Découvrir Israël

Le vrai visage d'Israël

14/04/2013 | par Brenda Yablon

Israël est-il aussi diabolique que le présentent les médias ? Une commerçante canadienne mène sa propre enquête.

J'ai étudié pendant un an à l'Université Hébraïque de Jérusalem en 1964. Quelques 50 ans après, ce pays a subi de nombreux changements et en tant que Canadienne, j'ai observé toutes ces transformations de loin avec beaucoup d' intérêt. L'un des changements que j'ai remarqués est qu'Israël a fait l'objet d'une campagne de délégitimation internationale extrêmement agressive.

Comme il est difficile de lire entre les lignes des commentaires médiatiques et de connaître la vérité, j'ai décidé de laisser de fermer momentanément mon commerce à Vancouver, de louer un appartement en Israël pour deux mois, et de mener ma propre enquête.

Et voici ce que j'ai découvert :

Aucun autre pays au monde ne contient autant de diversité dans un espace si réduit. Aucun autre pays au monde n'a osé accomplir tant d'exploits avec si peu de ressources.

En Israël, les gens semblent décidés à croquer la vie à pleines dents.

Durant les deux mois qu'a duré mon séjour, j'ai eu du mal à croire que l'Israël du quotidien est un pays en sérieux danger d'extinction par des ennemis déterminés. Les gens semblent vivre leur vie très normalement. On ne constate aucun sentiment de panique ou de danger généralisé. Pas de ralentissement de l'activité. Bien au contraire, les gens semblent décidés à y croquer la vie à pleines dents. Par exemple, un beau jour, je faisais une randonnée avec une amie qui avait suggéré que l'on cherche des fleurs sauvages d'automne, des coquelicots et des iris. Nous étions loin d'être seuls. Les collines étaient parsemées d'autant de promeneurs qu'il y avait de fleurs, pointant le doigt avec excitation vers les zones les plus fleuries. Le vent acheminait leurs cris de ravissements de part et d'autre de la colline.

Si l'armée et les forces de sécurité occupent une place de taille dans la vie en Israël, leur présence ne m'a jamais paru intimidante ni menaçante. Tout d'abord, les soldats sont vraiment jeunes. Mis à part leurs uniformes et leurs fusils (dont ils ne se défont jamais), ils ne font pas tâche. Ils se comportent comme les jeunes gens du monde entier, déambulant dans les rues avec leurs écouteurs aux oreilles, se retrouvant entre copains ou s'affalant sur leurs sacs à dos en attendant le bus. Ils font l'objet de beaucoup de déférence de la part de la population générale qui les traite comme ses propres enfants, et ce, à juste titre.

C'est là un merveilleux paradoxe de la vie israélienne qu'un pays en danger d'annihilation, avec une forte présence militaire, ne se sent pas seulement en sécurité mais vit tout à fait normalement.

J'étais chez le coiffeur par une journée froide et pluvieuse à Tel Aviv quand le facteur est entré dans le salon pour distribuer le courrier. « Vous devez être trempé et congelé » s'est exclamée Galit, la gérante. « Asseyez-vous pour un petit moment et laissez-moi vous offrir une tasse de thé. » Touché par ce geste, le facteur ne se l'est pas fait dire deux fois. « Décidément, j'ai bu beaucoup de thé aujourd'hui », a-t-il déclaré en souriant, indiquant par là que ce n'était pas la première fois qu'il avait fait l'objet d'une telle attention.

La Vie avec un grand V

Non, je n'ai pas eu l'impression que la vie en Israël est idéale. Loin de là. Il existe un grand écart entre les nantis et les démunis. La vie économique quotidienne est un combat pour de nombreux habitants. Plus d'une fois, des gens de la classe moyenne m'ont avoué que leur emploi leur suffit difficilement pour joindre les deux bouts. « Alors, pourquoi restez-vous ici ? », je leur demande. Zéhavit m'a donné une réponse caractéristique.

Âgée de trente-deux ans et fiancée, elle tient un salon de manucure au centre-ville de Jérusalem, travaille 60 heures par semaine et vit frugalement, et se plaint qu'elle et son fiancé n'ont pas un centime à mettre de côté à la fin du mois. Dans le passé, elle a vécu trois ans aux Etats-Unis avant de revenir en Israël. « Aux States, la vie est tellement plus facile, » a-t-elle reconnu. Avant d'ajouter : « Mais en Israël, les gens sont remplis de sollicitude les uns envers les autres. »

La plupart des gens qui vivent en Israël le font parce qu'ils le désirent sincèrement. Ils auraient la possibilité de vivre ailleurs, et c'est souvent ce qu'ils ont fait par le passé. Et pourtant, ils choisissent Israël. Ils souhaitent construire leur pays, faire une différence, cultiver leur sentiment d'appartenance, inscrire leur destin dans l'histoire juive, ou tout simplement embrasser à pleines lèvres la célèbre malédiction chinoise : « Je te souhaite de mener une vie intéressante ». Le pays entier semble habité par un très fort sentiment de vocation. Ce n'est pas une simple question de patriotisme. C'est plutôt une volonté de donner un sens à sa vie. Un désir impérieux de tirer sa révérence à la Vie avec un grand V. Et tenter d'habiller ces sensations si fortes de mots, c'est prendre le risque de galvauder leur véritable teneur...

La ville de Sdérot abrite une sculpture qui à mes yeux incarne ce message que les mots ne parviennent pas à véhiculer. Pendant de longues années, Sdérot fut l'une des villes les plus vulnérables du pays. Après le retrait d'Israël de la bande de Gaza, les populations locales ont commencé à bombarder Sdérot de roquettes Qassam ­ au total plus de 6000 d'entre elles- ce qui causa beaucoup de dommages aussi bien sur le plan physique que psychologique. Pour finir, l'offensive israélienne contre Gaza et l'utilisation d'un dispositif de pointe pour intercepter les roquettes permit de diminuer la terreur.

Sculpture en métal d'un joueur de batterie réalisée à partir de restes de roquettes Qassam. Dans un carrefour de Sdérot, on trouve une sculpture en métal représentant un homme jouant de la batterie. Son originalité tient au fait que cette œuvre a été réalisée à partir des restes de roquettes Qassam. A mes yeux, cette sculpture – et l'esprit qui la sous-tend – incarne avec panache ce désir de triompher de la violence en transformant un instrument de mort en œuvre d'art. C'est, pour Israël, une très belle façon de dire : « Vous n'arriverez pas à nous vaincre ! »

La veille de mon départ d'Israël, j'ai retrouvé une amie dans un restaurant de poissons du quartier. Nous étions assises près des cuisines et j'ai remarqué que deux des chefs-cuisiniers étaient d'origine asiatique, mais je n'arrivais pas à identifier leur origine ethnique. J'ai posé la question à notre serveuse, une jeune étudiante de l'Université de Tel-Aviv. « Ils sont Birmans, m'a-t-elle expliqué. Ils se sont installés ici en tant que réfugiés politiques. »

- Combien de Birmans y a-t-il en Israël et comment se sont-ils retrouvés ici ? Lui ai-je demandé.

Elle s'est dirigée vers les cuisines et est revenue quelques minutes plus tard avec la réponse à ma question.

- On en trouve environ 200 en Israël et ils sont venus ici en passant par la Thaïlande. Ils ont entendu qu'Israël était un bon endroit pour les réfugiés.

Ces deux mois passés en Israël m'ont ouvert les yeux. Israël n'était pas le pays que j'avais connu plus de 50 ans en arrière quand j'étais étudiante. Il a tellement changé depuis. Et en bien. En très bien, même.

Related Articles

Donnez du pouvoir à votre voyage juif

Inscrivez-vous à l'e-mail hebdomadaire d'Aish.com

Error: Contact form not found.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram