Le Couple

Je n’aimais pas ma femme quand nous nous sommes mariés

13/08/2017 | par Elad Nehoraï

La vérité sans fards sur l’amour…

Je suis un gars terriblement romantique et ridiculement sentimental. Je suppose que c’est ce qui m’a poussé à déclarer à ma future femme que je l’aimais lors de notre deuxième rencontre.

Pour tout vous dire, j’avais vraiment fait tout mon possible pour me retenir de le lui avouer. Si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais déclaré ma flamme dès notre première rencontre, mais quelque chose me disait que ça clocherait peut-être un petit peu.

Je me rappelle encore de sa réaction. Elle m’a accordé cette espèce de sourire mi-timide, mi-amusé. Puis elle a hoché la tête et s’est perdue dans la contemplation du ciel.

Pour autant, sa réaction ne m’a guère brisé le cœur. Je pense qu’au fond de moi, je reconnaissais qu’elle était bien plus intelligente et plus pudique que je ne l’étais.

Mais avec le passage du temps, je me suis également rendu compte qu’elle savait quelque chose que j’ignorais encore.

Voyez-vous, comme la plupart des Juifs hassidiques, (nous sommes tous deux devenus pratiquants à l’âge adulte), notre période de rencontres a duré très peu de temps. Après environ deux mois de rencontres, nous étions fiancés. Trois mois plus tard, nous étions mariés.

J’étais fou amoureux. Et puis nous nous sommes mariés, et tout a changé.

Et pendant toute cette période précédant notre mariage, j’étais raide dingue. Ce feu brûlait en moi, un feu qui brûlait tout comme lors de cette fameuse deuxième rencontre : vous l’avez compris, j’étais fou amoureux.

Et puis nous nous sommes mariés, et tout a changé.

Le mariage, bien plus vite que je ne m’y étais préparé, a commencé à émousser ce sentiment grisant.

J’ai essayé de mon mieux d’alimenter ce feu, d’entretenir ce sentiment, mais cela devenait de plus en plus difficile.

Et pour cause, comment espérez-vous ressentir cet amour dévorant quand vous êtes assis à table en train de discuter du plus sage moyen de dépenser les 20 malheureux euros qui vous restent dans votre compte en banque ?

Comment espérez-vous le ressentir quand vous vous disputez ?

Comment espérez-vous le ressentir quand vous-même pensez qu’il est tout à fait sensé de jeter vos chaussettes par terre après usage, tandis que Madame, emportée par un vent de folie, exige que vous les mettiez dans le panier à linge ?

Je ne voyais aucun moyen d’entretenir la passion de nos rencontres alors que nos vies se laissaient envahir par un tourbillon de détails pratiques.

Au début, cette constatation m’a rendu dingue. Ce sentiment qui me glissait entre les doigts s’appelait de l’amour ! Cet enthousiasme qui m’échappait inexorablement était la preuve de mon attachement à elle. Mais voilà que subitement, notre vie à deux se résumait à cet ennuyeux train-train quotidien. Même quand je me trouvais à ses côtés. Surtout quand je me trouvais à ses côtés.

Pire encore, il semblait que plus je m’efforçais de jouer le grand sentimental, de lui faire tout plein de mamours, moins elle me rendait la pareille.

Attention, ne pensez pas pour autant qu’elle ne me manifestait aucune marque d’amour ni de tendresse, c’est simplement qu’elle le faisait à des moments où je m’y attendais le moins.

Comme quand je lui proposais de faire la vaisselle. Ou de préparer le dîner quand elle avait eu une journée difficile. Ou, après la naissance de notre fille, quand je lui donnais un coup de main pour m’occuper d’elle.

La révélation

Pendant un bon bout de temps, je ne pense pas avoir été pleinement conscient de ce curieux phénomène.

Cela dit, je pense qu’il a eu un certain effet sur moi. La preuve, au fur et à mesure que notre relation de couple progressait, je me suis surpris à lui proposer de plus en plus souvent mon aide dans les tâches domestiques.

Et après chacun de ces coups de main, j’avais droit à l’un de ses fameux regards. Ce regard d’amour absolu. Un regard à la fois doux et tellement bouleversant.

Il m’a fallu beaucoup plus de temps que je n’ose l’admettre pour comprendre ce qui se passait.

Mais j’ai fini par élucider ce grand mystère. À travers le don, à travers tous ces coups de main et ces services que je lui rendais, le sentiment que je recherchais si désespérément est apparu. J’ai compris que ce n’étais pas quelque chose que je pouvais commander, plutôt quelque chose qui découlerait naturellement de mon don, de mon engagement concret en faveur de son bien-être.

En d’autres mots, c’est au cœur même des ce tourbillon de détails pratiques que j’ai découvert l’amour auquel j’aspirais.

Plus intéressant encore, dès que j’ai pris pleinement conscience de ce phénomène et me suis mis en quête de nouvelles occasions  de donner, plus nous sommes tous deux devenus, presqu’intuitivement, plus câlins.

Et maintenant, ayant pris un peu d’âge et acquis un peu plus d’expérience dans la vie à deux, j’ai enfin pris conscience de quelque chose. Quelque chose que je n’avais pas voulu admettre pendant très longtemps, mais qui est indéniable.

Je n’aimais pas ma femme lors de cette deuxième rencontre.

Je ne l’aimais pas non plus quand nous nous sommes fiancés.

Je ne l’aimais même pas quand nous nous sommes mariés.

L’amour n’est pas un sentiment ni même un nom. C’est un verbe. Plus justement défini comme l’art de donner.

Et vous savez pourquoi ? Eh bien parce que l’amour n’est pas un sentiment. Cette flamme que je ressentais, ce n’était rien d’autre que cela : une passion enflammée. Une passion née de l’enthousiasme de rencontrer une femme qui me correspondait et que je pensais pouvoir épouser. Mais ce n’était pas de l’amour.

Non, l’amour n’est pas un sentiment ni même un nom. C’est un verbe. Plus justement défini comme l’art de donner. Ou l’art de faire passer les besoins d’autrui avant les vôtres.

Pourquoi ma femme ne me rendait pas la pareille quand je lui faisais des mamours au début de notre mariage ? Parce que je ne le faisais pas pour elle. Je le faisais pour moi. Pour traduire la passion enflammée qui grondait dans mon cœur.

Mais cette passion, aussi romantique était-elle, ne s’appelait pas de l’amour.

Parce qu’il ne faut surtout pas confondre amour et mamours. Dire à quelqu’un que vous l’aimez ne signifie pas forcément que c’est le cas.

Et c’est la raison pour laquelle quand je lui ai confié que je l’aimais lors de notre deuxième rencontre, ma femme s’est contentée de me gratifier d’un demi-sourire. Elle savait, même si moi je l’ignorais, ce qu’est vraiment l’amour.

Et depuis que j’ai essayé de changer mon approche sur l’amour, je suis d’autant plus sidéré par la définition de l’amour que l’on m’avait transmise quand j’étais plus jeune.

Depuis les films de Walt Disney jusqu’aux comédies romantiques en passant par tous les tubes pop qui sortent, l’amour est constamment vendu comme un sentiment que nous possédons avant de nous marier. Un sentiment qui, une fois que vous l’éprouvez, demeure comme par magie dans le couple pour toujours.

Je n’arrive pas à imaginer de plus gros mensonge. Et je suis attristé de penser à quel point ces messages erronés ont rebondi dans mon esprit pendant si longtemps. Et à quel point, j’en suis persuadé, ces messages rebondissent également dans l’esprit de tant de personnes.

Je pense que c’est l’une des raisons principales pour lesquelles le taux de divorce est tellement élevé dans notre pays. Imaginez un pays entièrement peuplé de gens qui sont constamment à la poursuite des sentiments qu’ils éprouvaient avant de se marier. Un pays entièrement peuplé d’individus qui essaient de vivre dans un film de Walt Disney.

C’est la recette infaillible des mariages désastreux ; d’un taux de divorce avoisinant les 50 % ; de l’infidélité (la tentative classique pour rallumer la flamme) ; de tant de couples qui choisissent de rester ensemble pour se contenter de vivre des mariages fonctionnels et dénués d’amour.

Il est triste de voir combien ces tristes scénarios sont courants. Combien de gens souffrent pour la simple raison qu’on leur a mentis.

Tous ces gens méritent bien mieux. Nous méritons tous mieux.

Il est temps que nous changions de discours sur l’amour. Il est temps que nous le redéfinissions.

Parce que tant que nous resterons dans l’illusion, l’infidélité continuera à être courante. Tout comme les mariages dénués d’amour. Tout comme le divorce.

Arrêtons de vivre des films de Walt Disney dans nos esprits et des tragédies dans nos vies.

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