétatoire menée par la ligue arabe en 1948, ou des autres guerres contre Israël, dans les années qui ont suivi jusqu’à maintenant. Je n’arrive pas à trouver de l’autocritique dans le courant principal actuel sur l’usage du terrorisme, sur la lancée de la deuxième intifada et le rejet d’au moins deux propositions israéliennes dans les 15 dernières années pour mette fin au conflit.

L’autoréflexion n’est pas une preuve de faiblesse, c’est un signe de force. Cela réveille notre capacité à surmonter la peur et faire face à la réalité. Cela nous demande d’examiner sincèrement nos décisions et de d’endosser nos responsabilités à leur égard.

Les Arabes sont les seuls à pouvoir changer leur réalité. En cessant de s’apitoyer sur des théories de conspiration et de rejeter la faute des pouvoirs extérieurs – l’Amérique, Juifs, l’Occident ou ailleurs – pour tous leurs problèmes. En tirant leçon des erreurs du passé, et en prenant des décisions plus sages à l’avenir.

Le Président américain Obama est monté sur le podium de l’ONU et, face à l’assemblée, il a dit : « Le devoir de rejeter le sectarisme et l’extrémisme est un devoir de génération – un devoir pour les peuples du Moyen-Orient eux-mêmes. Aucun pouvoir extérieur ne peut apporter la transformation des cœurs et des esprits. »

Aller de l’avant

Je ne vous ai pas encore terminé l’histoire de ma famille en 1948.

Après un long périple vers le Liban, la plupart du temps à pied, mes grands-parents, George et Vera arrivèrent au Liban. Ils y restèrent plusieurs mois. Sur place, a grand’mère donna naissance à son premier fils, mon oncle Sami.

Quand la guerre pris fin, ils se rendirent compte qu’ils avaient été bernés. Les Arabes n’avaient pas gagné, comme promis. Et les Juifs n’avaient pas non plus tué tous les Arabes comme ils le leur avaient dit.

Mon grand-père regarda autour de lui et ne vit rien qu’une impasse dans sa vie de refugié. Il regarda sa jeune femme Vera, à peine 18 ans, et son fils nouveau-né, et il sut que s’il restait coincé dans un coin de son passé sans la capacité de regarder de l’avant, il n’y avait pas d’avenir pour sa famille.

Tandis que ses frères et sœurs voyaient leur avenir au Liban et dans d’autres pays arabes et occidentaux, lui prit une décision différente. Il souhaita rentrer à Jaffa, sa ville natale. Comme il avait travaillé avec des Juifs auparavant et qu’il s’entendait bien avec eux il n’avait pas subi le lavage de cerveau de la haine.

Mon grand-père George fit ce que peu d’autres avaient osé – il se joignit à ceux que sa communauté percevait comme leurs ennemis. Il contacta un de ses anciens amis de la compagnie d’électricité et demanda son aide pour rentrer au pays. Cet ami fut non seulement capable et décidé à aider mon grand-père à revenir, mais par un extraordinaire geste de générosité, il l’aida même a retrouver son ancienne place de travail dans ce qui était devenu la compagnie israélienne d’électricité, faisant de lui l’un des tous premiers Arabes à y être employé.

Aujourd’hui, parmi mes frères, sœurs et cousins, nous comptons des comptables, des professeurs, des agents d’assurance, des ingénieurs Hi-Tech, des diplomates, des directeurs d’usine, des professeurs d’université, des docteurs, des avocats, des ingénieurs-conseils, des responsables de compagnies israéliennes haut niveau, des architectes et, oui… des électriciens.

Si ma famille a réussi dans la vie, si je suis devenu un diplomate israélien, et non pas un refugié palestinien du Liban, c’est parce que mon grand-père eut le courage de prendre une décision impensable pour les autres. Plutôt que de se laisser aller au désespoir, il sut trouver l’espérance là où personne n’osait la chercher. Il choisit de vivre parmi ceux qui étaient considérés comme des ennemis, et d’en faire ses amis. Pour cela, moi-même et ma famille lui vouons ainsi qu’à ma grand’mère, une éternelle reconnaissance. L’histoire de la famille Deek pourrait être une source d’inspiration pour le peuple palestinien. Nous ne pouvons pas modifier le passé. Mais nous pouvons nous construire un avenir pour les prochaines générations, si nous voulons réparer le passé un jour. Nous pouvons aider les refugiés à avoir une vie normale. Nous pouvons être honnêtes sur notre passé et apprendre de nos erreurs. Nous pouvons nous unir – Musulmans, Juifs, Chrétiens – pour protéger notre droit à la différence et, en cela, protéger notre humanité.

En fait, nous ne pouvons pas changer le passé. Mais nous pouvons réparer le passé et changer l’avenir.

D’après un discours prononcé à Oslo, le 27 septembre 2014

Adapté d’une traduction parue sur le site Tel-Avivre.

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