Spiritualité

Le sens de la prière

23/10/2014 | par Yaacov Spitezki

Comment comprendre la prière, cet arbre de vie du peuple juif qui a, de tout temps, constitué son plus grand atout ? Un nouveau regard sur la prière.

Le mot תפילה (Tefila) est généralement traduit par « prière ». Ce n'est pas une traduction exacte, car prier veut dire demander. Or, nos prières quotidiennes ne sont pas simplement des requêtes adressées à D.ieu.

Nous nous adressons souvent à D.ieu comme notre Père Miséricordieux.

Maimonide écrit que l’un des buts principaux de la Tefila est de prendre conscience que dans notre vie rien n’est le fruit du hasard et que tout arrive pour notre propre bien. (Guide des Égarés III, ch. 36.)

Notre confiance en D.ieu nous donne force, courage et espoir, et nos prières quotidiennes fortifient notre foi en Lui. « En l'Éternel nous mettons notre confiance » a été notre devise dès le jour où nous devînmes un peuple.

La prière est un commandement biblique : « Vous le servez de tout votre cœur et de toute votre âme ». Quel est le service fait avec son cœur, demande le Talmud ? Réponse : C’est la prière. Le Talmud donne différentes raisons pour expliquer le nombre des trois prières quotidiennes de base. Chacun des patriarches bibliques a institué une prière : Abraham celle du matin, Isaac celle de l'après-midi et Jacob celles du soir. Cette idée est soutenue par les citations bibliques, indiquant que chacun des patriarches a prié au moment de la prière lié à eux.

Une deuxième opinion suggère que les prières étaient instituées en parallèle avec les sacrifices apportés au Temple de Jérusalem : l'offrande ou « Tamid », du matin pour les prières du matin, le « Tamid » de l'après-midi pour les prières de l'après-midi, et l'incinération des restes durant la nuit pour les prières du soir.

Il y a différentes références bibliques qui suggèrent également que le roi David et le prophète Daniel ont prié trois fois par jour. Dans le Psaumes, David dit : « Le soir, le matin, et à midi, je soupire et je gémis, Et il entendra ma voix » (55:18). Dans le livre de Daniel il est écrit : « Les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois le jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu » (6:10).

L’introspection

L'échelle que vit Jacob dans son rêve, et le long de laquelle des anges de D.ieu « montaient et descendaient », est également le symbole de la prière. (Genèse XXVIII, 12)

Le mot tefila (תפילה) dérive du verbe palel (פלל), « juger » (Psaumes 106,30). Nous employons la forme réfléchie lehitpalel (« prier ») qui signifie aussi « se juger soi-même », faire son examen de conscience.

À un niveau supérieur, la prière devient avoda, « service ». La Tora nous demande de « servir D.ieu de tout notre cœur » c’est-à-dire de purifier notre cœur et notre caractère.

Dans son sens immédiat, avoda se traduit par « travail ». Nous travaillons une matière première que nous transformons en un produit fini. Durant le processus nous éliminons les impuretés, ou la grossièreté, de la matière première, qu'il s'agisse d'une peau de cuir ou d'un diamant brut.

Le peuple juif a été comparé dans la Tora à la terre, et appelé « le pays du désir » divin. (Malachie III, 12) Le Baal Chem Tov, fondateur du 'Hassidisme, expliquait ce verset de la façon suivante : la terre est pleine de trésors, mais ceux-ci y sont souvent enfouis à une grande profondeur. Il est nécessaire de creuser beaucoup avant de les trouver. Ainsi en est-il de chacun d’entre nous. Nous avons de nombreuses qualités qu’il nous faut dévoiler. Nous qualifions une personne ayant bon caractère de personne « raffinée ». Un grand effort est nécessaire pour vaincre des défauts tels que l'orgueil, la colère ou la jalousie. Nous prenons conscience que nous sommes en présence de l’Éternel. Nous prenons le temps d’évaluer ce qui est réellement important. Nous nous sentons purifiés par un tel « service » ; et quand nous retournons à notre routine quotidienne, le sentiment de pureté et de sainteté persiste et élève notre comportement quotidien à un niveau qui convient à un membre du peuple appelé « un royaume de prêtres et une nation sainte » (Exode XIV, 6)

Rester branché

Le degré le plus élevé de « l'échelle » de la prière est atteint quand l'inspiration est telle qu'un seul désir nous habite : éprouver l'attachement qui nous relie à D.ieu. À ce niveau, la Tefila s'apparente au verbe (utilisé dans l'hébreu michnaïque) « tofel », c’est-à-dire « attacher », « joindre », « relier » ; comme des fragments d'un vase brisé sont recollés ensemble afin d'en faire à nouveau un tout. (Tossefta Pessa'him 5:9.)

Notre âme est « véritablement un reflet de la Divinité » ; aussi aspire-t-elle à être réunie à Dieu, à être « réabsorbée « en Lui, comme une petite flamme est absorbée par une flamme plus grande. Nous pourrions n'être pas conscients de cette aspiration, elle n'en est pas moins présente. La flamme d'une bougie ne connaît pas le repos, elle tend à monter toujours, comme si elle voulait se détacher de la mèche et du corps de la bougie. Telle est sa nature, que nous en soyons conscients ou non. C'est aussi une des raisons pour lesquelles certains se balancent d'avant en arrière pendant qu'ils prient.

Chacune des Mitsvot que D.ieu nous a prescrites nous relient à Lui. Le mot Mitsva dérive de l'araméen tsavta « être ensemble », « en compagnie ». En français également nous avons le mot « enjoindre » qui signifie « commander », car le commandement est le lien qui rattache celui qui commande à celui qui est commandé, sans que la distance qui les sépare, matériellement ou par rapport au rang, ait la moindre importance. Quand un roi donne un ordre au plus humble de ses serviteurs, un lien s'établit immédiatement entre maître et serviteur. Celui-ci se sent grandement honoré de ce que son monarque l'ait remarqué et lui ait donné l'occasion d'accomplir ce qui lui a été demandé. Honoré aussi de ce que lui, un personnage insignifiant, ait la possibilité d'accomplir une demande pour plaire à son Roi.

S'il en est ainsi dans le cas de chaque Mitsva, cela l'est encore bien plus s'il s'agit de la prière. Car rien ne rapproche davantage l'homme du Créateur que la prière.

La Tefila, nous l'avons dit, est semblable à une « échelle » avec de nombreux degrés. Pour arriver au sommet, nous devons commencer par le degré le plus bas, et nous élever sans nous arrêter. Afin que nous soyons en mesure de le faire, nos prières ont été composées par les Prophètes et les Sages d’antan qui les ont recueillis dans le Sidour, le livre de prière.

En priant avec ferveur s’accomplissent les paroles du Psalmiste : Quant à moi, je T'adresse ma prière, ô Éternel, puisse cela être en un moment favorable. Ô D.ieu, par Ta grande bonté. (Psaumes 69,14)

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