Spiritualité

La requête que seul un chauffeur de bus israélien pourrait vous adresser

21/11/2017 | par Aish.fr

« Pourriez-vous prier pour mon frère ? Il y a quelques mois, il s’est fait fracasser le crâne au cours d’une attaque terroriste, et depuis il est dans le coma. »

« Êtes-vous religieuse ? » m’a demandé le chauffeur de bus israélien.

J’ai répondu par l’affirmative. À la vérité, la réponse était plutôt évidente vu le contraste vestimentaire flagrant entre moi-même et le reste des passagères : pour les unes, shorts et débardeurs au rendez-vous… pour moi-même, une jupe longue, une chemise à manches trois-quarts, sans oublier un foulard. J’étais l’accompagnatrice d’un groupe de 50 femmes qui participaient à un voyage de découverte du judaïsme et d’Israël organisé par l’association Jewish Women’s Renaissance Project.

C’est alors que le chauffeur m’a adressé une requête que seul un chauffeur de bus israélien pourrait vous adresser : « Pourriez-vous prier pour mon frère ? Il y a quelques mois, il s’est fait fracasser le crâne au cours d’une attaque terroriste, et depuis il est dans le coma. »

Très ébranlée (eh oui, les Israéliens n’y vont pas par quatre chemins), j’ai souhaité de tout cœur à son frère un prompt rétablissement. Puis je lui ai demandé son nom hébraïque complet tout en promettant de prier pour lui.

Et puis j’ai saisi le micro et me suis affairée à transformer un long trajet en bus en une expérience stimulante et enrichissante.

Lors d’une pause, il m’est venu à l’esprit de demander à ces femmes de prier à leur tour pour le frère de notre chauffeur de bus. Nous venions tout juste de discuter du concept de Hachga’ha Pratit, la prise de conscience de la présence de la « main divine » dans nos vies. Un certain nombre de femmes avaient raconté des anecdotes personnelles incroyables, en soulignant la présence de Dieu qui se dégageait dans l’enchaînement des événements. Je me suis dit que le contexte était adéquat pour partager avec elles la requête du chauffeur de bus.

J’ai donc expliqué aux femmes que nous allions réciter une courte prière des Psaumes pour le frère de notre conducteur qui avait été victime d’une brutale attaque terroriste à la hache. Mon annonce a été accueillie par un silence ému. Au bout du troisième verset, ma voix s’est étranglée, et j’ai été incapable de poursuivre la lecture. Je me suis sentie submergée par l’émotion. Non pas seulement à cause de la torture indicible infligée à ce pauvre homme, ou face à la dépravation d’un monde devenu fou. J’ai été frappée par le sentiment d’union intense qui régnait dans le bus.

Imaginez la scène. Cinquante femmes juives venues du monde entier, priant en chœur dans une langue qu’elles n’ont jamais apprise, pour le rétablissement d’un frère juif qu’elles n’ont jamais rencontré. Nous étions unies par les liens de l’âme, autant de sœurs suppliant les cieux pour un frère en détresse, dans ce pays qui était le nôtre. Les yeux brouillés par les larmes, j’ai terminé la prière et souhaité un prompt rétablissement à Tsvi A’hia ben Batya (Tsvika). Avant de reposer le micro, je me suis tournée vers le chauffeur et lui ai dit en hébreu : « Tous les Juifs sont unis les uns aux autres. Peu importe l’endroit où nous vivons. » Il en a été très touché.

Quelques jours plus tard, après une visite poignante à Yad Vashem, le Mémorial de la Shoah d’Israël, notre chauffeur de bus m’a de nouveau abordée. D’une voix hésitante, il m’a demandé si je pouvais ramasser de l’argent auprès des passagères du bus pour la femme de son frère et leurs quatre jeunes enfants qui souffraient terriblement de l’épreuve difficile qu’ils traversaient.

J’ai pris le micro et ai expliqué à la ronde que la tsédaka est un pilier fondamental du monde et l’une des mitsvot (commandements) les plus chéries par Dieu. Une femme s’est aussitôt portée volontaire pour organiser une collecte au cours des deux derniers jours qui restaient avant la fin de notre séjour. En tout, elle a ramassé mille dollars qui ont été remis discrètement au chauffeur.

Le dernier jour du séjour, le chauffeur de bus s’est approché de moi avec un grand sourire au visage. D’une voix empreinte d’émotion il m’a confié qu’il était allé rendre visite à Tsvika à l’hôpital la veille, et que celui-ci réagissait ! Il était sorti du coma et communiquait avec son entourage. Après avoir été informé des prières et des contributions des passagères en sa faveur, le visage de Tsvika s’était illuminé. Il avait demandé à son frère de les remercier en son nom.

Les participantes du séjour ont été émues d’apprendre l’heureuse nouvelle. Nous nous sommes senties encore plus soudées, et rattachées à une destinée grandiose. Nous sommes rentrées dans nos maisons respectives aux quatre coins du globe, heureuses d’en avoir découvert davantage sur notre héritage juif à travers la terre sainte, mais aussi d’avoir renoué avec le pouvoir des femmes juives au fil des siècles.

Peu de temps après notre séjour, j’ai reçu un message enthousiaste de la responsable new-yorkaise du Jewish Women’s Renaissance Project m’invitant à consulter les nouvelles du jour sur le site d’information d’Arutz Sheva. La manchette qui s’étalait sur l’écran m’a arraché des frissons d’émotion : « Six mois après une brutale attaque à la hache, Tsvika Cohen rentre chez lui. Contre toute attente, une victime de terrorisme se rétablit de manière stupéfiante et sort de l’hôpital moins de six mois après l’attaque qui l’a plongé dans le coma… »

Tsvika Cohen tout sourire

L’article soulignait que les docteurs avaient prévenu la famille que Tsvika risquait de ne jamais sortir du coma et que dans le cas improbable où il se réveillait, il serait probablement paralysé.

En dépit de leurs sombres pronostics, Tsvika est sorti de l’hôpital en pleine possession de ses moyens.

J’ai transféré le lien à toutes les 50 femmes qui avaient prié pour lui. Cinquante femmes dans un bus. Cinquante prières qui se sont élevées dans les airs, suppliant les cieux comme seules des femmes juives en sont capables.

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