Monde Juif

Londres : vers un nouveau brûlement du Talmud ?

23/06/2015 | par Aish.fr

Des Néo-nazis prévoient d’organiser une manifestation antisémite dans un quartier juif central. Au programme : déchirer des drapeaux israéliens et brûler des exemplaires du Talmud.

J’ai dû relire cette manchette à deux fois pour m’assurer que mon imagination ne me jouait pas des tours : « Londres : des extrémistes menacent de brûler le Talmud et de déchirer des drapeaux israéliens lors d’une manifestation tenue dans un quartier juif. »

Ainsi, les Néo-nazis qui prévoient d’organiser une manifestation à Golders Green, ce Chabbath 4 juillet ont franchi un nouveau palier de la haine.  S’inspirant de leurs prédécesseurs médiévaux, ces extrémistes visent à nous provoquer, nous insulter et nous enrager en brûlant des exemplaires du Talmud.

Le fait qu’une telle manifestation n’entre pas dans la catégorie de « crimes de haine » défendus par la loi me dépasse. Et il ne fait aucun doute que la communauté juive doit alerter les autorités pour s’assurer que cette parade haineuse n’ait pas lieu.

Ce n’est pas par hasard que nous sommes appelés « le peuple du livre » ; depuis la nuit des temps, l’alphabétisation et l’érudition font partie intégrante de notre identité nationale. Les Juifs furent les pionniers de l’éducation universelle à une époque où dans le monde entier, savoir rimait avec pouvoir, et l’alphabétisation était l’apanage d’une élite restreinte qui cherchait à maintenir cette emprise.

Mais notre lien avec le mot écrit dépasse le simple désir d’érudition ; nous autres Juifs révérons nos livres. Lorsque l’un d’entre eux tombe au sol, nous nous empressons de le ramasser sans oublier de lui dispenser un baiser affectueux. Si c’est un Séfer Torah, le plus saint de tous les livres, qui s’échappe par mégarde de nos mains, tous les fidèles ayant assisté à sa chute sont tenus de jeûner. Et à Sim’hat Torah, nous dansons avec nos livres dans des rondes endiablées, témoignant ainsi l’attachement sentimental qui nous lie à notre héritage spirituel.

La société britannique se tient à un carrefour, ne sachant pas comment faire la distinction entre extrémisme et liberté d’expression. Certes, c’est là une question épineuse, mais il ne fait aucun doute qu’un acte de provocation de cet acabit est destiné à évoquer les douloureux souvenirs des précédents brûlements de livres sacrés en Europe depuis le Moyen-âge jusqu’à l’ère nazie. Et malheureusement, nous savons bien ce qui s’est produit par la suite.

En même temps, de tels événements doivent nous exhorter à l’introspection. C’est la raison pour laquelle nous jeûnons lorsqu’un Séfer Torah tombe au sol ; nous nous demandons : « Pourquoi une telle chose nous est-elle arrivée ? »

Ce n’est pas une coïncidence si la manifestation nazie est prévue pour le 17 Tamouz, un jour de jeûne qui commémore le brûlement d’un rouleau de la Torah par un mécréant du nom d’Apostomus. Il marque le début d’une période de trois semaines culminant à Ticha Béav, le jour où nos deux Temples furent incendiés et notre peuple fut exilé de notre terre. Ces jours de jeûne ne sont pas destinés à laisser libre cours à notre colère, ce sont des moments durant lesquels nous devons faire notre examen de conscience et prendre la résolution de changer en mieux.

Avons-nous assez de respect pour nos livres sacrés et les utilisons-nous pour étudier, ou au contraire, les laissons-nous se couvrir de poussière dans nos bibliothèques ? Avons-nous suffisamment de respect pour ceux qui étudient ces textes sacrés ainsi que ceux qui incarnent leurs valeurs ? Pourquoi avons-nous besoin d’une menace d’un incendie néo-nazie pour nous secouer de notre torpeur ?

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