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Israël mobilisé

02/12/2012 | par le rabbin Ari Kahn

Héroïsme, leadership et fraternité pendant la «guerre-éclair» d’Israël.

A l’issue de la « guerre-éclair » qui a secoué Israël, je voudrais revenir sur quelques éléments marquants de ces huit jours très particuliers.

Il ne s’agit pas d’un reportage des événements survenus au cours de la guerre, mais d’une réflexion sur certaines expériences uniques que nous avons eu le privilège de vivre.

Héroïsme

Les soldats - jeunes et âgés, mariés et célibataires, employés ou au chômage – ont reçu le même message téléphonique automatique agaçant. Notre propre téléphone a retenti le vendredi à 4 heures du matin pour transmettre un message à moitié cohérent ; notre second fils Hillel, qui a achevé son service obligatoire dans l’armée il y a quatorze mois, était appelé. Ce n’était pas une surprise : Hillel est membre de la Handassa kravit - l’ingénierie combattante. Cette unité vérifie la présence de mines, construit des ponts, et est généralement la première à dégager la voie et la rendre sûre pour tous ceux qui suivent : à pied ou en tank. Pour nous, le message était clair : nous étions pour ainsi dire en guerre et ils se préparaient au cas où la décision serait prise d’entrer à Gaza.

Après un flot incessant d’appels automatisés pendant deux heures, à raison de quinze minutes d’intervalle, le calme est revenu - pour reprendre à nouveau une demi-heure plus tard, cette fois-ci pour notre fils aîné, Matityahou. Il appartient à l’unité des parachutistes, et bien qu’il se soit marié il y a onze mois, l’armée possédait encore notre numéro de téléphone. Nous l’avons appelé – nous l’avons réveillé ainsi que sa femme, pour leur faire part de ce « rendez-vous » avec l’armée… et son caractère d’urgence.

La tâche de protéger le peuple juif n’est pas abstraite, elle est personnelle - la tâche la plus éminente au monde.

Quelque 30 000 soldats ont reçu ces appels ce matin-là, et les jours suivants, ce nombre a doublé. Le taux de participation fut hors statistique, à savoir plus de 100%. Comment est-ce possible ? Même ceux qui n’ont pas été appelés ont pris la route vers le sud pour « s’engager comme volontaire. » Voilà l’attitude de ces soldats réservistes : le bien-être et la sécurité de l’État d’Israël a la priorité sur leur confort personnel. Pour eux, la tâche de protéger le peuple juif n’est pas abstraite, elle est personnelle - la mission la plus éminente au monde. Ces hommes et ces femmes qui ont mis leur vie entre parenthèses, ont embrassé leurs conjoints, ont dit au revoir à leurs enfants et parents, et ont mis leur vie en danger pour un bien suprême, sont tous des héros. De nos jours, le terme « héros » est employé avec bien trop de désinvolture, mais tel est son vrai sens.

Leadership

Le matin où mes fils ont pris la route pour rejoindre leurs unités respectives, j’ai envoyé un e-mail, prévenant les amis et la famille que quiconque ne se trouve pas au front peut tout de même contribuer à l’effort de guerre en multipliant les prières pour les soldats et les civils du sud d’Israël. Un ami proche m’a appelé immédiatement. C’était le soir sur la côte ouest des États-Unis ; il était préoccupé, il voulait savoir ce qui se passait, et m’a demandé : « Comment puis-je aider ? »

Cette conversation téléphonique a été suivie d’un e-mail : « De quoi les soldats ont-ils besoin ? Peut-on leur procurer des vivres ? » Bien que la liaison par téléphone fût sporadique, je suis parvenu à joindre mes deux fils : « Avez-vous besoin de quelque chose ? » Comme à leur habitude, ils ont répondu tous deux par la négative - ils avaient tout ce qui leur était nécessaire. J’ai dit : « Abordez s'il vous plaît vos commandants et faites-nous savoir si vous avez besoin de quelque chose. »

À leur grande surprise, les officiers ont mis immédiatement le doigt sur certains besoins très spécifiques. Tout d’abord, nous avons été contactés par l’officier des parachutistes : « Nous avons besoin de sous-vêtements en thermolactyl et - nous savons que cela sera impossible - il nous faudrait un container maritime pour entreposer nos provisions. » A ce stade, ma femme a commencé à s’impliquer à ce stade. Elle a commencé à « faire des courses », prenant des informations auprès des magasins, des importateurs et des fabricants. Il semblait qu’il y avait une ruée sur les objets en Thermolactyl - il y avait apparemment une guerre dans le Sud et tout un groupe de soldats avait besoin de certains objets.

Nous avons trouvé un entrepôt qui disposait d’une série de cent habits en Thermolactyl, et leur avons demandé de nous les mettre de côté. Mais afin de compléter l’achat, un problème persistait : pour que le donateur puisse transmettre les fonds en Israël, il nous fallait trouver un organisme qui puisse délivrer un reçu et puis procéder ensuite à l’achat avec des fonds israéliens.

Ma première pensée s’est dirigé vers mon cher ami, Rav Avi Berman, directeur du O.U., l’Orthodox Union en Israël. Je l’ai appelé, mais non seulement était-il indisponible, mais il se trouvait en transit depuis l’étranger, à bord d’un avion de retour pour Israël. Si nous ne pouvions présenter l’argent très rapidement, les tenues en Thermolactyl seraient indisponibles.

J’ai convaincu d’une manière ou d’une autre le sous-directeur de l’O.U., David Katz, que c’était une bonne idée de dépenser des milliers de shekels qu’il n’avait pas. Je pouvais tout de même garantir leur arrivée, et lui ai assuré que son patron ne serait non seulement pas furieux contre lui, mais le remercierait. David avait encore quelques réserves (bien fondées), alors je lui ai lancé : « David, au pire, ils te licencient. Je t’aiderai à trouver un nouvel emploi. »

Ce que je n’ai pas dit, il l’a tout de même entendu : nous sommes en temps de guerre, et nous avons une occasion de tenir nos soldats au chaud. Nous avons une obligation morale de prendre soin de ceux qui prennent soin de nous, et le fait d’avoir plus chaud peut les aider à trouver un peu de sommeil, à se concentrer sur leur mission complexe, et d’une certaine manière, peut les aider à sauver leur vie. David a procédé à l’achat.

Naomi, ma femme, s’est rendue en voiture jusqu’à l’entrepôt situé à Bet Chémech pour prendre les cartons, sans connaître exactement le déroulement de la phase suivante. Comment acheminer ce matériel depuis Jérusalem vers le sud en direction de l’unité des parachutistes ? La phase suivante s’est résolue rapidement d’elle-même : un officier responsable de la logistique à Jérusalem prenait la direction du sud en direction de la base dans l’après-midi même. Le transfert a été effectué, et six heures après que le commandant eut formulé sa requête, cette dernière était exaucée.

Cet épisode m’a rappelé les nombreuses conversations que mon ami, le donateur des fonds, avait eues par le passé sur les qualités de chef : ce que cela recouvre, comment les transmettre. En ce jour précis, il ne cherchait pas à diriger, mais uniquement à agir en tant qu’individu. Il n’a même pas réalisé à ce moment-là combien d’hommes allaient suivre son exemple. C’était des vraies qualités de chef : il avait pris des décisions claires et décisives et d’autres avaient suivi. Parfois, c’est aussi simple que cela.

Par l’acquisition des tenues en Thermolactyl, nous avons dépensé la plupart de l’argent qui avait été offert, et puis le téléphone a sonné. L’officier de notre autre fils membre de l’ingénierie combattante nous appelait. Il demandait, avec hésitation, presque sceptiquement, s’il était vrai que nous avions proposé notre aide. Nous avons répondu : « Absolument ! » Il nous a informé de ce qu’il avait besoin, sa « liste de souhaits. » Il nous a expliqué que personne n’avait jamais proposé une telle offre à son unité et il était en état de choc.

Je devrais ici ajouter un mot ou deux sur l’ingénierie combattante. Ses membres sont davantage des « manuels », un type d’unités « sans chichis », sans l’aura associée à d’autres unités de l’Armée israélienne, comme les parachutistes, l’armée de l’air et d’autres. Ce sont des types solides, sans attente. Ils font leur boulot, qui est parmi les plus dangereux, et laissent aux autres unités acquérir la gloire.

Notre fils Hillel est peut-être un exemple typique : lorsque son doigt s’est cassé lors de son service militaire dans le Nord, il a convaincu les médecins de le décharger pour obtenir un « seconde opinion », puis il a été placé dans un autobus en direction de Jérusalem pour un trajet de quatre heures alors qu’il saignait abondamment. Il ne lui est jamais venu à l’idée, ni à ses camarades qui l’avaient accompagné à l’hôpital, qu’une ambulance pourrait être une meilleure solution. Après avoir subi une opération pour fusionner et reconstituer sept ou huit morceaux de ce qui restait des os de son doigt, il en a eu assez de tourner en rond à la maison, alors il a rejoint son unité pour finir son service. Pas de problème ; rien de spécial. Des gars solides, sans chichis.

Ils avaient besoin de lampes de poche et d’autres objets de base. Nous leur avons assuré : « Pas de problème », tout en sachant que nous n’avions pas suffisamment d’argent. J’ai envoyé un e-mail décrivant la situation et l’ai posté sur Facebook : nous pouvons aider ces soldats, si vous pouvez simplement m’avertir que l’argent est en chemin, nous allons effectuer les achats…

Fraternité

Le public a répondu. Des gens bien. De bons Juifs. Ils savaient que ces garçons étaient réellement leur propre chair et sang, leurs propres frères, leurs propres enfants. Ils savaient qu’ils protégeaient leur propre Peuple et leur propre Terre. Mon ami - celui dont les qualités de chef avaient enclenché tout ce processus - avait immédiatement envoyé son don. Et puis l’argent a commencé à affluer. Pas seulement de personnes riches : lorsqu’un(e) étudiant(e) qui vit avec un budget limité envoie 36 dollars, il/ elle sait qu’il devra sauter un ou deux repas de midi cette semaine - mais quel choix a-t-il ? C’est son peuple, sa famille, et c’est ainsi que l’on agit pour la famille.

Lorsqu’un jeune couple envoie 100 ou 250 dollars, ils devront expliquer à leurs enfants qu’ils ont réellement acheté le cadeau de Hanouka le plus précieux cette année - même s’il se trouve bien au sud d’Israël, juste à côté de Gaza.

En quelques heures, 26 000 dollars ont été collectés !

Certains amis remarquables se sont distingués et des dons importants ont été offerts ; à nouveau, un afflux étonnant de leadership, de responsabilité et d’amour. 

En quelques heures, 26 000 dollars ont été collectés ! Je n’ai pas pu m’empêcher de voir le sens plus profond de cette somme : le nombre 26 est la valeur numérique du nom de D.ieu qui indique le ‘hessed, la bonté, et je priais pour que le mérite du ‘hessed de chaque donateur aiderait à protéger nos garçons et notre peuple.

Après avoir comparé les prix pour obtenir les meilleurs tarifs, nous avons fait nos achats et à nouveau, les objets ont été délivrés directement à l’unité au sud. Notre fils Hillel a téléphoné ce soir-là en disant : « Vous n’avez jamais vu une telle réaction. » Tous ces gars solides venaient de recevoir leurs « colis de bonté » et l’officier leur a précisé que des Juifs du monde entier se souciaient d’eux et de leur bien-être. Certains d’entre eux furent secoués. Oui, je sais, des gars durs ne pleurent pas.

L’ennemi honni, le fait d’avoir dormi dehors sur le sol, d’avoir porté les mêmes vêtements toute la semaine, sans abri pour se protéger de la grêle de roquettes qui tombait dans cette région, n’a pas fait pleurer ces gars, mais l’amour d’autres Juifs - de bons Juifs, leurs frères et sœurs, a réussi à les faire fondre.

Il y a un commandement positif de soutenir ceux qui combattent pendant la guerre, de leur insuffler du courage ; tous ceux qui participèrent à ce projet accomplirent des actes de ‘hessed - qui transcendent toute valeur monétaire, ils ont montré leur préoccupation, leur compréhension et leur amour. Cela fut ressenti bien loin par ceux qui se sont rendus au combat, qui nous aiment tout autant.

Aujourd’hui, alors que le cessez-le-feu prend effet, nous avons finalement pu acquérir le container maritime dans lequel l’unité des parachutistes pourra entreposer tout son matériel - jusqu’à la prochaine occasion où il sera nécessaire. Souhaitons qu’il ne serve qu’à l’entraînement. Nous espérons voir venir le jour où il n’y aura plus de guerre ni d’effusion de sang, mais jusqu’à ce jour, nous serons prêts à soutenir nos soldats avec amour.

Je voudrais remercier tous les héros, tous les dirigeants, et tous ceux qui se sont impliqués. Nous formons vraiment une seule et même famille.

Am Israël ‘Haï !

P.-S. Nous avons averti les unités de nos deux fils de nous contacter s’ils avaient besoin d’autre chose. Notre soutien ne se limite pas aux périodes de crise, et nous n’oublierons pas leur immense héroïsme et leur volonté de se sacrifier, même si le cessez-le-feu se maintient. Vous pouvez m’envoyer un e-mail à l’adresse suivante : [email protected].

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