Israël et Jérusalem

Israël: Etat-voyou ?

24/11/2011 | par Gabriel Latner

L'intervention remarquable d'un étudiant de la prestigieuse Cambridge Union Society

Le 21 Octobre 2010, la prestigieuse Cambridge Union Society a organisé  un débat sur le thème : « Israël est-il un État-voyou ? » La motion a  finalement été rejetée.

Cet événement est resté dans les mémoires grâce à l’intervention remarquable de Gabriel Latner, l’un des orateurs, âgé de dix-neuf ans. Le jeune homme, en faveur de la proposition, a proclamé qu’Israël  était bien un État-voyou, mais son analyse a clairement reflété  sa prise de position pro-israélienne.

Introduction 

Il est facile de reformuler les « lois » internationales afin de faire passer Israël pour un État criminel !

C’est un sujet trop brûlant pour qu’on n’ait pas déjà une opinion dessus. Je serais prêt  à parier que la moitié d’entre vous appuie fermement la motion et que l’autre moitié s’y oppose. Je pourrais vous tenir le même discours que mes camarades en énumérant toutes les fois où le gouvernement israélien a commis des actes répréhensibles, et ce afin d’aller dans le sens des personnes en faveur de la motion. Un tel discours embarrasserait certainement les rares indécis parmi vous et les entrainerait à voter pour la proposition, ou, plus exactement, contre Israël. Il est facile de reformuler les « lois » internationales afin de faire passer Israël pour un État criminel ! Mais cela a déjà été fait un trop grand nombre de fois. 

Il serait encore plus facile d’exciter votre compassion au moyen d’histoires réinventées sur la souffrance du peuple Palestinien. On pourrait d’ailleurs faire des discours très éloquents à ce sujet. Mais en vérité, un État qui maltraite des gens, qu’ils soient citoyens du pays ou membres d’un peuple autochtone, ne fait pas de lui un État « État-voyou ». Si c’était le cas, le Canada, les Etats-Unis et l’Australie seraient tous des État-voyous de par leur attitude face aux populations indigènes. Ce qualificatif pourrait d’ailleurs facilement être attribué à la Grande-Bretagne si l’on regarde le traitement qu’elle a infligé au peuple irlandais.

Je vais donc tenter quelque chose de différent et de peu conventionnel. Je vais essayer de convaincre les purs Sionistes et les sympathisants à Israël présents ce soir de voter en faveur de la motion. A la fin de mon discours, j’aurai présenté cinq arguments en faveur d’Israël prouvant que celui-ci, s’il n’est pas un « État-voyou », est pour le moins un pays arrogant.

Permettez-moi d’être clair : je ne vais pas prouver qu’Israël est un pays « mauvais » qui ne mérite pas d’exister et qui agit plus mal encore que les autres pays. Je vais seulement prouver qu’Israël est un État-voyou.

Le terme « État-voyou » a pris des connotations extrêmement péjoratives, mais en fait il est neutre . Voici la définition du dictionnaire d’anglais Oxford : « aberrant, anormal, déplacé, qui survient à un endroit ou à un moment inattendus. » Un autre dictionnaire d’une institution  encore plus importante propose cette définition : « ayant un comportement inattendu ou anormal, souvent destructeur. »

Ces définitions et bien d’autres ont en commun la notion d’anomalie, c’est-à-dire l’imprévu ou l’inhabituel. Nous pouvons affirmer à partir de cela qu’un État-voyou est un État qui agit de façon inattendue, inhabituelle ou aberrante ; un État qui agit exactement comme Israël.

Les réfugiés du Darfour

(1)Le premier argument est d’ordre statistique. Le simple fait qu’Israël soit un État juif suffit à le rendre anormal. Il y a 195 pays dans le monde, parmi lesquels certains sont chrétiens, d’autres musulmans et d’autres laïques. Israël est le seul pays juif au monde.

La judéité d’Israël est donc une aberration statistique. 

Mathématiquement parlant, la probabilité qu’un pays choisi au hasard soit juif est de 0.51%. En comparaison, la probabilité qu’un ticket de loto anglais fasse remporter au moins 10 pounds est de 1.7%, c’est-à-dire plus que le double. La judéité d’Israël est donc une aberration statistique.  

(2) Le deuxième argument concerne l’humanitarisme d’Israël et en particulier la réponse d’Israël à la crise des réfugiés. Je ne parle pas de la crise des réfugiés palestiniens dont je suis certain qu’elle sera évoquée par les autres orateurs, mais du problème des réfugiés du Darfour. Tout le monde sait que ce qui s’est produit et continue de se produire au Darfour est un génocide, peu importe comment l’ONU ou la ligue Arabe ont choisi d’appeler cela. En conséquence, un exode a eu lieu au Darfour, parce que les habitants opprimés craignaient pour leur sécurité. Malheureusement, ils n’ont pas eu beaucoup de chance.

Beaucoup d’entre eux se sont dirigés vers le nord, en Egypte où ils sont aujourd’hui traités de façon déplorable. D’autres, plus courageux, ont entrepris une traversée du désert pour rejoindre Israël. Ils doivent faire face aux menaces du Sinaï et sont pris pour cibles par les soldats égyptiens patrouillant la frontière. Pourquoi donc prennent-ils tous ces risques ? Parce qu’en Israël, ils sont traités avec compassion, comme les réfugiés qu’ils sont. C’est peut-être le souvenir d’un autre génocide qui pousse Israël à agir ainsi. Le gouvernement israélien a même été jusqu’à accorder la nationalité israélienne à quelques centaines de réfugiés du Darfour. Ce fait isolé distingue Israël du reste du monde.

Mais voici ce qui distingue vraiment Israël des autres pays : l’armée israélienne envoie régulièrement des soldats et des médecins pour effectuer des patrouilles sur la frontière égyptienne. Ils ont pour ordre de chercher des réfugiés qui tentent de pénétrer le sol israélien, non pas dans le but de les renvoyer en Egypte, mais afin de les protéger de la déshydratation, de la chaleur, de la fatigue et des balles égyptiennes.

Comparez cela à la réaction des Etats-Unis face à l’immigration illégale depuis la frontière mexicaine : le gouvernement américain a arrêté des individus pour avoir donné à boire aux réfugiés qui mourraient de soif. Le gouvernement israélien, lui, envoie ses soldats sauver les immigrants illégaux. Qualifier ce comportement d’anormal est un euphémisme.

Discuter avec les terroristes

(3) Mon troisième argument est que le gouvernement israélien se livre à une activité que les autres pays évitent : il négocie avec les terroristes. Je ne parle pas de l’ancien président de l’OLP,

Yasser Abed Rabo a organisé des « actes au nom de la liberté » tels que l’assassinat de 22 lycéens israéliens.

Yasser Arafat, mort avec les mains pleines du dans de ses victimes. Au moment même où nous parlons, Israël est en train de traiter avec des terroristes. Yasser Abed Rabbo est l’un des leaders de l’OLP en charge des négociations et il a été envoyé dans le but d’un dialogue de paix avec Israël. Abed Rabo était également chef du FPLP, une organisation de « combattants de la liberté » qui, sous son règne, a commis des « actes au nom de la liberté » tels que l’assassinat de 22 lycéens israéliens. Malgré cela, le gouvernement israélien accepte de parler de paix avec cet homme, et le monde applaudit. 

On ne verrait jamais le gouvernement espagnol discuter avec les leaders de l’ETA, ou le gouvernement anglais négocier avec Thomas Murphy. Et si Obama avait parlé de paix avec Oussama Ben Laden, le monde l’aurait cru fou. Mais Israël peut faire exactement cela et néanmoins se faire complimenter par la communauté  internationale. C’est la définition même du dictionnaire : agir de façon inattendue ou anormale.

(4) La suite de la définition est : « qui survient à un endroit ou à un moment inattendus. » Lorsque nous comparons Israël à ses pays voisins, il devient clair que celui-ci est un pays arrogant. Voici donc le quatrième argument : Israël a la réputation de respecter les droits de l’homme comme aucun de ses voisins dans la région. Il n’y a jamais eu d’État libéral et démocratique dans l’histoire du Moyen-Orient, à l’exception d’Israël. 

Au Moyen-Orient, Israël est le seul pays à avoir gagné le titre de pays « libre »

La protection d’Israël pour les libertés civiles de ses citoyens lui a valu une reconnaissance internationale. La Freedom House est une ONG qui publie chaque année un rapport sur la démocratie et les libertés civiles de chacun des 195 pays du monde. Chaque pays est classé selon les catégories : « libre, » « partiellement libre, » ou « non libre. » Au Moyen-Orient, Israël est le seul pays à avoir gagné le titre de pays « libre », ce qui n’est pas surprenant compte tenu le niveau de liberté accordé aux citoyens du Liban par exemple, pays classé « partiellement libre », où il existe des lois contre les journalistes critiquant non seulement le gouvernement Libyen, mais aussi le régime Syrien. 

L’Iran a été qualifié  de pays « non libre », aux côtés de la Chine, du Zimbabwe, de la Corée du Nord et de la Birmanie. En Iran, il existe un « tribunal de la presse » qui poursuit les journalistes pour des crimes aussi odieux que celui de critiquer l’ayatollah, de publier des articles portant atteinte aux « fondements de la république islamique », d’utiliser des « sources suspectes » (occidentales) ou d’insulter l’islam. L’Iran est le leader mondial en ce qui concerne le nombre de journalistes emprisonnés, avec 39 journalistes en prison depuis 2009 (à notre connaissance). En outre, presque tous les journalistes des pays occidentaux en ont été chassés lors des élections en 2009.

Je pense que nous ne pouvons pas vraiment nous attendre à mieux venant d’une théocratie. D’ailleurs, la majorité des pays du Moyen-Orient sont des théocraties ou des autocraties. Israël y est la seule et unique démocratie. Parmi tous les pays du Moyen-Orient, Israël est le seul pays où les manifestations et les articles de presse contre le gouvernement ne sont ni réprimés ni censurés.

Débattre de sa légitimité

(5)Voici mon dernier argument, le dernier clou que j’enfoncerai et qui scellera mon sort, et il est assis juste en face de moi. La présence de Ran Gidor ici confirme qu’Israël est un État anormal. Pour ceux d’entre vous qui n’ont jamais entendu parler de lui, M.Gidor est un conseiller politique attaché à l’ambassade d’Israël à Londres. C’est l’homme que le gouvernement israélien a envoyé pour représenter Israël aux Nations Unies. Il sait ce qu’il fait. Il est là ce soir, et c’est incroyable. Réfléchissez un instant à ce que sa présence signifie. Le gouvernement israélien a donné son accord pour que l’un de ses hauts représentants diplomatiques participe à un débat sur la légitimité d’Israël. C’est remarquable. 

La Chine participerait-elle à un débat sur le statut de Taïwan ? Jamais.

Pensez-vous une seconde qu’un autre pays au  monde accepterait cela ? Si la société des débats de l’Université de Yale organisait un débat sur le thème « notre institution pense que la Grande-Bretagne est un État raciste, totalitaire qui a causé un tort irrémédiable à tous les peuples du monde, » la Grande Bretagne enverrait-elle l’un de ses représentants participer à ce débat ? Non. La Chine participerait-elle à un débat sur le statut de Taïwan ? Jamais. Et il y a peu de chances que l’un des membres du gouvernement américain obtienne jamais la permission de prendre la parole à un débat sur le traitement des prisonniers de Guantanamo. Mais Israël a pourtant envoyé Ran Gidor pour débattre avec moi, étudiant en droit de 19 ans qui ne suis pas vraiment qualifié pour parler de ce sujet. 

A l’heure actuelle, tous les pays du monde doivent être en train de se moquer d’Israël qui a oublié la règle ewssentielle : ne pas accorder de crédit aux absurdités en engageant un débat. C’est pour cette raison qu’on ne verra jamais Stephen Hawking ou Richard Dawkins discuter avec David Icke. Mais c’est précisément ce que fait Israël. Une fois de plus, il agit de façon inattendue ou anormale, comme un État-voyou.

Cela fait cinq arguments qui visaient les partisans d’Israël. Il me reste encore une ou deux minutes, voici donc un argument pour vous tous : Israël a intentionnellement et vigoureusement violé les lois internationales. En 1981, Israël a détruit Osirak, le laboratoire de l’arme nucléaire de Saddam Hussein. Tous les pays au monde savaient que Saddam Hussein fabriquait une bombe, mais ils n’ont rien fait. A l’exception d’Israël. Certes, en agissant ainsi, il a enfreint la loi internationale. Mais il nous a également sauvés d’un Iraq nucléarisé. 

Toute personne saine d’esprit préfère un Israël État-voyou à un Iran nucléaire.

Cet acte anormal aurait du faire gagner à Israël le respect de tous les peuples épris de liberté, mais cela n’a pas été le cas. Ce soir pourtant, alors que vous nous écoutez bavarder, je tiens à vous rappeler une chose : pendant que nous sommes là, l’Iran de Khomeini travaille à l’acquisition d’une bombe nucléaire. Et si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous savez qu’Israël est le seul pays qui peut faire quelque chose à ce sujet, et le fera. Israël agira de façon anormale, par nécessité. Et pour notre bien à tous, il serait préférable qu’il fasse cela de façon destructrice. Toute personne saine d’esprit préfère un Israël État-voyou à un Iran nucléaire. 

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