Société

Un hommage à Margaret Thatcher

10/04/2013 | par Sara Debbie Gutfreund

Sa plus grande fierté fut d'avoir sauvé une Juive autrichienne.

Dès l’annonce du décès de Margaret Thatcher, les hommages se mirent à affluer des quatre coins du globe. Mme Thatcher fut la première femme à occuper le poste de premier ministre britannique, à partir de 1979, et ce, pendant onze ans. Surnommée « la Dame de fer », elle fut une conservatrice notoire qui modifia les positions de la Grande-Bretagne dans le domaine économique et politique. 

En dépit de ses nombreuses et brillantes réalisations, y compris sa lutte contre le régime soviétique communiste, Thatcher a affirmé que sa plus grande fierté fut d’avoir sauvé une jeune fille juive autrichienne pendant la Shoah.

En 1938, Édith Muhlbauer, une jeune fille de dix-sept ans, adressa une lettre à sa correspondante, Muriel Roberts, la grande sœur de Margaret Thatcher, lui demandant si la famille Roberts pouvait l’aider à s’échapper d’Autriche. Les Nazis avaient commencé à rassembler les Juifs de Vienne et Édith savait que tôt ou tard, elle serait contrainte de les rejoindre.

Alfred Roberts, le père de Muriel et Margaret, était épicier dans une petite ville. Ils vivaient dans un appartement froid et humide situé au-dessus de l’épicerie, avec des toilettes extérieures ; les Roberts n’avaient ni le temps ni l’argent pour faire venir Édith chez eux. C’est alors que Margaret - âgée de douze ans à l’époque - et Muriel, dix-sept ans, décidèrent de collecter des fonds et s’adressèrent au club Rotary local pour obtenir de l’aide. Elles parvinrent à faire venir Édith en Angleterre où elle demeura chez plusieurs familles membres du Rotary, y compris chez les Roberts avec qui elle séjourna pendant deux ans avant de rejoindre des parents en Amérique du Sud. 

Édith partageait la chambre de Margaret et cette dernière écrivit plus tard dans ses mémoires : « Elle était grande, belle, manifestement issue d’une famille aisée. Mais surtout, elle nous relata la vie des Juifs victimes d’un régime antisémite. Une anecdote que rapporta Édith me marqua particulièrement. Elle nous raconta que les Juifs étaient contraints de laver les rues. »

En 1995, après qu’Édith se soit installée au Brésil, elle adressa ce message en public : « N’hésitez jamais à faire ce que vous pouvez pour les autres, car vous pouvez en arriver à sauver une vie. »

Édith est à présent une grand-mère juive vivant à São Paulo : elle affirme devoir sa vie et la vie de ses enfants et petits-enfants à la famille de Margaret Thatcher. Lorsque Mme Thatcher visita Yad Vachem en 1986, lors d’une première visite historique en Israël d’un premier ministre britannique, elle fut nettement ébranlée devant la photographie d’un soldat allemand tuant d’un coup de feu une mère juive et son enfant. Elle s’exclama : « C’est vraiment effroyable. Tout le monde devrait venir ici pour voir cette photo afin de ne jamais oublier. Je ne suis pas vraiment sûre que la nouvelle génération connaisse vraiment les tenants et les aboutissants de notre lutte. » 

Thatcher continua à être une amie fidèle des Juifs lorsqu’elle lutta contre le soutien britannique au boycott arabe d’Israël, prit la défense des refuzniks juifs en Union Soviétique et choisit plusieurs personnalités juives pour faire partie de son cabinet. Thatcher admirait le travail acharné de la communauté juive britannique et son indépendance. De plus, elle se tournait fréquemment vers le défunt grand rabbin d’Angleterre, Emmanuel Jakobovits, pour un soutien spirituel. Elle fit même entrer le rabbin Jakobovits à la Chambre des Lords et il devint plus tard connu sous le titre de « rabbin de Thatcher. » 

Thatcher fit aussi la déclaration suivante à propos de la sécurité d’Israël : « On ne peut jamais attendre d’Israël qu’il compromette sa sécurité ; s’il avait la bêtise de le faire, il en paierait les conséquences, et les dommages aussi bien pour les médiateurs que pour les Palestiniens seraient immenses - "la terre en échange de la paix" doit aussi apporter la paix. »  

Thatcher prenait la parole avec un tel courage et une telle détermination, car, comme elle le décrivait elle-même : « Je ne suis pas du genre à faire demi-tour. » Lorsqu’elle croyait à un certain idéal, que ce soit transformer l’économie britannique ou sauver une Juive tourmentée en Autriche, elle n’avait pas peur de poursuivre son idéal jusqu’au bout, même si elle devait tenir tête à l’opinion populaire pour y parvenir.

Quatre célèbres citations

L’intégrité de Thatcher qui l’inspira à sauver Édith alors qu’elle n’avait que douze ans se reflète dans quatre de ses plus célèbres citations qui peuvent nous enseigner de précieuses leçons pour l’existence :

Que vos actes soient plus marquants que vos paroles : « Être puissant, c’est être comme une femme. Si vous avez besoin de le dire, c’est que vous ne l’êtes pas. »

Tenez fermement à vos croyances : « Si vous entreprenez quelque chose pour être apprécié, vous serez alors prêt à faire des compromis sur tout et à tout moment, et vous n’arriverez à rien. »

Ne renoncez pas : « Vous pouvez avoir à livrer la même bataille plus d’une fois pour la gagner. »

Nous pouvons tous être des dirigeants : « Les gens pensent qu’il n’y a pas beaucoup de place en haut de l’échelle. Ils ont tendance à considérer cet endroit comme l’Everest. Mon message consiste à soutenir qu’il y a beaucoup de place en haut de l’échelle. »

De nombreuses raisons auraient pu pousser la jeune Margaret de douze ans et sa sœur à baisser les bras en signe de désespoir, plaçant la lettre d’Édith dans un tiroir de leur minuscule appartement glacé. Elles n’avaient ni argent, ni pouvoir et aucune idée de la manière dont elles pouvaient sauver cette jeune fille terrifiée qu’elles n’avaient jamais rencontrée. Mais elles estimaient qu’elles pouvaient et devaient tout faire pour l’aider. Elles savaient, même à l’époque, qu’elles pouvaient entreprendre de grandes choses, même si elles n’avaient que douze ans et vivaient au-dessus de l’épicerie d’une petite ville, dans un appartement dépourvu d’eau chaude.   

Nous rendons hommage à Margaret Thatcher pour son amitié et son action en faveur du peuple juif. Pour ses paroles sages et son courage qui nous inspire. Et pour nous avoir enseigné que par-dessus tout, l’acte le plus remarquable d’une vie n’est parfois pas celui qui vous fait gagner un trophée ou de l’argent, ou même un poste de pouvoir. Ce sont parfois les actions discrètes et pleines de détermination, dont on n’entend parler que des années plus tard. 

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