Guide de Yom Kippour

La Téchouva : le Mr Propre de l'âme!

03/09/2013 | par Shraga Simmons

La Téchouva rend votre âme si propre que l'on peut se voir dedans...

Beaucoup de gens font un contresens sur la notion de péché. Ils pensent qu’une personne qui a commis un péché est une mauvaise personne.

Or le mot ‘het couramment utilisé en hébreu ne correspond pas du tout à cette vision du péché.Le mot ‘het apparaît dans la Bible en référence à une fronde qui a manqué la cible. Et il n'y a rien d'intrinsèquement «mauvais» dans une fronde. En fait, le terme ‘het induit plutôt l’idée qu’une erreur a été commise en raison d'un manque d'attention, de concentration ou de compétences.

C’est la même chose pour nous. Lorsque l’on se perd dans un comportement irresponsable ou destructeur, nous manquons tout simplement notre cible. Tout être humain possède une âme, une parcelle de divinité pure qui nous différencie des animaux. Lorsque nous agissons de façon inconsidérée, c’est parce que la voix de notre âme a été temporairement assourdie par le rugissement de notre composante matérielle, à savoir notre corps.

Cette concurrence interne qui nous submerge parfois est désignée par le terme « Yetser Ara ». Mais notre quintessence demeure pure. Il nous faut seulement opérer quelques ajustements ? et nous revoilà en selle !

C’est le principe de la téchouva. Le mot téchouva signifie littéralement « retour ». Lorsque nous « faisons téchouva », nous analysons nos actions, identifions les domaines où nous sommes en train de perdre pied, et « retournons » ainsi à notre état initial de pureté spirituelle. Et dans ce processus, nous « retournons » aussi dans la proximité du Tout-Puissant.

Le processus de téchouva comporte les quatre étapes suivantes :

Etape 1 : Regret. Prendre conscience de l’étendue des dégâts et les regretter sincèrement.

Etape 2 : Cessation. Mettre un terme immédiat à ces conduites néfastes.

Etape 3 : Confession. Avouer clairement nos erreurs et en demander pardon.

Etape 4 : Résolution. S’engager fermement à ne pas réitérer ces actions à l’avenir.

Examinons en détail chacune de ces étapes.

Etape 1 : Regret

Nous sommes parfois tentés de justifier nos mauvaises actions en arguant d’un tas de prétextes, tels que :

« Mais tout le monde fait ça »

«  Faut pas pousser, je n’ai tué personne »

«  Qui es-tu pour me juger ainsi ? »

On ne peut véritablement regretter nos erreurs que lorsqu’on distingue clairement ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Sinon, on est tenté de « rationaliser » et de nous défausser en prétendant que nous n’avons rien fait de mal. Il est clair que les normes mouvantes de notre société occidentale en constante évolution contribuent énormément à brouiller les pistes.

Par exemple, si vous avez grandi dans un foyer dans lequel les commérages étaient monnaie courante, vous risquez de ne pas voir le mal qu’il y a à colporter des racontars sur tel ou tel, à moins que vous n’ayez la chance d’être sensibilisé à la notion juive de Lachone Ara (médisance) qui considère tout propos inutile porté sur autrui comme nuisible.

C’est la raison pour laquelle il faut s’attacher à l’étude de la halakha (les lois juives quotidiennes) et s’attacher à un rabbin qui vous connaisse personnellement et qui pourra vous guider.

Que devons-nous ressentir lorsque nous réalisons avoir commis une erreur ? Doit-on se sentir coupable, minable et abominable ? Non ! Le sentiment de culpabilité est une émotion négative qui nous fait nous répéter « Je suis mauvais ». Alors que le regret marque la reconnaissance positive que mon essence reste intrinsèquement pure, même si je n’ai pas réussi à rester à la hauteur de mon potentiel.

Le sentiment de regret est un élément positif qui signifie que nous recherchons à nous rapprocher de notre essence divine. Notre conscience ne nous laissera pas de repos avant que nous ayons corrigé notre erreur. Or une mauvaise personne pourrait-elle seulement regretter une transgression ?

Cette première étape du processus de téchouva est en fait la plus cruciale parce que si une personne ne regrette pas ses errements, il est peu probable qu’elle y mette fin.

Etape 2 : Cessation

Il est écrit dans le Talmud :

Une personne qui a commis une erreur et qui la reconnaît, mais qui ne renonce pas à la commettre à nouveau, est considérée comme entrant dans le mikvé (bain rituel) en tenant un reptile mort dans sa main (NDT : les reptiles et la mort sont des symboles d’impureté majeurs dans le judaïsme). Dût-elle s’immerger dans toutes les eaux du monde, cela serait inutile. En revanche, si elle lâche le reptile, il lui suffira de s’immerger dans 40 séoth d’eau (taille minimale d’un bain rituel), et sa purification sera effective immédiatement. (Ta’anit 16a)

Vous imaginez-vous demander pardon à une personne à laquelle vous seriez toujours en train de nuire ? Si l’on ne met pas fin à nos mauvaises actions, toute la bonne volonté du monde n’y suffira pas.

Etape 3 : Confession et présentation d’excuses

Si elle admet la possibilité d’erreurs, la loi juive exige pour autant qu’elles soient explicitement reconnues par leur auteur. Le livre de prières spécial de Yom Kippour édité par la maison Artscroll propose une très belle explication de ce point essentiel du processus de téchouva :

Parce qu’il est intelligent, réfléchi et imaginatif, l’homme a toutes sortes de pensées qui lui viennent à l’esprit en permanence. Il ressent aussi de sublimes élans de remords ou d’aspirations à devenir meilleur, mais ces ardeurs ne durent pas. Pour que ces enthousiasmes positifs prennent forme concrètement, l’homme doit obligatoirement les oraliser, parce que le processus de la pensée n’atteint son apogée que lorsque les idées sont finalement exprimées et clarifiées.

Cela n’est pas si facile qu’il n’y paraît. Il est en général atrocement difficile d’admettre explicitement que l’on a fait une erreur. Nous nous trouvons toujours des excuses. Nous refusons d’admettre la vérité. Nous fuyons le blâme. Nous nions l’évidence. Nous excellons dans l’art de la rationalisation. Aussi la personne qui réussit à arracher d’elle-même le constat : «  J’ai péché » réalise-t-elle un acte extraordinaire et significatif.

Si nous avons porté préjudice à autrui dans le passé, nous devons obtenir son pardon. La Thora précise même qu’il faut être humble et contrit lorsque l’on va demander son absolution. Ceci est crucial pour permettre à la «victime» de guérir. Quelqu'un vous a t-il jamais présenté ses excuses alors que vous sentiez qu’il n'était pas sincère ? On comprend alors que le fait de simplement ânonner les mots « Je suis désolé » ne suffit pas.

Aujourd’hui, même les tribunaux séculiers aux Etats-Unis suivent ce principe : certains juges exigent que les criminels fassent preuve de sincères regrets et présentent des excuses officielles à leurs victimes devant le tribunal pour que soit envisagé un allègement de leur peine.

Etape 4 : Résolution de ne pas réitérer ces mauvaises actions

Le jour de Yom Kippour sont récitées deux prières, « Achamnou » et « Al ‘het » qui contiennent une liste détaillée et exhaustive de fautes. Quand on la lit avec attention, cette liste fait mention de tous les errements possibles dans tous les aspects de la vie !Cela soulève la question suivante : en récitant ces prières, sommes-nous en train de prendre l’engagement de ne jamais pécher à l’avenir ? Et si oui, est-ce réaliste ?

Imaginez un jeune enfant qui fait ses premiers pas devant ses parents, fiers de lui. Il se lève, fait quelques pas ? et tombe la tête la première. Or voilà que les parents l’applaudissent avec enthousiasme ! Pourtant ne devraient-ils pas être déçus ou bouleversés ? Après tout, leur enfant est tombé !

La réponse est évidente. Un parent ne juge pas son enfant selon qu’il marche ou qu’il tombe, mais encourage le fait qu’il fasse quelques pas dans la bonne direction.

Ainsi en est-il pour nous aux yeux du Tout-Puissant. Nous ne sommes en concurrence avec personne d’autre que nous-mêmes. Dieu ne se soucie que de nos efforts sincères pour aller dans la bonne direction. Il n’attend pas de nous que l’on s’aventure dans des zones qui nous sont inaccessibles. On exige de nous d'être de dignes êtres humains, pas des anges. Cela signifie prendre l’engagement sérieux de changer ? et de prendre les bonnes résolutions au bon moment.

On n’exige pas d’un individu qu’il ait immédiatement les bons réflexes. On attend simplement de lui qu’il s’engage à changer.Soyez conscient des situations susceptibles de vous faire trébucher, et gardez une distance de sécurité avec elles. La Torah nous dit : « Renforce ta détermination dans un domaine donné, et Dieu assurera ta réussite. Rien ne peut résister à la persévérance et à la détermination. » Comme il est écrit dans le Talmud (Makkot 10b) dit: « C’est dans la voie qu’elle choisit de suivre qu’une personne sera conduite. »

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